C’est l’été, c’est planet opéra ! Je m’étais procuré Les domaines de Koryphon notamment grâce à sa belle couverture, mais aussi parce que je souhaite approfondir mes connaissances sur les auteurs classiques de la SF. J’ajoute donc Jack Vance à l’éventail de mes découvertes littéraires en la matière.
Et comme on est sur une autre planète, la lecture entre dans le défi du Summer Star Wars !
Synopsis de Les domaines de Koryphon
Après cinq ans d’absence, le retour de la belle Schaine sur Koryphon permettait enfin à la famille Madduc d’être à nouveau réunie. Mais la situation politique se révèle plus tendue que jamais : le temps de la soumission est arrivé à son terme, et les seigneurs sont remis en question par les Uldras révolutionnaires.
Avant que Schaine ne rentre, son père lui a envoyé une lettre la prévenant d’une découverte stupéfiante avant de disparaître soudainement. Les enfants Madduc, accompagnés de Gerd Jemasze, un jeune seigneur voisin, et d’Elvo Glissam, un idéaliste, décident de rechercher
Uther Madduc afin d’éclaircir un imbroglio où se trament drames et passions.
Une histoire immersive
Un contexte très riche qui crée une planète crédible
Jack Vance nous fournit un univers ciselé à travers une certaine complexité. Il nous présente une planète, Koryphon, habitée par différentes espèces, dont la dernière arrivée, les humains, vivent dans de vastes domaines avec de nombreux serviteurs. Ils ont notamment des espèces extra-terrestres, aux mœurs variées et paraissant bien exotiques à nos yeux de lecteurs, en particulier en matière de croyance et de religion. L’auteur construit un univers avec un vocabulaire dédié très spécifique qui permet de bien décrire des façons de vivre différentes, même au sein des différents humains. Les propriétaires des domaines ont par exemple une mentalité similaire à celle des grands propriétaires sudistes, avec une vision très utilitaire et pratique, estimant que la Loi n’est rien sans aucun appui violent. Ils ont notamment en concurrence avec les Uldras, arrivés avant, qui ont trouvé en la personne du Prince Gris un représentant de leur virulence : ils souhaitent récupérer leurs terres. Ces derniers ont un mode de vie très spécifique et très bien décrit par l’auteur. Mais il y aussi les erjins, des créatures non dénuées d’intelligence mais qui servent de montures et sont particulièrement dangereuses.
La présence d’autant de factions différentes nous mènent à une question très présente le long de ce court roman : A qui appartient la Terre ? Dernier arrivé premier servi ? Liberté des peuples à déterminer d’eux-mêmes ? Les rédemptoristes sont par exemple des humains urbains qui militent pour la fin des domaines et le retour des terres aux Uldras, mais très enclins à l’abstraction. L’auteur donne par ailleurs son avis, qui est visible en sous-texte, mais qui est moralement difficilement défendable. Heureusement, les choses ne sont pas si simples et l’auteur évite de se prendre les pieds dans les tapis. Le prince gris, répondant au doux surnom de Brioche, ne semble pas avoir des intentions aussi claires, les propriétaires des domaines semblent enclins à la violence facile… Schaine, tout juste de retour, a du mal à faire la part des choses dans cet imbroglio politico-philosophique. Le tout est bouleversé par une découverte qu’aurait fait le père d’un des personnages principaux.
Un scénario efficace mais qui manque de souffle par moments
L’histoire est en elle-même assez simple et s’affirme comme une quête pour découvrir un élément qui risque de bouleverser l’équilibre des pouvoirs. Après la disparition du patriarche Uther Madduc, les personnes qui gravitent autour de lui doivent tant bien que mal raccrocher les wagons pour tenter d’en savoir plus sur les mystères de Koryphon. S’ensuivent différents voyages à travers les paysages, magnifiquement décrits de la planète. Il est intéressant de ressentir les dangers qui se tapissent dans ce monde lointain : les edjins capables de grands accès de violences, les uldras indépendantistes… L’auteur a un style très visuel qui permet de bien situer des éléments et de souffler le lecteur. J’ai apprécié le long voyage et les rencontres faites
J’ai en revanche été moins convaincue par les personnages : ils manquaient de profondeur pour être véritablement attachants, du coup les enchaînements d’aventures ne m’ont pas toujours captivé. Je pense qu’ils avaient pour objectif d’être des archétypes plutôt que des personnages à part entière, dont l’objectif est d’incarner une idée. Elvo est par exemple un urbain qui pense que les terres des domaines devraient être rendus. Gerd est un propriétaire terrien laconique mais efficace, là où le frère de Schaine est plus amer dans sa philosophie. Schaine a une vision plus partagée, faisant plus office de narratrice distanciée par moments, même beaucoup d’intrigues tournent autour d’elle.
Les domaines de Koryphon est un planet opera de très bonne qualité
J’apprécie ce récit que je trouve très dépaysant. L’auteur a créé un univers complexe où se côtoient plusieurs espèces. Il pose aussi bien des questions autour de la colonisation, notamment des rapports de domination, mais aussi des étrangetés des cultures différentes. Jack Vance développe un vocabulaire spécifique qui favorise l’immersion et démontre une grande créativité, notamment dans l’exploration des populations extra-terrestres. Dommage que les personnages soient un peu plus fades, ils auraient mérités d’être approfondis pour apporter plus d’ampleur au récit..
Note : 15/20
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2 commentaires
Yuyine · 17 août 2021 à 11 h 57 min
Dommage en effet pour les personnages qui sont pour moi un point essentiel dans les récits. Mais les idées sont intéressantes donc je le garde dans un coin de ma tete
La Geekosophe · 18 août 2021 à 16 h 30 min
C’est un souci que je trouve souvent dans la SF classique, les personnages !