Il y avait bien longtemps que je ne m’étais pas plongée dans un thriller ! Pour novembre, j’ai décidé de lire ce roman policier qui se passe dans le pays basque espagnol. Le silence de la ville blanche est un roman ambitieux et addictif qui nous plonge dans la ville de Vitoria, son folklore et son histoire.

Synopsis de « Le silence de la ville blanche »

Dans la cathédrale de Sainte-Marie à Vitoria, un homme et une femme d’une vingtaine d’années sont retrouvés assassinés, dans une scénographie macabre : ils sont nus et se tiennent la joue dans un geste amoureux alors que les deux victimes ne se connaissaient pas.
Détail encore plus terrifiant : l’autopsie montrera que leur mort a été provoquée par des abeilles mises dans leur bouche. L’ensemble laisse croire qu’il existe un lien avec une série de crimes qui terrorisaient la ville vingt ans auparavant. Sauf que l’auteur de ces actes, jadis membre apprécié de la communauté de Vitoria, est toujours derrière les barreaux. Sa libération conditionnelle étant imminente, qui est le responsable de ces nouveaux meurtres et quel est vraiment son but ?
Une certitude, l’inspecteur Unai López de Ayala, surnommé Kraken, va découvrir au cours de cette enquête un tout autre visage de la ville.

Plongée dans des meurtres rituels

Un thriller ésotérique qui bénéficie d’une bonne recherche

Évidemment, le fait de placer l’action dans le pays basque espagnol apporte une vraie touche d’originalité. Nous sommes dans Vitoria, la capitale culturelle. La lecture permet de nous plonger dans ses ruelles, ses fresques, mais aussi ses bâtiments historiques. En effet, l’enquête de Kraken se concentre sur un tueur fasciné par le folklore local, qui possède une grande érudition de la culture et de l’histoire de la région. Nous sommes donc également plongés dans les légendes et symboles qui font la spécificité du Pays Basque Espagnol. Que ce soit à travers la particularité des noms des personnages (oui, beaucoup ont des noms très longs même pour des standards espagnols), la présence de symboles comme les Eguzkilore…

L’autrice est vraiment passionnée de culture basque, ça se sent. De plus, on a vraiment l’impression de traverser la ville de Vitoria. Le roman est bien travaillé à travers différentes références qui se font écho. Comme par exemple le prénom Blanca, qui évoque également la Virgen Blanca, une place centrale de la ville. Le motif des Eguzkilore est également très présents, qu’il soit en tant que symbole ou surnom. Le récit est emprunt de beaucoup d’ésotérisme, ce qui rappelle un peu les thrillers des années 2000, mais l’autrice en tire les bons éléments en ne tombant que rarement dans le ridicule.

Une enquête originale et bluffante

L’autrice prend le partie de créer une enquête qui prend la forme d’une course contre la montre. Classique mais diablement efficace. En effet, le meurtrier semble prendre ses victimes au hasard hormis leur âge et le fait qu’il tue toujours un homme et une femme du même âge. On gagne encore en complexité car des crimes similaires ont déjà été commis il y a quelques années et le coupable semble avoir été arrêté et croupit en prison depuis quelques années. Est-ce un copycat ? Ou bien une grave erreur judiciaire ?

De plus, les pistes se multiplient. On se demande aussi bien s’il s’agit d’une histoire de famille, de vengeance en lien avec le passé, ou d’un illuminé qui frappe au hasard. Le récit se montre, malgré quelques exagérations propres au genre, assez sophistiqué et complexe dans son déroulé. D’autant plus que certains passages ont lieu dans le passé. Les rebondissements sont nombreux, et à certains moments de l’enquête on sent très bien les doutes qui traversent Kraken, qui a l’impression d’être un pion dans un jeu très subtil. La fin est particulièrement haletante par ailleurs et vient couronner le tout.

Des personnages variés mais un chouïa stéréotypés

Les personnages du livre sont assez nombreux. J’ai apprécié le fait qu’ils soient assez variés, notamment dans les personnages secondaires. Si Unai, l’enquêteur principal, est un peu classique avec son passé sombre et son côté détective de roman hanté par un passé dramatique, il est assez bien écrit pour qu’on s’y retrouve. Son entourage est une bonne surprise et permet d’apporter un peu de fraîcheur, comme un frère de petite taille ou un grand-père très attachant. J’aime beaucoup aussi l’idée d’avoir créé une détective, Esti, qui est également sa meilleure amie. Leur relation sans ambiguïté est assez rare pour être soulignée.

J’ai cependant plus de réserves sur la relation entre Unai et son intérêt romantique, qui donne naissance à quelques passages un peu trop clichés à mon goût. Heureusement, l’aspect romantique n’est pas le plus essentiel dans ce type de thriller qui se veut assez sombre. L’objectif est plutôt d’instrumentaliser les sentiments du personnage principal pour ajouter de la dramatisation et de l’enjeu. J’ai également eu un peu de mal avec la gémellité. Je comprends le symbole mais c’est un vraiment un cliché usé jusqu’à la corde qui, à mon goût, ne réalise pas assez son potentiel pour avoir un poids suffisant dans l’histoire.

Le silence de la ville blanche est un thriller noir de très bonne qualité

Haletant, complexe et bien pensé, Le silence de la ville blanche ravira les fans de policier sombres avec des intrigues ésotériques alambiquées. Sa force est de savoir maîtriser les de ce type d’œuvre avec assez de subtilité pour ne pas créer de sensation de déjà vu. C’est notamment réussi grâce à l’implantation d’éléments historiques et culturels du Pays Basque espagnol, qui sont vraiment le centre de l’enquête. Les personnages sont variés et globalement attachants, bénéficiant d’une histoire toujours sombre mais qui apporte de la solidité dans leur construction. J’ai cependant des réserves sur certains clichés autour de leurs relations (romance un peu accessoire, gémellité peu creusée…), mais ce n’est pas assez pour ternir ce qui est, globalement, un excellent roman policier.

Note : 17/20

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Catégories : Chroniques

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