Après avoir lu de multiples chroniques vantant ses mérites, j’ai craqué pour ce roman qui promettait de la light fantasy aventureuse aux côtés de héros vieillissants mais déterminés. La mort ou la gloire de Nicholas Eames est le premier tome de Wyld, qui compte un deuxième tome intitulé Rose de Sang.

Synopsis de La mort ou la gloire

La dernière tournée.
Clay Cooper et ses hommes étaient jadis les meilleurs des meilleurs, la bande de mercenaires la plus crainte et la plus renommée de ce côté-ci des Terres du Wyld – de véritables stars adulées de leurs fans. Pourtant leurs jours de gloire sont loin. Les redoutables guerriers se sont perdus de vue. Ils ont vieilli, se sont épaissis et ont abusé de la bouteille – pas forcément dans cet ordre, d’ailleurs.

Mais un jour, un ancien compagnon se présente à la porte de Clay et le supplie de l’aider à sauver sa fille, prisonnière d’une cité assiégée par une horde de monstres sanguinaires. Même si cela revient à se lancer dans une mission que seuls les plus braves et les plus inconscients seraient capables d’accepter.
Le temps est venu de reformer le groupe… et de repartir en tournée.

Un roman drôle et tendre

Des personnages terriblement imparfaits et terriblement attachants

La mort ou la gloire tient ses promesses quand il s’agit de nous présenter des personnages attachants. Nous sommes aux côtés d’une ancienne bande de mercenaires, parodie d’un groupe de rock mais en mode massacreur de monstres, qui a vieilli. L’un est devenu un père de famille rangé, l’ancien leader est un alcoolique notoire dont la famille a fini par s’étioler, l’autre est un roi cocu dont aucun enfant n’est de lui, leur magicien est sénile et atteint d’une maladie dégénérative et le dernier est statufié depuis des dizaines d’années. Ils enchaînent les bêtises sur leur route, tant et si bien que j’ai douté plusieurs fois dans leur réussite dans quoi que ce soit.

Mais le récit construit un buddy book et une bromance vraiment touchantes, car les personnages contrebalancent leurs travers grâce à leur amitié profonde et leur détermination quasi inhumaine. Que ce soit le deuil, la nostalgie ou l’amour filial, l’auteur a su apporter des éléments pour créer un équilibre entre des apports très hétéroclites. On finit par être très attachés à celle bande de bras-cassés, on s’inquiète par moments, vu qu’ils ne sont vraiment pas doués.

Un univers qui rend hommage à la fantasy épique

Nicholas Eames se fonde sur de nombreux éléments préexistants dans la fantasy traditionnelle et du jeu de rôle : dragons, équipes d’aventuriers complémentaires, races multiples et différentes… Ce qui peut sembler être un joyeux bordel garde une cohérence grâce à un auteur qui a également su créer un vrai background plus qu’un ensemble maintenu par des ficelles trop visibles. Il y a ainsi des créatures uniques comme les druines, des hommes lapins immortels débarqués d’un autre univers mais en voie de disparition par exemple (le choc entre plusieurs étant également un élément présent dans d’autres séries de fantasy comme Les chroniques de Krondor de Feist ou dans The Witcher de Sapkowski). Ces derniers sont d’ailleurs devenus un panthéon divin pour les humains.

L’univers joue ainsi avec les codes traditionnels de la fantasy pour en offrir une parodie qui se rapproche des oeuvres de Pratchett. Les groupes de mercenaires deviennent des égéries avec des fans, des processions et des festivals dédiés… Ce qui permet de faire des références appuyées au monde réel, comme la présence d’une Yoko Ono responsable de la dissolution du roquebande, et d’une opposition entre le roquebande de papa où ça partait en quête de vrais monstres sauvages là où les jeunes groupes se peinturlurent de maquillage pour combattre dans des arènes jusqu’aux noms de Groupes qui dérivent de noms de groupes réels.

Dans la mort ou la gloire, on ne s’ennuie jamais

L’écriture bénéficie d’un style direct vraiment drôle. L’auteur parvient à maintenir un rythme soutenu. Les dialogues sont souvent savoureux entre les personnages. J’ai notamment beaucoup les interventions lunaires de Moog, le Magicien du groupe, dont la sénilité lui donne un caractère infantile qui le fait réagir aux moments les plus mal choisis et de manière complètement inappropriée (mais c’est aussi ce qui fait son charme).

Les péripéties se suivent d’après un schéma bien rôdé. On doit trouver un membre de l’équipe. Il faut résoudre une quête avant pour un personnage secondaire. C’est le zbeul parce que Saga, c’est devenu des gros boulets tout mous. On résout quand même, on reprend la route. Si cela peut paraître répétitif, j’ai cependant trouvé que ça rendait bien hommage à l’esprit jeu de rôle classique avec son chemin clair. Du coup, le rythme est maintenu tout le long du récit et c’est un vrai plaisir.

Un bémol

Il fallait bien sût qu’il y ait un bémol alors qu’on frôlait le coup de coeur, c’est-y pas malheureux ? La mort ou la gloire garde le défaut de ses années : les personnages féminins. Je comprends qu’ils restent au second plan puisqu’il s’agit de l’histoire de Saga avant tout, mais beaucoup suivent des archétypes pas toujours très réjouissants. Traitresses, adultères, manipulatrices, séductrices invétérées… A l’exception notable de Jain (que l’on ne voit pas assez), beaucoup des femmes présentes correspondent à des poncifs durables sans qu’elles soient assez présentes pour développer des qualités autres. Même Grifalouette mais no spoiler.

Mais je nuance mon propos puisque Rose de Sang, le deuxième tome, a l’air de compter bien plus de personnages féminins importants et nuancés. D’autant que l’auteur offrait des petits coups d’œil sur la nouvelle génération à travers Rose, la fille de Gabe, et Tally, la fille de Clay, qui rendait possible la réalisation d’un potentiel de femmes aussi attachantes et bien développées que leurs aînées. Donc j’ai bien hâte de lire la suite.

La mort ou la gloire : un quasi sans faute

Un roman qui pour moi était parfait pour la période ! Léger mais avec des éléments dramatiques, La mort ou la gloire met en scène des personnages burlesques malmenés par la vie, mais avec un côté incroyablement humain qui les rend attachants. L’écriture est directe et drôle, et les péripéties s’enchaînent dans un monde bardé de références. Plus qu’une simple parodie, le livre est un petit univers à lui seul. J’attends de lire le deuxième tome pour avoir des personnages féminins plus développés, faille du roman qui m’a fait tiqué.

Note : 18/20

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Catégories : Chroniques

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