Je l’avais dans ma liseuse et j’en avais entendu beaucoup de bien ! Beignets de tomates vertes de Fannie Flagg me semblait de plus une lecture parfaite pour le mois des fiertés, puisque l’histoire évoque entre autres un couple de femmes tenant un café dans une petite ville perdue de l’Alabama.
Synopsis de Beignets de tomates vertes
Au sud de l’Amérique profonde, en Alabama, un café au bord d’une voie ferrée … Ninny, fringante octogénaire, se souvient et raconte à Evelyn, une femme au foyer à l’existence monotone, les incroyables histoires de la petite ville de Whistle Stop. Grâce à l’adorable vieille dame, Evelyn, qui vit très mal l’approche de la cinquantaine, va peu à peu s’affirmer et reprendre goût à la vie.
Un roman optimiste et lumineux
Une galerie de personnages savoureux
Beignets de tomates vertes est un roman étonnant car inattendu. Il repose avant tout sur ces personnages. Fannie Flagg a une façon de décrire ses personnages avec grâce, humour et humanité. Que ce soit la joyeuse Ninny, la courageuse Idgie ou la délicate Ruth, tout le monde a le droit à une personnalité touchante qui les rend sympathique. L’autrice a une écriture, directe et sans fioriture, un peu comme cet attroupement qui vit dans une petite ville mais qui ne manque pas de chien et ne se laisse certainement pas marcher sur les pieds.
Fannie Flagg nous amène d’ailleurs à suivre sa compagnie à travers les années, de l’enfance à l’âge adulte, parfois jusqu’au tombeau. Voilà qui lui permet de faire évoluer les personnages à travers les drames et les peines et de nous offrir de beaux moments de vie. L’une des plus belles évolutions est sans doute celle d’Evelyn, quinquagénaire désabusée qui, au contact de la vive Ninny, va découvrir une énergie insoupçonnée qui la fera sortir de sa torpeur. Car c’est sans doute le vrai message que nous livre le récit : quel que soit qui vous êtes, si vous gardez foi en vous, vous saurez vous en sortir et grandir, et il n’est jamais trop tard !
Un récit dynamique et optimiste
Le récit aborde plusieurs points de vue et plusieurs époques ! Les chapites sont par ailleurs assez courts et directs, ce qui permet de garder efficacement l’attention du lecteur. L’autrice choisit d’explorer la vie de Ruth et d’Idgie, de donner des extraits de la gazette locale pour évoquer la vie de Whistle Stop, de montrer les échanges attendrissants entre Ninny et Evelyn, mais aussi de s’arrêter sur la vie trépidante de personnages secondaires. L’ensemble forme donc le portrait truculent d’une Amérique moderne durement blessée par la crise.
L’histoire de Fannie Flagg, à travers ces différents portraits, est aussi une histoire d’identité et de résilience. L’autrice délivre à travers son récit enlevé et charmant une ode à la tolérance, à la simplicité et à la liberté. Elle nous rappelle l’importance des familles, qu’elles soient choisies ou non, ainsi que celle de vivre selon ce que l’on est sans se conformer aux attentes d’autrui et de la société.
Une image idyllique des petites villes américaines tempérée par des drames
Il est vrai que le roman peut avoir quelque chose de trop rose, trop idéalisé par moments, avec ses personnages trop gentils, trop courageux, trop mémorables, pour être toujours crédibles. Whistle Stop a tout d’une communauté soudée dans les années 20 et 30 : personne ne semble questionner le couple formé par Ruth et Idgie par exemple. Certes, les arrangements ménagers entre femmes n’étaient pas rares, mais de là à ce que personne ne lève un sourcil face à deux femmes élevant un enfant dans un communauté rurale, ça semble un peu idéalisé.
Mais l’autrice parvient à équilibrer en montrant subtilement le déséquilibre des relations raciales. En effet, Fannie Flagg ne nous épargne pas la pauvreté, la discrimination, notamment au travers l’histoire d’un couple, un homme noir et une femme blanche, dont les enfants auront la peau plus ou moins foncés, ce qui aura un fort impact sur leur existence. Le Klux Klux Klan fera également son apparition, de même que l’évocation de quartiers pauvres habités principalement par des noirs. Ces passages permettent de rappeler le contexte douloureux de la ségrégation et apportent de la nuance au récit.
Difficile de ne pas tomber sous le charme de beignets de tomates vertes
Léger, frais mais bien équilibré, Beignets de tomates vertes est séduisant. Son message simple mais essentiel passe crème à travers des personnages variés, qui vivent drames et bonheurs sans se départir de leur gouaille et de ce qui fait leur identité. Le récit est dynamique et bien maîtrisé, abordant avec justesse des thèmes parfois durs comme le racisme ou la différence. Un joli livre pour se remonter le moral l’été !
Note : 18/20
Vous pouvez acheter le livre par ici. Toutes les chroniques sont par là.
2 commentaires
Zina · 28 juin 2020 à 12 h 11 min
Je n’ai pas lu le livre, mais j’avais adoré le film.
La Geekosophe · 28 juin 2020 à 12 h 48 min
J’ai très envie de le voir, même si la relation entre Idgie et Ruth a été transformée en amitié