Attaquons-nous à une série à laquelle je ne pensais pas accrocher, Crazy Ex-Girlfriend. Série qui finalement s’est révélée aussi drôle qu’addictive sous bien des angles mais qui également pointe du doigt certains travers de notre société avec une lucidité rarement atteinte. C’est parti !

 

Rebecca Bunch, égérie un peu tarée du monde moderne

 

Rebecca a trente ans. Elle a un job de rêve en tant qu’avocate dans l’un des cabinets les plus importants de New York. Elle a a fait Harvard. Rebecca est censée avoir la vie parfaite. Rebecca n’a cependant pas dormi depuis plusieurs jours et est profondément dépressive. En suivant les conseils de vie d’une publicité pour du beurre, elle décide alors de tout plaquer. Son objectif : retrouver son amour de colonie de vacances, quand elle avait 16 ans donc. Elle débarque dès lors à West Covina (Californiaaaaaa), charmante bourgade sans prétention.

 

En burn-out sans se l’avouer, Rebecca a pourtant tout accompli. Son carriérisme ne lui a cependant pas apporté le bonheur et l’accomplissement que la société lui a promis. En un sens, elle fait partie de cette génération qui, en quelque sorte, se détache de celle plus âgée pour laquelle la réussite sociale rimait forcément avec vie bien rangée, belle profession et money, money, money. Oui, mais non, car elle décide de retrouver un peu de santé mentale. Elle ne le fait peut-être pas de la façon la plus saine qui soit, mais elle est symptomatique d’une génération qui cherche un nouveau modèle d’épanouissement qui diffère de la génération précédente.

 

En parlant de générations plus anciennes, la mère de Rebecca est également un personnage marquant de Crazy Ex-Girlfriend. Elle est en effet le prototype du parent-hélicoptère. Le parent-hélicoptère est une figure sociologique typique de notre époque. Il s’agit d’un géniteur qui guide constamment leurs enfants vers la meilleure existence possible. Du moins d’après leurs critères. La mère de Rebecca, dès l’enfance de cette dernière, l’a mise en concurrence, tente constamment de contrôler sa vie privée et la transformera au final en ce qui est appelée une « mom-pleaser » (fille qui cherche toujours à faire plaisir à sa mamounette).

 

Rebecca est le réceptacle de toutes les tensions qui pèsent sur les individus. Pression parentale, pression de réussite aussi personnelle qu’amoureuse. C’est avant tout un personnage qui vit dans le déni, ce qui apparaît très souvent comme l’origine de ses mésaventures.

 

Diversité et seconds rôles bien barrés

 

Crazy Ex-Girlfriend est avant tout une série qui est parvenue à réunir un cast divers et à construire des personnages hilarants mais toujours attachants. Le tout forme une mosaïque décalée mais crédible de la société occidentale (Très axée sur les Etats-Unis certes) moderne.

 

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West Covina, California, semble être habitée par une belle brochette de personnages pour le moins excentriques. Paula, la nouvelle meilleure amie de Rebecca et collègue de bureau. Paula est une joyeuse quadra à la vie un peu morne et mal de son couple. En tant que bestah, elle pousse Rebecca à a faire les pires choix et à vivre sa vie par procuration à travers elle. Parfois littéralement.

 

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Darryl et sa moustache conquérante sont sans doute l’une des meilleures représentations de la bi-sexualité de la télévision. Darryl Whitefeather est le nouveau patron de Rebecca, son principal objectif est dans l’existence d’être apprécié. A mes yeux, c’est certainement l’un des meilleurs personnages de la série.

 

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Joshua est le fameux crush obsessionnel de colonie de vacances de Rebecca. Populaire depuis toujours, sportif, il ne se caractérise cependant pas par son ambition débordante.

 

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Valencia est la petite amie de Josh. Archétype de la bomba latina, un peu bitchy sur les bords, elle nourrit une rivalité un peu malsaine à l’égard de toutes les femmes. Elle est également professeure de yoga (oui, vous pouvez en faire une carrière).

 

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Greg Serrano est le nice guy du groupe. Deuxième intérêt amoureux de Rebecca, il travaille dans un bar. Son existence semble être basée sur le fait de tomber de désillusion en désillusion. Son rêve est  cependant de passer un diplôme en commerce.

 

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Heather est la voisine de Rebecca. Etudiante blasée, spectatrice des malheurs de ce monde, elle cherche dans un premier temps à se servir de Rebecca comme sujet d’étude au sein de sa classe psychologie. Elle est du coup assez représentative de la génération Y.

 

Mise en boîte de la pop-culture

 

La créatrice de la série, Rachel Bloom, s’est déjà illustrée dans de nombreuses œuvres liées à la pop culture. Ses clips sont assez connus, comme par exemple Fuck me, Ray Bradbury ou Historically accurate Disney Princess. L’auteure de Crazy Ex-Girlfriend met au service son flair dans la série, notamment dans les chansons qui pastichent avec joie les classiques de la chanson pop. Découvrez ainsi la Shakira du pauvre ou les Guns N’Roses de l’open space.

 

Rachel Bloom possède ainsi un don peu commun pour repérer les travers de la société moderne, notamment dans la construction de stéréotypes au sein de la société. C’est qui d’ailleurs fait de Crazy Ex-Girlfriend une série si fascinante pour l’analyse sociologique. Elle n’hésite pas à pointer la réification des femmes, que ce soit lors de la préparation pour aller en soirée, ou d’autres phénomènes tout aussi pervers. Mais surtout, elle parvient à le faire de manière terriblement drôle et inspirée en dépoussiérant le style de la comédie musicale.

 

En somme, je vous conseille Crazy Ex-Girlfriend si vous êtes en manque de séries musicales depuis la fin de glee. Si vous aimez les contes de fée modernes, l’auto-dérision et rester sous votre couette en mangeant du fromage fondu pour réchauffer votre petit cœur brisé, vous devriez bien vous amuser.

 

 

 

Catégories : Séries

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