Un bilan avec pas mal de lectures ce mois-ci, et des choses très variées. Fantasy, science-fiction, fantastique, policier… Alors jetez un petit coup d’œil pour découvrir les lectures du mois. La grande majorité de mes lectures concernent le fameux Pumpkin Autumn Challenge, en effet !
La marche du levant de Léafar Izen
Trois cents ans.
C’est le temps que met la Terre pour tourner sur elle-même. Dans le ciel du Long Jour, le soleil se traîne et accable continents et océans, plongés tantôt dans une nuit de glace, tantôt dans un jour de feu. Tous contraints à un nomadisme lent, les peuples du Levant épousent l’aurore, les hordes du Couchant s’accrochent au crépuscule.
Récemment promue au rang de maître, l’assassine émérite Célérya est envoyée en mission secrète à l’est. Là, sans le vouloir, elle participe à l’accomplissement d’une ancienne prophétie à laquelle elle n’a jamais cru.
Un domino vient de tomber ; les autres suivront-ils ?
La Marche du Levant est une lecture que j’ai globalement appréciée, notamment grâce à son style fluide et son intrigue au contexte fascinant. La plume efficace est entraînante et donne du caractère à des personnages pourtant souvent très stéréotypés. Les éléments empruntés à la fantasy semblent parfois un peu forcés dans le récit, et manquent de naturel dans leur imbrication et leur construction. C’est donc une lecture sympathique, dont les ficelles peuvent être un peu visibles pour les gros lecteurs de fantasy, mais perfectible.
Normal People de Sally Rooney
At school Connell and Marianne pretend not to know each other. He’s popular and well-adjusted, star of the school soccer team while she is lonely, proud, and intensely private. But when Connell comes to pick his mother up from her housekeeping job at Marianne’s house, a strange and indelible connection grows between the two teenagers – one they are determined to conceal.
A year later, they’re both studying at Trinity College in Dublin. Marianne has found her feet in a new social world while Connell hangs at the sidelines, shy and uncertain. Throughout their years in college, Marianne and Connell circle one another, straying toward other people and possibilities but always magnetically, irresistibly drawn back together.
Étant donné son caractère très contemporain et sa mise en scène des relations compliquées entre de jeunes gens, certains y verront sans doute un roman vide et superficiel. J’ai trouvé qu’au contraire Sally Rooney arrivait à retranscrire la fausse nonchalance d’une génération qui lutte face à l’incertitude et contre des angoisses puissantes. L’histoire est portée par une écriture simple, hésitante et pudique, qui dévoile qu’à demi-mots la réalité des choses et s’adresse directement à nos intuitions. La capacité à s’attacher aux personnages dépendra donc beaucoup du vécu personnel du lecteur, mais ils ont le mérite d’être très crédibles dans leur construction. L’écrivaine a réussi à mettre en mots les sentiments d’une génération complexe. Il n’est pas encore traduit en français mais je pense que ça ne saurait tarder !
Le jardin des silences de Mélanie Fazi
Un bal secret au cœur de l’hiver, une violoniste dont les notes soulèvent le voile des apparences, une dresseuse d’automates dépassée par sa création : à travers ces douze textes ciselés, découvrez ou retrouvez l’univers envoûtant de Mélanie Fazi, auteure rare à la plume délicate, qui joue des mots-émotions avec une justesse bouleversante.
Le Jardin des Silences est un recueil qui dévoile une sélection de textes riches et variés. L’écriture est vraiment envoûtante, grâce à des descriptions à fleur de peau. La grande sensibilité de l’autrice lui permet d’aborder des thèmes difficiles avec délicatesse et justesse, sans jamais surjouer ou surenchérir. Les univers qu’elle décrit sont véritablement fascinants et d’une grande originalité. Une lecture d’automne idéale, tant sa mélancolie et son aspect macabre nous plongent dans l’essence de cette saison transitoire.
Les femmes de Stepford d’Ira Levin
Qu’arrive-t-il donc aux femmes de Stepford ? Ont-elles toujours été, ainsi que Joanna les découvre en s’installant dans cette ville, de véritables poupées ménagères, uniquement préoccupées de l’entretien de leur intérieur et du bien-être de leur famille ? Ou alors sont-elles victimes de leurs maris, tous adhérents du “Club des Hommes”, qui se réunissent chaque soir dans une vieille bâtisse mystérieuse interdite aux femmes ? Joanna, jeune femme libérée, tente de créer une association féminine avec l’aide de deux amies nouvellement arrivées. Quelle n’est pas sa stupeur de les voir, à leur tour, se transformer brusquement à l’image des autres femmes de la ville. L’inquiétude devient rapidement de l’angoisse… Joanna réussira-t-elle à échapper à ce cauchemar aseptisé, climatisé, lot quotidien des femmes de Stepford ?
J’ai grandement apprécié ma lecture ! Je trouve le style d’Ira Levin très immersif, notamment dans la construction des personnages. Johanna est rapidement sympathique, avec son côté curieux et fouineur ainsi que son engagement féministe. Le roman parvient à être à la fois drôle dans sa satire et angoissant dans son atmosphère. Le roman offre une critique du rôle de la femme au foyer traditionnelle, son horizon limitée, le contrôle qu’ont les époux. Ira Levin porte très bien ce message. Si je trouve que cette lecture ressemble à des nouvelles fantastiques classiques, c’est car l’on reste à la lisière des réponses, jusqu’à la chute, qui nous laisse dans le doute jusqu’au bout.
Le chant des Fenjicks de Luce Basseterre
La transhumance galactique des Fenjicks est menacée.
Traqués depuis des millénaires par les Chalecks, ces créatures cosmiques ne servent plus que de taxis vivants à travers l’espace.
Après des années de servitude, leur nombre s’amenuise et leur espèce est menacée d’extinction. Mais leur mystérieux chant silencieux traverse toujours la galaxie. Il porte en lui les notes d’un nouvel espoir : le soulèvement des cybersquales.
À travers le destin d’extraterrestres que rien ne destinait à la lutte, Le Chant des Fenjicks nous offre un roman choral où chaque voix est la pièce d’un puzzle, et chaque protagoniste, le rouage invisible d’une révolution qui les dépasse toutes et tous.
Ce qui m’a frappé dans un premier temps, c’est cet univers riche et foisonnant que Luce Basseterre nous propose. Nous avons des extra-terrestres de toutes sortes, de matriarcats brutaux jusqu’à une société impérialiste composée de lézards asexués en passant par mes préférés. La plume est efficace et sert son propos, avec une belle dynamique dans les scènes d’action. Les thèmes sont bien abordés et fascinant, avec tout un propos sur la tolérance, la solidarité et la liberté. Attention cependant, l’immersion peut être compliquée au début ! La faute à une narration focalisée interne qui, par cohérence, peut se montrer avare en explications et une prolifération de personnages au fil de l’histoire que j’ai parfois eu du mal à discerner.
Une histoire des abeilles de Maja Lunde
Angleterre, 1852. Père dépassé et époux frustré, William a remisé ses rêves de carrière scientifique. Mais la découverte de l’apiculture réveille son orgueil déchu : décidé à impressionner son unique fils, il se jure de concevoir une ruche révolutionnaire.
Ohio, 2007. George, apiculteur bourru, ne se remet pas de la nouvelle : son unique fils s’est converti au végétarisme et rêve de devenir écrivain. Qui va donc reprendre les rênes d’une exploitation menacée chaque jour un peu plus par l’inquiétante disparition des abeilles ?
Chine, 2098. L’Effondrement de 2045 a laissé la planète exsangue. Comme tous ses compatriotes, Tao passe ses journées à polliniser les fleurs à la main. Pour son petit garçon, elle rêve de l’avenir réservé à l’infime élite. Seulement, un jour, Wei-Wen tombe dans le coma après s’être aventuré seul dans une forêt… Afin de comprendre ce qui est arrivé à son fils, Tao se plonge aux origines du plus grand désastre de l’humanité.
Le roman réussit pleinement son objectif : il nous laisse un puissant sentiment d’urgence. Les histoires sont bien reliées les unes aux autres, créant une belle image philosophique autour de la transmission mais aussi de la nature. Si tous les personnages ne sont pas convaincants, cela me laisse penser que le véritable personnage principal est les abeilles. Les passages les concernant dénotent d’un vrai soin et d’une vraie recherche.
Le cœur et le sabre d’Olivier Gay
Du haut de son mètre quatre-vingt trois, Chloé est capable de vaincre n’importe qui à l’escrime.Mais lorsqu’elle aide Thomas, un garçon de sa classe, attaqué par une étrange créature, sa vie bascule. Gravement blessée, elle perd connaissance.
A son réveil, son corps ne conserve aucune trace de ce combat et elle se sent… différente et plus puissante. L’heure des révélations a sonné : Thomas possède des pouvoirs magiques et, pour la sauver, il a utilisé un rituel interdit qui l’a liée à lui. Devenue sa protectrice contre son gré, Chloé va découvrir le monde des Mages. Un monde fait de duels à l’épée, de courses sur les toits, de puissants sortilèges et d’ennemis implacables.
Un monde dans lequel elle n’a pas sa place.
Ce fut une très chouette lecture même si elle ne révolutionne pas le genre : le rythme est impeccable et bien dosé. Chloé est un personnage sympathique auquel on s’attache facilement, avec son franc-parler, ses références geek et son côté maladroit. Le roman reste assez introductif au niveau de son univers, ce qui est un peu dommage, qui je pense sera plus approfondi dans les prochains tomes.
Les quatre fils du docteur March de Brigitte Aubert
Elle et lui tiennent un journal.
Lui, c’est le tueur et l’un des quatre fils du Docteur March. Elle, c’est Jeanie la jeune bonne que le respectable docteur a engagée pour aider sa femme malade à s’occuper de la maison.
Lorsqu’elle tombe par hasard sur la confession écrite d’un meurtre abominable, Jeanie n’arrive pas à croire que parmi les quatre garçons aux visages d’enfants de chœur se cache un monstre. Un monstre qui lui écrit, qui la provoque, qui la menace. Malgré la peur qui la tenaille, elle décide de confondre le criminel et, craignant pour sa vie, consigne par écrit ses découvertes, ce que le meurtrier ne tarde pas à savoir.
Alors, chacun lisant le journal de l’autre, commence un cruel et morbide jeu de cache-cache.
Une lecture ma foi efficace ! L’autrice choisit un procédé narratif original qui rend son récit très dynamique et accrocheur. En alternant entre deux journaux intimes qui s’entrecroisent, elle crée un jeu du chat et de la souris fondé sur la manipulation et les faux-semblants. Le tout n’est pas dénué d’humour, grâce à Jeanie, ex-taularde portée sur la bouteille qui ne manque pas de bagout. Si la fin laisse un peu sur sa faim, j’ai globalement lu le roman d’une traite grâce à son écriture nerveuse et un bon sens du suspens.
Néons de Denis Belloc
C’est un jeudi soir, je vais faire des commissions rue de l’Ouest mon filet à provisions dans la main et un papier dans la poche de mon short. 1 kilo de pommes de terre, 1 laitue, 1 kilo de bananes (pas trop mûres et les moins chères). Il y a un grand type avec des moustaches très noires à l’autre bout de la pissotière, je regarde la queue de mon voisin mais ça m’intéresse pas, je préfère l’homme à la moustache, alors je sors de la pissotière, je vais rue de l’Ouest, il y a des marchandes de quatre-saisons et la pluie se met à tomber très fort, je m’abrite dans l’entrée d’un immeuble, il me rejoint, il dit : “T’es joli garçon, on pourrait se revoir ! Attends, je sors mon agenda.” C’est pas un agenda, c’est un portefeuille, il l’ouvre et il me montre une carte avec deux traits rouge et bleu, il dit : “Police, je t’emmène”, alors je me mets à trembler et à transpirer, je veux fuir mais je sens plus mes jambes.
Néons est un récit coup de poing. Autobiographie sans phare d’un homme qui a vécu sa vie à la marge dans un Paris populaire. L’auteur allie des moments de grande poésie à des instants plus crus et violents. C’est une série de tableaux qui s’offrent au lecteur, des périodes charnières de la vie de ce jeune homosexuel né dans une famille pauvre, qui vit une période de prostitution avant de se lancer dans la peinture. L’ensemble est poignant et tient aux tripes.
Quel est votre lecture coup de cœur du mois dernier ?
2 commentaires
Lutin82 · 1 octobre 2020 à 17 h 55 min
J’ai bien aimé le Maja Lunde!
La Geekosophe · 1 octobre 2020 à 23 h 00 min
Une très chouette lecture malgré ses longueurs et des personnages auxquels je n’ai pas accroché !