Septembre prend fin ! Je suis très fière de mon nombre de romans lus, et surtout de leur grande diversité. La fin des deux challenges estivaux consacrés au pavé et à la space opera m’a permis d’explorer d’autres genres tout en terminant quelques romans que j’avais prévus sur le mois. Et qui dit retour de l’automne dit Pumpkin Autumn Challenge, avec les premières lectures dédiées aux différentes catégories.
Confluence, tome 1 : Ce qui naît des abysses de Sylvie Poulain
XXIVe siècle. Après l’emballement climatique et l’effondrement de la civilisation terrestre, les rescapés tentent de se réinventer sous l’eau au sein de cités sous-marines interdépendantes. Hélas, les vieilles tares de l’humanité ont plongé avec elle…
En Atlantique Nord, la belliqueuse Atlantis flirte avec les limites de son mandat de protection, poussée par l’IA qui la dirige, tandis que les cargos sous-marins de la Hanse participent à de dangereux jeux d’influence. Les tensions se cristallisent autour de Providence, une mystérieuse colonie abyssale refusant de se soumettre.
Alors qu’une invasion tourne au désastre et que les secrets de Providence échappent aux Atlantes, un sous-officier, Wolf Douglas, découvre une jeune survivante nommée Jihane, qui ne ressemble à rien de ce qu’il connaît. Malgré tout ce qui les sépare, Wolf et Jihane sont forcés de coopérer pour survivre aux abysses, pendant qu’un sous-marin hanséatique s’efforce de récupérer les miettes du conflit.
Pris dans un jeu de pouvoir qui les dépasse, le militaire et l’adolescente doivent bientôt faire des choix lourds de conséquences…
Ce qui naît des abysses est une lecture originale dans la production de SF actuelle. Dans son univers sous-marin, l’écriture de l’autrice nous entraîne dans les complexités de la navigation. Avec une plume de connaisseuse, elle décrit les difficultés des navires et sous-marins : entre manque d’oxygène, manque de visibilité et créatures des fonds marins. Sylvie Poulain a également construit un monde avec sa propre géopolitique, dans lequel les relations entre communautés sont plus stratégiques qu’il le semble. Enfin, une grande partie de l’histoire se concentre sur les liens entre les personnages et les communautés, s’interrogeant sur la meilleure manière de vivre ensemble quand la fin du monde a eu lieu. L’un des points est pour moi la personnalité de certains personnages, qui donnent naissance à des dialogues qui sonnent artificiels.
La nuit de la lumière de Philip José Farmer
Sur la planète de la Joie de Dante, tout peut arriver pendant la Nuit de la Lumière qui dure sept jours tous les sept ans.
Si le dieu meurt, Sept Pères engendrent un autre dieu, celui du bien ou celui du mal, qui naît de la déesse Boonta, la Mère, la Créatrice. Pour les habitants de la Joie de Dante, c’est la purification, la mort ou la métamorphose… Tous les souhaits sont exaucés mais comment savoir quels désirs monstrueux sont tapis dans le subconscient de chacun ? Bien peu osent tenter la Chance et passer la Nuit. La majorité choisit le Sommeil…
John Carmody, truand, voleur, assassin, tortionnaire, est le premier Terrien à être assez hardi pour braver la période magique. Il en résultera des bouleversements qui seront ressentis dans l’univers entier, jusque sur la planète Terre à 50 millions d’années-lumière…
Quel étrange roman ! Philip José Farmer propose une histoire réellement unique. En mettant en scène un homme peu recommandable sur un monde où les rêves et cauchemars prennent vie, il donne vie à des dilemmes spirituels et moraux. Avec un style corrosif, il n’hésite pas à pousser les limites de la bienséance lors de la Nuit, un événement religieux sacré capable de détruire comme de purifier ceux qui y survivent. Cette expérience véritablement transcendantale permet de complexifier le personnage de John Carmody, faisant de lui le parfait réceptacle des craintes et questionnements des religions plus installées dans la galaxie. Outre ce côté très original, le côté magique de certaines scènes comme la superficialité (et la quasi inexistence) de personnages féminins peuvent déplaire.
Les sorcières Mayfair, tome 1 : Le lien maléfique d’Anne Rice
Sous le porche dune vieille demeure à l’abandon de La Nouvelle-Orléans, une femme frêle et muette se balance dans un rocking-chair : Deirdre Mayfair est devenue folle depuis qu’on lui a retiré, à la naissance, sa fille Rowan pour l’envoyer vivre à San Francisco. Et derrière la grille du jardin, un homme, Aaron Lighter, surveille inlassablement Deirdre, comme d’autres avant lui, pendant des siècles, ont secrètement surveillé la famille Mayfair. Car ils savent que, de génération en génération, les femmes du clan se transmettent leurs maléfiques pouvoirs et que la terrifiante et fabuleuse histoire de cette lignée de sorcières ne fait que commencer…
Sorcellerie, esprits et vieilles maisons ! Le lien maléfique est une lecture plus qu’adaptée pour l’automne. La lignée des sorcières Mayfair a une histoire fascinante que le roman nous permet de découvrir de manière approfondie. Entre mystères, secrets familiaux, disparitions et rituels cachés, Anne Rice est capable de mettre en scène des passages dérangeants, jouant avec subtilité sur l’ambiance envoûtante de la Nouvelle-Orléans et une écriture qui n’hésite pas à se faire très détaillée. Trop parfois, car elle semble vouloir parfois être d’une précision chirurgicale, mais cela alourdit certaines parties du roman qui auraient bénéficier de plus de rapidité. J’ai bien accroché aux personnages secondaires, variés et bien campés, mais moins à Rowan, dont le coté fleur bleue crée une étrange dissonance avec le reste du roman. Anne Rice plante ici les graines pour un univers ample et bien construit malgré quelques lenteurs.
Le restaurant des recettes oubliées de Hisashi Kashiwai
Caché dans les ruelles de Kyoto se trouve le petit restaurant des Kamogawa d’où s’élèvent d’exquises odeurs de riz cuit, de nabe et de légumes sautés. En plus de savoureux repas faits maison, Nagare et sa fille Koishi proposent une expérience qui sort de l’ordinaire : reproduire un plat que leurs clients ont en mémoire, mais dont la recette est depuis longtemps oubliée. Nabeyaki udon, sushis au maquereau, tonkatsu ou spaghettis à la napolitaine… pour chaque nouveau plat, la famille Kamogawa enquête et propose à ses convives de déguster une nouvelle fois les délicieux mets qui ont marqué leur vie. Et grâce à un soupçon de magie, ces saveurs perdues enfin retrouvées permettent de rêver à de nouveaux départs.
Lecture courte et feel-good, le roman est parfait après un roman long et exigeant. A travers cinq histoires, nous explorons un souvenir clé dans la vie d’un client de Nagare et de sa fille Koishi, une réminiscence liée à un plat dont la recette a été perdue. Le roman met en lumière le lien entre la nourriture et notre identité. Chaque plat préparé est lié à un événement ou à une personne disparue. Retrouver ces plats permet une sorte de clôture pour les différents clients, marquant l’importance d’un moment clé dans l’appréciation des saveurs. Ainsi, Le restaurant des recettes oubliées n’est pas un roman inoubliable (ironiquement) mais respecte son contrat de lecture doudou appétissante.
I am, I am, I am de Maggie O’Farrell
Après le succès d’ Assez de bleu dans le ciel, Maggie O’Farrell revient avec un nouveau tour de force littéraire. Poétique, subtile, intense, une œuvre à part qui nous parle tout à la fois de féminisme, de maternité, de violence, de peur et d’amour, portée par une construction vertigineuse. Une romancière à l’apogée de son talent.
Il y a ce cou, qui a manqué être étranglé par un violeur en Écosse.
Il y a ces poumons, qui ont cessé leur œuvre quelques instants dans l’eau glacée.
Il y a ce ventre, meurtri par les traumatismes de l’accouchement…
Dix-sept instants.
Dix-sept petites morts.
Dix-sept résurrections.
Coup de cœur pour ce beau récit ! Maggie O’Farrell explore la construction de son identité à travers tous les moments où elle a frôlé la mort. Elle semble attirer le mauvais oeil. Mais loin d’être devenue une femme craintive, elle est restée une grande voyageuse, consciente que tout peut lui être arraché en un instant. Sa plume est d’une grande poésie et d’une grande sensibilité, lui permettant d’explorer son inconscient avec beaucoup de réflexion. Par ce prisme, elle aborde des thèmes qui sont universels : la violence envers les femmes, la peur de perdre un être cher, la difficulté de trouver du personnel médical qui ne la traite pas d’hystérique et ne la mette pas inutilement en danger…. C’est une autobiographie construite avec intelligence, émotion et qui marque durablement le lecteur.
Quelles sont vos lectures marquantes du mois dernier ?
0 commentaire