J’ai beaucoup entendu parler de Cemetery Boys d’Aiden Thomas il y a quelques années. J’étais curieuse de découvrir cette lecture qui s’est révélée parfaite pour octobre et l’approche d’Halloween. Entre fantômes, identités et rites latino-américains, bienvenus dans communauté des brujx de Los Angeles.

Synopsis de Cemetery Boys

Parce que sa famille latinx a du mal à accepter son genre, Yadriel veut leur prouver à tous qu’il possède les pouvoirs d’invocation des hommes et non pas celui de guérir, comme les femmes.
« Le visage de l’esprit était tordu par une grimace, ses doigts noués dans le tissu de son haut. Il portait un blouson en cuir noir avec un capuchon sur un t-shirt blanc, des jeans délavés et une paire de Converse.
« Ce n’est pas Miguel », essaya de chuchoter Maritza, mais elle n’avait jamais vraiment eu une voix faite pour ça. Yadriel gémit et se passa la main sur le visage. Du bon côté des choses, il avait invoqué un esprit pour de vrai. Du mauvais côté des choses, il n’avait pas invoqué le bon. »

Un récit inclusif parfait pour Halloween

Trouver sa place quand on est différent

Gay et trans, Yadriel est le fils du chef des brujx. Communauté latina qui ont des pouvoirs liés à la vie et à la mort, les brujx ont cependant du mal à accepter la situation de Yadriel. Ce dernier est ainsi plus ou moins exclu, un destin qu’il partage avec sa cousine Maritza, et son oncle aux pouvoirs inexistants. Il tente donc d’accomplir le rituel de passage pour devenir un brujo à part entière avec l’aide de cette dernière. Comme vous vous en doutez, cela fonctionne. Mais d’autres problèmes surgissent assez vite, puisque leur cousin Miguel disparaît mystérieusement et qu’ils invoquent par erreur un autre esprit. Julian, gay et issu d’une famille brisée, est également un ado qui a du mal à trouver sa place. Mais plein de vie et dynamique, son impétuosité va pousser Yadriel à s’affirmer et assumer son identité auprès de son entourage. En effet, c’est au début du roman un garçon avide de reconnaissance, coincé entre la volonté d’être la hauteur des attentes de son père et de déployer son véritable être. Cemetery Boys est un récit de coming of age touchant. Mais ces doutes constants de la part de Yadriel peuvent parfois ralentir l’intrigue, dont une bonne partie est parfois masquée par les quêtes personnelles des personnages.

A travers le personnage de Julian, le récit parle aussi de famille choisie. En effet, le roman met en scène sont lot de familles séparées, de violence et d’immigration. Julian s’est construit un groupe composé d’autres gamins laissés pour compte, entre une jeune fille trans laissée à la rue, un mineur dont les parents ont été renvoyés au pays… Un groupe hétéroclite de jeunes exclus qui se protègent les uns les autres, trouvant réconfort et acceptation dont ils ont été privés une grande partie de leur vie. Ainsi, Cemetery boys donne la part belle aux personnages. Ces derniers sont diversifiés et bien construits, portés des dialogues pétillants et des personnalités marquées. C’est notamment le cas pour Julian, que j’ai déjà évoqué, mais aussi pour Maritza. Adolescente végane, elle refuse de s’adonner à des sacrifices d’animaux pour aider les gens, et refuse donc de devenir une bruja à part entière. Il faut une sacrée force de caractère pour assumer ses choix de vie à l’encontre de siècles de tradition.

Plongée dans la culture latina

Aiden Thomas met en avant les latino-américains dans toute leur diversité. Les personnages viennent de Colombie, de République Dominicaine, du Mexique… Chacun venant avec ses propres traditions. La plus importante est celle de la Santa Muerte, sainte patronne des brujx. Si elle représente la mort, elle est aussi associée au souffle vital et au renouveau, ce qui en fait une figure nuancée qui montre un autre rapport à la mort. A l’approche de Dia de los Muertos, c’est aussi le moment de découvrir toutes les traditions liées à cette période centrale pour l’Amérique centrale et du sud. Les morts ont ainsi droit à leurs repas préférés, à des pâtisseries préparées pour eux. C’est un moment multigénérationnel, qui réunit toute la famille et toute la communauté, ce qui prend beaucoup de sens dans la quête de Yadriel pour prouver son statut de véritable brujo.

L’auteur développe son univers à partir de ce folklore pour y ajouter la magie. Ainsi, tous les brujx sont capables de voir les esprits. Les fantômes sont rarement dangereux, à part lorsqu’ils restent trop longtemps dans le monde des vivants. L’une des missions des brujx est de guider les âmes vers le passage dans l’eau-delà en coupant la ligne d’or qui les relie à un objet qui leur est cher. Il existe plusieurs moments pendant lesquels les morts peuvent revenir parmi les vivants, le temps d’une nuit. Le roman fait aussi plusieurs fois références aux cultures précolombiennes pour souligner le caractère distinct des traditions latino-américaines. Ainsi, l’usage du sang dans les rites s’inspire des sacrifices aux anciens dieux, de même qu’il est fait plusieurs fois références au monde de Xibalba.

Cemetery boys nous immerge dans une culture unique en parlant d’inclusion

Ce Young Adult propose une histoire bien travaillé. Par rapport à d’autres livres du genre, Aiden Thomas construit des personnages touchants qui évoluent avec cohérence au long du récit. La question de l’identité et de l’inclusion face à des traditions centenaires est centrale. Elle permet d’aborder la violence, le rejet, mais aussi la tolérance et la force des familles choisies. Ainsi, le roman mobilise de nombreuses croyances latino-américaines, donnant naissance à une histoire peuplée de fantômes, de guérisseurs et accordant une grande place à la Santa Muerte et aux rites précolombiens. Ce choix en fait une lecture dépaysante et rafraîchissante, mais surtout à l’ambiance parfaite pour Halloween. Le seul bémol pour moi est le rythme de l’histoire, qui parfois se perd entre différents arcs narratifs et traîne en longueur.

Note : 16/20

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Catégories : Chroniques

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