Et si la mort n’était plus l’ultime frontière ? C’est le parti pris du roman d’Hannu Rajianemi, Summerland. Auteur finlandais habitué à la hard SF, il nous livre ici un livre entre surnaturel et uchronique, dans lequel les humains ont bâti une société au sein de laquelle la mort n’est plus qu’une contingence. Merci aux éditions ActuSF pour l’envoi !
Synopsis de Summerland
Le deuil appartient au passé. Le meurtre est obsolète. Mourir n’est qu’un début.
En 1938, la mort n’est plus crainte, mais exploitée.
Depuis la découverte de l’au-delà, l’Empire britannique a étendu son emprise jusqu’en Summerland, un lieu uniquement peuplé de personnes récemment décédées.
Cependant, la Grande-Bretagne n’est pas la seule à vouloir exercer une mainmise sur la vie après la mort. Les Soviétiques ont des espions en Summerland et disposent des moyens technologiques pour créer leur propre dieu.
Lorsque Rachel White, agent du SIS, obtient des informations sur une taupe soviétique, elle donne l’alerte, mettant sa carrière en péril. L’espion en question a des amis haut placés, et elle va devoir agir en solo si elle veut le coincer.
Mais comment attraper quelqu’un qui est déjà mort ?
Uchronie et espionnage
Un roman au concept surprenant
Summerland nous plonge dans un univers étrange. Nous sommes dans les années 30 et la mort n’est plus la dernière frontière. Les morts récents finissent à Summerland, une ville fantasmagorique. Ils peuvent communiquer les vivants via des appareils spécialement conçus pour cela. Ils sont aussi capables de prendre possession de corps de médium pour se promener dans le monde des vivants. Toute la société est profondément affectée par ce changement. Philosophiquement, comment tient une société quand la fin ultime n’est plus qu’un passage ? L’auteur développe toute une technologie et un historique autour de cette nouvelle découverte. La nouvelle fin est la dissipation, la mort définitive, à laquelle il est possible d’échapper grâce au Ticket. C’est une carotte bien utile pour faire faire ce qu’on veut à des personnes, ce qui se révèle efficace dans l’espionnage.
La guerre semble presque un jeu futile. Mais l’espionnage au contraire bat son plein quand la situation reste tendue entre les grandes puissances de l’époque. URSS, Grande-Bretagne, États-Unis… Le jeu entre le chat et la souris s’organise jusque dans le monde des morts. Qui saura tirer le plus parti de la nouvelle terre promise ? Car le nouveau graal est l’immortalité. Le spiritisme se mêle au transhumain : Ranni Rajaniemi construit une société qui tente de surmonter sa faiblesse par tous les moyens. Les connexions entre surnaturel et technologie permettent de créer un monde vraiment original que l’auteur exploite à merveille.
Un roman complexe et difficile d’accès
Malgré des idées intéressantes et globalement bien exploitées, j’ai trouvé le début du roman difficile. L’auteur donne peu d’indices sur le fonctionnement de son univers. On sent sa patte tournée vers la hard SF dans sa façon de décrire les spécificités de la cité de Summerland. La cité des morts a des mécaniques spécifiques. Cependant, je ne les ai pas beaucoup retrouvées pendant ma lecture et j’ai trouvé que le détail dans la description rendait parfois la lecture plus confuse qu’autre chose. Pour tant ce sont des éléments très originaux et rarement vus en littérature de ce genre qui sont exposés. J’ai eu la même sensation au niveau du déroulé de l’histoire. C’est le lot des histoires d’espionnage, mais la situation géopolitique complexe m’a un peu perdue par moments.
Pourtant, l’histoire comme les personnages ne manquent pas d’attraits. J’ai apprécié les deux principaux. Rachel est une femme intelligente et déterminée, qui tentent d’accomplir son devoir dans un monde dominé par les hommes et le favoritisme. Peter Bloom est un agent aux multiples allégeances qui utilisent sa mort pour accomplir ses missions. Leur relation, trouble et subtile, est bien mise en scène, comme deux ennemis qui ne peuvent pas s’empêcher de s’admirer malgré leur différences de loyauté. L’auteur prend également le temps de décrire des histoires de liens et de familles, ce qui permet d’apporter de la profondeur aux personnages.
Summerland est original, mais (trop) dense
J’ai beaucoup apprécié l’univers construit par l’auteur. Le mélange d’espionnage et de spiritisme fonctionne très bien pour donner à ces années 30 une aura de mystère. Les personnages sont bien construits, avec une belle profondeur dans leur histoire et leur personnalité. Nous sommes dans un monde où la mort n’est qu’un passage. La société change donc radicalement de posture philosophique : la guerre est un jeu et il faut trouver d’autres moyens de se débarrasser des personnes gênantes. J’ai cependant trouver le roman assez difficile d’accès, tant au niveau des détails de l’univers que du scénario alambiqué. J’ai failli décrocher à plusieurs reprises malgré l’intérêt de l’œuvre.
Note : 14/20
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4 commentaires
Shaya · 1 novembre 2022 à 11 h 23 min
Oui bon, je vais peut-être retirer ce que j’ai dit juste avant :p ceci dit le concept a l’air vraiment chouette !
La Geekosophe · 2 novembre 2022 à 23 h 03 min
ça reste une lecture sympathique ! Mais il faut aimer les explications parfois alambiquées 😀
Brize · 6 novembre 2022 à 20 h 50 min
Ça fait un moment que je tourne autour et, à te lire, je ne regrette pas de ne pas avoir franchi le pas .
La Geekosophe · 7 novembre 2022 à 15 h 18 min
Pour moi, c’est une lecture sympa mais dispensable, même si ce fut intéressant à découvrir !