J’avais vu passer ce livre peu connu sur d’autres comptes de réseaux sociaux. Le mur invisible est un roman d’une autrice autrichienne, Marlen Haushofer. Je trouvais l’histoire d’une femme isolée par un mystérieux événement intéressant à explorer. Il faut dire que j’ai un fort intérêt pour le postapo et le nature writing. Alors qu’en ai-je pensé ?

Synopsis de Le mur invisible

Après une catastrophe planétaire, l’héroïne se retrouve seule dans un chalet en pleine forêt autrichienne, séparée du reste du monde par un mur invisible au-delà duquel toute vie semble s’être pétrifiée durant la nuit. Tel un moderne Robinson, elle organise sa survie en compagnie de quelques animaux familiers, prend en main son destin dans un combat quotidien contre la forêt, les intempéries et la maladie.

Un récit éco-féministe

Une femme face à ses pensées

L’autrice ne donnera jamais d’explication au phénomène qui frappe le monde. L’objectif du roman est de mettre en scène la solitude de son personnage principal. On se saura jamais son nom, juste quelques détails sur sa vie personnelle et son passé. Le roman prend la forme d’un journal. Elle y note ses journées et ses tâches. Le retour à la nature l’éloigne presque de sa condition humaine, la poussant à la considérer avec une autre hauteur. La rigueur de son existence contraint à l’humilité. Qu’est-ce que le temps face à la nuit ? La tempête ? Le froid ? Mesurer les heures devient un acte futile, une tentative idiote de l’Humain de maîtriser ce qu’il ne peut dompter. Ainsi, on se saura jamais le nom de notre personnage principale. Comme elle le notera elle-même, qu’est-ce qu’un nom quand aucune autre personne ne peut le prononcer ?

L’écriture est une concession face à ce nouvel état de nature. Le roman est pudique. La femme tente de proposer une évolution chronologique de son histoire. Mais parfois, elle digresse, nous proposant un coup d’oeil dans son quotidien. Ce sont des passages touchants et teintés de regrets. Au début, la pensée est difficile car le travail l’épuise jusqu’à perdre connaissance. Au fil du texte, on sent une acceptation de sa condition plus qu’une résignation. On admire le sang-froid de la femme, qui est pourtant en grand danger. Mais son style est posé, précis, et documente avec attention ce qui lui est arrivé. Mais si cette nouvelle vie et cette introspection forcée sont dans un premier temps difficiles, cette isolement lui permet de vivre pleinement une existence indépendante dont l’ancien monde l’avait privé.

Traité de survie en milieu naturel

L’aspect science-fictionnel est dans ce roman léger. L’histoire commence alors qu’une femme, alors seule dans un chalet, constate qu’un mur invisible la sépare de la civilisation. Au-delà du mur, tous les humains semblent être morts. Nous suivons donc son organisation de, supposément, dernière femme au monde devant survivre dans une nature parfois salvatrice, parfois hostile. Ainsi, ce roman est particulièrement visionnaire car la narratrice se pose la question de la place de l’humanité dans le cycle terrestre. En tant que personne éduquée, elle a appris l’histoire, l’arithmétique… Autant de compétences qui ne lui sont pas utiles alors qu’elle doit chasser, construire des abris, s’occuper des animaux. Et encore. Dans les années 30, elle a quand même passé un peu de temps dans les fermes dans sa jeunesse, ou fait des concours de tir par loisirs. Mais déjà, elle ressent une déconnexion rapide entre son ancien mode de vie et la rigueur de la vie à la campagne, quand elle doit chercher ses propres ressources.

Mais malgré les difficultés, la reconnexion à la Terre lui permet de trouver une forme d’équilibre. Elle doit affronter de nombreuses problématiques : le froid de l’hiver, le manque de nourriture, l’absence d’autres personnes… Il y a cependant une satisfaction à progresser. Parvenir à traire la vache. Voir les premières pommes de terre pousser. Il y a aussi tout l’attachement aux autres animaux, une vieille chatte, le chien et la vache, qui forment une nouvelle famille. En somme, elle retrouver le chemin d’une forme d’authenticité dans la nature, qui lui permet de s’affranchir d’artifices qui la retenaient.

Le mur invisible est un récit intimiste et émouvant

« Le mur invisible » de Marlen Haushofer est un roman captivant qui explore la solitude et la reconnexion à la nature dans un contexte post-apocalyptique. L’autrice offre une vision subtile de l’isolement et de l’adaptation de la protagoniste, sans fournir d’explication claire sur l’événement mystérieux qui l’a isolée. À travers un journal intime, le roman témoigne de son acceptation et de sa capacité à trouver un nouvel équilibre. L’aspect science-fictionnel est léger, mais soulève des questions sur la place de l’humanité dans la nature. Malgré les difficultés, la protagoniste découvre une forme d’authenticité en se reconnectant à la Terre. « Le mur invisible » est une réflexion profonde sur la condition humaine et l’importance de la nature dans nos vies.

Note : 16/20

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Catégories : Chroniques

4 commentaires

Sophie · 28 mai 2023 à 13 h 29 min

Ce synopsis me rappelle un film vu il y a plusieurs années… Est-ce que ce roman n’a pas fait l’objet d’une adaptation ?

    La Geekosophe · 3 juin 2023 à 10 h 34 min

    Eh bien oui ! Mais je ne connaissais pas du tout

Parlons fiction · 8 juin 2023 à 21 h 23 min

Je ne connaissais pas du tout ce roman. Ce que j’adore avec ton blog, c’est que je continue de toujours découvrir de nouvelles choses et c’est vraiment appréciable. Une très jolie chronique !

    La Geekosophe · 18 juin 2023 à 10 h 47 min

    Je ne sais plus du tout comment je l’avais découvert en plus ! J’ai aussi fait une razzia seconde main avec des livres d’autrices de SF qui m’ont l’air oubliés

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