Ce roman était depuis très longtemps dans ma PAL ! Sang-de-Lune de Charlotte Bousquet fait partie d’une collection des éditions Gulf Stream qui aborde des thématiques sombres. C’était le cas avec le roman que j’avais acheté au même moment dans la collection : Rouge de Pascaline Nolot. Ici, l’autrice nous livre un voyage dans un univers dystopique sur le thème de la condition de la femme.

Synopsis de Sang-de-lune

Alta. Une cité où les femmes sont soumises à l’autorité des fils-du-soleil. Gia, comme toutes les sang-de-lune, doit docilement se plier aux règles édictées par le conseil des Sept, sous peine de réclusion, ou pire, de mort. Impossible d’échapper au joug de cette société où règne la terreur. Pourtant, le jour où sa petite sœur Arienn découvre la carte d’un monde inconnu, les deux jeunes filles se prennent à rêver à une possible liberté. Mais ce rêve est bientôt menacé par l’annonce du mariage de Gia. Le temps presse, elles doivent fuir. Or, pour atteindre ce monde mystérieux qui cristallise leurs espoirs, toutes deux doivent traverser les Régions Libres, un territoire effrayant où cohabitent hordes barbares et créatures monstrueuses, issues de la matière même de l’obscurité.

Une dystopie qui aborde des thématiques importantes

Clair-obscur

Le roman nous plonge dans un univers dans lequel les femmes sont totalement soumises aux hommes, appelés les fils-du-soleil. Au contraire, les femmes sont des sang-de-lunes, des êtres inférieurs aisément corruptibles. Évidemment, la thématique rappelle d’autres livres dans la même veine, notamment La servante écarlate. ici, la cible est plus jeune et emprunte des bifurcations au niveau du scénario et de la construction de l’univers. A Alta, toutes les croyances sont fondées sur la dichotomie entre ombre et lumière. La lumière est pure, morale et bienfaitrice. C’est le soleil et les hommes. L’Ombre corrompt, détruit et fait le mal. C’est la lune et les femmes. C’est une logique qui peut sembler très binaire, mais Charlotte Bousquet parvient à mettre en avant les mécaniques d’embrigadement social dès le plus jeune âge.

Le début du récit nous plonge en plein dans le quotidien de la ville d’Alta. L’autrice met en scène des illustrations déchirantes des injustices structurelles. Les hommes et les femmes sont séparés et ne mangent pas ensemble. Lorsque les femmes commettent une erreur, elles sont envoyées au couvent lunaire pour punition. Le mariage forcé est normal et encouragé, encourageant des drames comme des infanticides et des suicides. La peine de mort est bien sûr courante pour éliminer les femmes trop rebelles sous prétexte qu’elles sont corrompues. Charlotte Bousquet propose certes un roman pour la jeunesse, mais c’est un récit sombre et mature qu’elle dépeint. J’aime l’usage qu’elle fait des contes, qui permet d’installer une ambiance gothique et crépusculaire à souhait, en appuyant l’embrigadement de la jeunesse.

Une deuxième partie moins convaincante malgré des éléments prometteurs

La partie après la fuite est toujours compliquée à mener dans les dystopies. Ici, j’ai trouvé qu’elle manquait de rythme et de cohésion. J’ai eu l’impression que l’autrice ne savait pas où aller avec cet arc narratif. Les nouveaux personnages, à part Valli, sont trop nombreux et manquent de corps et de personnalité. Le scénario semble un peu accéléré avec de multiples personnes et intérêts, qui ne sont pas assez développés pour vraiment retenir l’attention. De la même façon, beaucoup d’éléments de contexte sont expédiés. La création d’Alta manque de crédibilité, les créatures des profondeurs sont peu exploitées… Je pense qu’il manque quelques chapitres et du liant pour mieux structurer cette partie de l’histoire.

C’est dommage, car la première partie a bien développé les personnages principaux. Il y a notamment une belle relation de sororité entre Gia et sa jeune sœur, Arienn, qui est finalement rapidement avorté. Gia n’est pas une rebelle dans l’âme, c’est donc un lead atypique dans ce type de littérature. Elle est guidée par l’amour pour sa sœur, car elle est à l’origine calme, limite docile. L’usage de la première personne permet de bien comprendre l’évolution de Gia, l’héroïne, ainsi que de créer une vraie proximité avec elle. De la même façon, il n’y a pas de romance traditionnelle à proprement parler ni de happy ending. C’est donc une œuvre audacieuse en ce sens dans la littérature dystopique pour la jeunesse.

Bien qu’agréable, il manque quelques chose pour que Sang-de-lune soit marquant

Sang-de-lune a une ambiance particulière qui permet de plonger dans la première partie aisément. La société est construite autour de la dichotomie homme/femme, avec tout un historique et une esthétique clair-obscur. L’histoire a des accents de conte gothique mêlé à la servante écarlate. Le personnage principal, Gia, est une réussite, et sa relation avec sa sœur est très bien mise en avant. La seconde partie est cependant moins bien gérée. L’ensemble manque de rythme et de cohésion, présentant les enjeux et la majorité des nouveaux personnages de manière trop succincte pour être captivante.

Note : 14/20

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Catégories : Chroniques

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