Une lecture parfaite pour la saison ! Chesstomb de John Ethan Py nous entraîne dans un roman d’horreur baroque et complexe. Le résumé m’avait donné très envie et j’apprécie beaucoup les œuvres publiées par cette maison d’édition. Un roman qui, de plus, se prête très bien au Pumpkin Autumn Challenge. Qu’en-ai-je pensé ?
Synopsis de Chesstomb
« Son corps meurtri et griffé avait pris une teinte bleuâtre se confondant avec celle du sapin, si bien que ceux qui le trouvèrent crurent un instant à une statue végétale surgie de l’arbre lui-même. »
1922. Howard Phillips Lovecraft écrit une de ses plus étranges nouvelles : Herbert West, réanimateur.
2001. Le meurtre atroce d’une famille plonge la ville de Chesstomb dans le deuil. Journaliste de renom, Shelby Williams vient y enquêter. Accumulant une somme de documents qui fera date dans l’histoire du journalisme d’investigation, il remonte peu à peu l’histoire de la ville. Jusqu’à cette fameuse année 1922 qui a vu la querelle de plusieurs médecins tourner au tragique. Le plus étrange : tout indique que le personnage de Lovecraft aurait son origine dans ce drame.
Un récit d’horreur sanglant
Une histoire complexe et composite
La plus grande originalité du roman réside dans sa forme. L’auteur construit une histoire basée sur de multiples témoignages de personnes ayant vécu les évènements relatés. Il y a donc un très grand nombre de personnages à suivre, et j’ai parfois eu du mal à me souvenir de qui est qui. De plus, l’auteur varie les formats. On a aussi bien des extraits de journaux personnels, des lettres personnels que des articles ou des passages plus classiques. L’ensemble donne l’impression de rassembler les pièces d’un puzzle.
Mais l’enquête n’est pas le seul style qu’arbore Chesstomb. L’histoire prend des tons plus fantastiques au fil du temps, avec des références bibliques et, bien sûr, la réanimation. Le style sera même souvent gore et direct, avec une belle quantité de sang. J’ai trouvé que parfois, l’auteur en faisait un peu trop, ce qui m’a déconnecté de l’histoire et m’a paru gratuit et sans grande utilisé pour l’intrigue ou l’ambiance. Le mélange entre fantastique, horreur et ésotérisme lié à l’audace de la forme permet cependant de bien s’immerger la moitié du roman, on a envie de découvrir les secrets du livre. L’ambiance est ainsi mystérieuse.
Un roman qui joue avec son lecteur
L’auteur aime par ailleurs beaucoup jouer avec ses lecteurs. C’est souvent le cas avec les récits qui se placent volontairement dans une forme de subjectivité totale, comme dans les nouvelles de Lovecraft par exemple, ou une grande partie de la littérature fantastique. On se demande tout le long du livre ce qui est vrai ou pas, qui sont réellement certains personnages ou ce qui les motive. Le sentiment est renforcé par une très bonne partie finale, où les aspects fantastiques et épouvantes sont très bien dosés pour nous laisser sur un sentiment de grand doute sur ce qu’on a lu.
L’auteur joue également avec de nombreuses références. Dans un premier temps, il y a une grande place donnée à l’ésotérisme. Si Descartes est souvent mentionné, c’est surtout pour mettre en avant son attrait pour certaines croyances autour de la vie et la mort et évoquer les zones d’ombre de sa vie. Malgré quelques assertions un peu étranges, notamment le fait que le français du XVII siècle serait complètement illisible même pour des français (bon sang, on étudie un tas d’œuvres dans le texte écrits à cette époque, je ne prétends pas que ce soit méga abordable, mais c’est compréhensible). L’auteur se nous offre également un peu petit jeu de temporalité qui nous permet de découvrir une partie de la vie d’HP Lovecraft imaginant ce qui a été son inspiration pour sa nouvelle Herbert West, réanimateur.
Chesstomb est un roman intrigant qui vaut le coup d’œil
Chesstomb crée avant tout la surprise grâce à un format original. Se basant sur des éléments comme des extraits de journaux ou des témoignages, le livre dégage rapidement une ambiance étrange. On a l’impression de participer à une chasse au trésor complexe, trop parfois devant la multitude de personnages. Le livre jongle habilement avec les genres, à part quelques scènes gores ou de sexe qui frisent le kitsch. J’ai cependant apprécié les références philosophiques et littéraires qui sont bien imbriquées à l’histoire du roman, notamment autour de Descartes et de HP. Lovecraft. Cerise sur le gâteau, j’ai trouvé le final très réussi.
Note : 15/20
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1 commentaire
Yuyine · 9 décembre 2021 à 14 h 31 min
Il fait parti des rares romans de HSN que je n’ai pas encore lu. Tu me donnes très envie de remédier à cette situation xD