Erectus de Xavier Müller propose un concept original : et si un virus était capable de provoquer chez les espèces des régressions génétiques de plusieurs millions d’années ? Nous voilà plongés dans un thriller scientifique qui ne manque pas d’attrait. Mais la lecture est-elle à la hauteur de ses promesses ?
Synopsis d’Erectus
Et soudain l’humanité se mit à régresser
À Richards Bay, en Afrique du Sud, c’est le choc.
Un homme s’est métamorphosé. Il arbore des mâchoires proéminentes, est couvert de poils, ne parle plus.
Bientôt, à New York, Paris, Genève, des Homo erectus apparaissent en meutes, déboussolés, imprévisibles, semant la panique dans la population.
De quel virus s’agit-il ?
Que se cache-t-il derrière cette terrifiante épidémie ?
Une scientifique française, Anna Meunier, se lance dans une course contre la montre pour comprendre et freiner cette régression de l’humanité.
Partout, la question se pose, vertigineuse : les erectus sont-ils encore des hommes ?
Faut-il les considérer comme des ancêtres à protéger ou des bêtes sauvages à éliminer ?
Un thriller scientifique qui tient en haleine
Une histoire en dents de scie
Mon expérience de lecture a été assez spécifique. J’ai d’abord eu un peu de mal à me plonger dans le lecture. Le roman met un peu de temps à démarrer, se centrant rapidement sur le personnage d’Anna Meunier, paléontologue que j’ai eu du mal à apprécier. Le problème est qu’elle est un peu cliché, à la fois considérée comme très douée et avant-gardiste dans son métier et l’auteur insiste toutes les trois pages sur le fait que ce soit une femme très séduisante. Mais une fois passé cette introduction lourdaude, l’auteur manie habilement son concept grâce à de nombreuses bonnes idées.
L’auteur alterne différents points de vue pour mettre en avant l’ampleur de la catastrophe qui frappe le monde. Des prémices jusqu’à la généralisation du virus. On suit aussi bien des personnes normales tentant tant bien que mal de survivre dans un monde devenu dangereux que des scientifiques ou des politiques tentant de trouver une issue. Autre point de vue intéressant, celui des Erectus, se trouvant soudainement dans un monde hostile. L’ensemble apporte un peu de dynamisme à un récit qui est parfois traversé de longueurs.
Des questionnements intéressants
Le récit pose une opposition nette entre préhistoriques et espèces modernes. Les premiers sont souvent très agressifs et n’hésitent pas à attaquer. Dans cet esprit, les homo sapiens se sentent immédiatement menacés. Quelle place accorder à ces ancêtres qui viennent réclamer leur place dans le monde ? La réponse est bien sûr agressive, avec le recours aux forces armées. La question est donc de savoir quelle genre d’humanité nous souhaitons être face à une altérité qui représente également la similarité. C’est un peu manichéen mais efficace.
J’ai cependant trouvé ces éléments un peu en surface par moments. J’aurais par exemple aimé une plus grande place accordée à la paléontologie en tant que telle. Mais à part quelques références à des espèces, je suis finalement restée sur ma faim. Sans doute le récit souhaitait-il rester grand public, mais la conséquence est qu’il manque un peu de profondeur à mon goût, y compris dans la personnalité des différents protagonistes, qui souffrent du manichéisme de l’histoire. C’est d’autant plus dommage que l’auteur semble avoir fait un travail approfondi de recherche, notamment sur la régression et les homo erectus.
Efficace mais pas mémorable
Erectus fait partie de ces romans qui présentent une idée intéressante et parviennent à en faire une histoire prenante. L’auteur maîtrise très bien son histoire et joue avec les points de vue pour donner une sensation d’urgence et d’angoisse très réussie. L’écriture est très efficace dans les moments d’actions, mais aussi pour alterner entre différents points de vue qui permettent de bien transmettre la gravité et l’escalade de la situation à travers le monde. Après, il ne faut pas être trop regardant sur les clichés : c’est assez manichéen et les personnages n’ont pas beaucoup d’épaisseur. Mais ça reste une lecture agréable et rondement menée.
Note : 15/20
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