Merci aux éditions Mnémos pour cette pépite : couverture somptueuse, résumé qui promettait une aventure déjantée aux côtés de personnages atypiques… Les chevaliers du Tintamarre s’est révélé être une aventure rythmée aux accents picaresques et aux personnages atypiques.
Synopsis de « Les Chevaliers du Tintamarre »
Silas, Morue et Rossignol rêvent d’aventures et de grands faits d’armes tout en vidant chope de bière sur chope de bière à la taverne du Grand Tintamarre, qu’ils peuvent à peine se payer. Alors que Morguepierre devient le théâtre d’enlèvements de jeunes orphelines et que des marie-morganes viennent s’échouer sur ses plages, les trois compères se retrouvent adoubés par un vieux baron défroqué et chargés de mener l’enquête. Les voilà lancés sur les traces d’un étrange spadassinge, d’un nain bossu et d’un terrible gargueulard, bien décidés à leur mettre des bâtons dans les roues… et des pains dans la tronche.
Un roman de crapules
Un rythme immersif et univers avec du relief
C’était très immersif alors que le roman ne démarrait pas avec tous les points de son côté. L’une de mes premières lectures du confinement, j’avais beaucoup de mal à entrer dans cette histoire au vocabulaire particulier, qui ne laissait que peu de répit à mes neurones manquant de capacité de concentration. Mais l’aventure s’est révélée assez addictive pour me séduire par sa légèreté et sa solide trame narrative.
Les chevaliers du Tintamarre m’a globalement surprise. J’ai beaucoup aimé le monde présenté, notamment ses légendes autour des Morguepierres et des Marie-Morganes, des créatures marines semblables aux sirènes qui noient les marins dont elles tombent amoureuses. La Cité en elle-même est divisée entre les quartiers très pauvres et les cieux, certes une séparation courante mais qui ici prend tout son sel quand on rencontre les vices dans uns et des autres. L’enquête gagne en intensité au fil du récit, ce qui ne rend le scénario que plus agréable à suivre. Il y en plus une pointe de magie, mais qui ne prend pas trop de place.
Un travail particulier pour une écriture argotique et burlesque
Grâce à un langage pour le moins coloré, Raphaël Bardas nous entraîne dans des lieux qui détournent les codes de la fantasy traditionnelle. Avec ses héros au verbe fleuri et direct, ses bas-fonds miteux et ses aventures parfois reluisantes, Les chevaliers du Tintammare reprend avec talent les codes d’une fantasy qui se veut terre-à-terre, grouillante et pas très reluisante. Il y a un gros travail sur les dialogues, qui déborde d’un vocabulaire braillard et d’une recherche assez profonde sur l’argot.
Parfois même un peu trop. J’ai mis beaucoup de temps à me faire à ce langage particulier, très recherché sous ses abords rugueux et directs, ce qui a un chouïa nui à mon immersion de début de lecture. Parfois, j’ai trouvé une lourdeur et un manque de naturel dans certaines tournures, dans cette volonté de vouloir à tout prix la jouer rigolard de basse extraction. Mais heureusement, cet effet n’a pas du tout gâché l’ensemble de la lecture.
Un casting… truculent
Car il y a un chouette groupe de personnages. Le trio de tête est truculent. J’ai curieusement bien aimé Morue, géant aux capacités linguistiques limitées mais à la mémoire magique. Silas, le charcutier qui est sensible aux charmes féminin. Enfin, Rossignol, un musicien tout grêle mais à la langue bien pendue. Ils ne sont pas vraiment l’équipe du siècle mais se dépatouillent comme ils peuvent face à une série de curieux meurtres.
Les personnages secondaires sont aussi bien décrits. Il y a d’abord Rodrigue, jeune premier agaçant qui est sous les ordres de l’énergique capitaine Korn. Le Duc de Fréjac, l’un des rares personnages qui semble avoir la tête sur les épaules, avec Alessa. Alessa est une jeune femme qui dirige d’une main forte un orphelinat de jeunes filles. Le reste des personnages apportent un peu de cadre à un trio en roue libre et donnent de la mâche à un univers déjà bien structuré.
Efficace, on redemande Les chevaliers du Tintamarre
J’ai finalement beaucoup aimé mon voyage à travers la cité de Morguepierre. L’histoire est entraînante, sous la forme d’une enquête aux accents picaresques. Le contexte est bien situé et mis en scène. Si j’ai eu de mal à entrer dans le rythme, une fois bien plongée dans ma lecture, ce petit voyage avec Silas, Morue et Rossignol s’est révélé sympathique et truculent. Les dialogues sont bien écrits et n’hésite pas à venir bousculer le lecteur.
Note : 16/20
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