J’ai découvert ce roman sur la chaîne Linksoff de Linksthesun. En le voyant proposé en Masse Critique, je me suis souvenue que le youtubeur avait un sacré coup de coeur. Je ne connaissais pas non plus la maison d’édition, L’en deçà de Norman Jangot va donc me permettre de mettre en avant un éditeur et un auteur encore peu connus. Qu’ai-je pensé de ce roman de post-apo ?

Synopsis de L’en deçà

Ont-ils heurté une île ? Un récif ? Les secours arriveront-ils à temps ? Et qu’en est-il de ce corps inanimé à bord du bateau ?
Après un naufrage en haute mer, Sophie, sa soeur Luna et leurs amis découvrent malgré eux les dures lois de la survie en milieu hostile.
S’entame une épopée parsemée d’embûches vers le retour à la civilisation et la découverte de ce qui a réellement fait échouer leur bateau : la coque a heurté la plaine abyssale, car il n’y a plus une goutte d’eau dans l’océan.

Des survivants dans un monde sans eau

Un goût de survival horror

Le roman commence in medias res. Sophie se réveille dans l’obscurité. Elle cherche sa petite soeur et ses amis, ils sont partis ensemble en voyage. Dès les premières pages, l’auteur nous plonge dans une ambiance suffocante. Le sentiment d’urgence est très présent, notamment car comme les personnages, nous avons très peu d’informations sur ce qu’il se passe, où ils sont et pourquoi il semble si compliqué pour eux de sortir du sommeil. Les compagnons essuient une première perte et doivent survivre à un désert, au milieu d’algues et d’animaux morts. La première partie du roman prend le parti de suivre la survie de notre petit groupe. Eau, nourriture, médicaments, tout est précieux, tout manque. L’auteur traduit très bien ce sentiment de danger et d’urgence.

Léo, l’un des survivants, a une bonne connaissance des océans et prend vite la place de leader. Une place d’autant plus difficile que c’est son compagnon qui est décédé. De plus, Lucas, l’un des amis, est blessé à la cheville et ne peut pas se déplacer. Quant à Luna, elle se révèle pour le moins imprévisible. Ce n’est pas un groupe facile et leur comportement se révèle rapidement la première source de danger pour eux tous. Plus même que l’odeur pestilentielle et pleine de poison qui s’achappe des algues échouées et des animaux décharnés pourrissant sous un soleil de plomb. Plus que la chaleur étouffante qui vient marquer la fin de cette humanité. Pour quoi ? Comment ? L’auteur ne l’explique, se focalisant sur les stratégies de survie des personnages et surtout sur les relations que les unissent.

Une histoire de relations et de liens

Comme beaucoup de romans post-apocalyptique, la disparition de la civilisation permet de se concentrer sur les individus. Ainsi, l’en-deça explore ses personnages à travers différents points de vue. Comment les personnages se voient-ils ? Comment sont-ils vus ? Les phases d’introspection permettent de comprendre leur passé, leurs décisions et surtout leur caractère. L’auteur parviet à construire des personnages très nuancés aux relations très complexes. La plus approfondie est celle qui lie Luna à sa soeur Sophie. Sophie est plutôt sage, discrète, à la fois éclypsée par sa soeur mais terriblement protectrice envers elle. Luna est quant à elle un personnage éminemment complexe, au passé très sombre et dont le comportement aussi erratique que séduisant fascine son entourage. Quitte à dévoiler une part cachée plus sinistre… et dangereuse ?

Car la mort est très présente et l’auteur n’hésite pas à mettre à mal ses personnages. Le roman propose ainsi une exploration fascinante des désordres mentaux, avec un survivant qui semble perdre pied avec la réalité et trouve sa place dans un monde sans règles. J’ai beaucoup ces passages qui avaient quelque chose de très viscéral et qui rendait ce personnage particulièrement réel et troublant. La deuxième partie du roman change de décor pour nous proposer une expérience déstabilisante en communauté. Cette idée permet de déployer encore la forme de folie du personnage. Jusqu’à la fin, qui offre une conclusion brutale bien qu’ouverte, que j’ai trouvée bien adaptée au roman.

L’en deçà est un roman post-apo psychologique marquant

J’ai beaucoup aimé ce roman ! Dopé par une écriture nerveuse et des personnages parfaitement maîtrisés, il nous entraîne dans un univers qui touche littéralement le fond. Norman Jangot a une plume prenante, directe, qui enchaîne bien les événements, les drames… Le récit se rapproche d’un survival horror du point de vue d’un groupe d’amis. Le duo formé par Luna et Sophie est inoubliable, tant la transformation de la première est menée avec habileté. L’en deçà aborde les problématiques de santé mentale avec talent. Si vous cherchez un récit postapo efficace et original, vous pouvez vous lancer.

Note : 18/20

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Catégories : Chroniques

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