Et vous aviez fait d’autres choix dans votre vie, qui seriez-vous devenu ? De cette question qui nous hante toutes et tous, Blake Crouch a tiré un thriller : Black Matter. Le roman a été récemment adapté en série, tout comme la trilogie Wayward Pines. Ce qui se comprend totalement étant donné le talent de l’auteur pour les intrigues originales au rythme accrocheur.

Synopsis de Black Matter

Quand Jason Dessen se réveille, il se trouve dans un monde qui n’est pas le sien. Son épouse n’est plus son épouse, son fils n’est jamais né, un complet inconnu se prétend son ami de toujours. Et Jason n’est ici pas un simple professeur de physique, mais un véritable génie à l’origine d’une découverte époustouflante. La seule chose dont il se souvient, c’est qu’un soir, en rentrant chez lui, il a été kidnappé par un inconnu masqué auquel il a été impossible d’arracher la moindre explication. De toute manière, ce dernier lui a dit que même s’il lui expliquait tout, Jason refuserait d’y croire.

Thriller, physique quantique et science-fiction

Les choix que nous faisons façonnent la vie que nous menons

Lorsque Jason se réveille dans un monde où 15 ans de sa vie semblent avoir disparu, il pense sérieusement avoir perdu la raison. Mais non, il fait en réalité face à une machination liée à des recherches qu’il a bandonnées pour épouser sa compagne enceinte et son enfant. Dans cette nouvelle réalité, il a fait le choix inverse et est devenu un scientifique reconnu dans le monde entier. Une bifurcation essentielle pour ce tranquille professeur d’université qui tient beaucoup à sa famille. Il découvre que cet autre Lui, scientifique génial, est différent de lui. Jason 2 est un homme obsédé par ses recherches, souvent froid, assez dur. Le récit met bien en exergue la façon dont nos choix de vie affectent et cosntruisent la personne qui nous sommes. Qu’est-ce qui nous est essentiel et qu’est-ce que qui n’est pas ? Quelles erreurs avons-nous commises ? Et si un autre nous avait fait un choix différent ?

C’est toute la question que pose ce roman fondé sur un principe de la physique quantique. Ce n’est pas vraiment un spoiler car la révélation vient rapidement, mais la théorie met en avant que chaque choix que nous faisons donne vie à une nouvelle réalité qui continue d’exister de manière parallèle, invisible à nous. Nous existerions alors sous la forme d’une infinité de variations, ce qui m’a également fait beaucoup réfléchir en me demandant ce que je serais devenue si j’avais fait d’autres choix. Jason 1 était bien content de sa vie ceci dit, et parvenir à retrouver sa femme et son fils ressemble à une quête de l’impossible tant ce que propose la théorie quantique est vertigineux. Tous les développements les plus extrêmes possibles, Chicagos apocalyptiques, utopiques, si proche de notre réalité sauf un détail… Le roman joue habilement avec ces idées pour proposer un voyage halluciné qui dépasse notre notion de réalité.

Thriller nerveux, Jason niais

Le roman a le mérite de présenter le questionnement autour de la théorie quantique de manière assez simple. Tout le monde n’étant pas doctorant en physique quantique et même Jason 1 se perd un poil. Black Matter remplit parfaitement son office de page turner doppé à la science. J’ai peut-être trouvé un petit moment de longueur lorsque Jason 1 commence à chercher son monde d’origine, mais ce voyage donne naissance à des passages tellement hallucinés que je lui pardonne. Je pardonne moins à Jason sa propension à la sensiblerie exacerbée. Son amour pour Daniela est certes compréhensible, mais certains passages où il perd la boule et abandonne tout (alors qu’il ne s’agit pas sa Daniela dans la plupart des cas) m’ont semblé presque absurdes. Ce sont des moments où je devais lever les yeux au ciel : pourquoi mettre en danger un projet qui n’a quasiment peu de chance d’aboutir de cette façon ?

Je me suis également demandé comment l’auteur allait sortir de son imbroglio narratif. J’ai beaucoup apprécié sa gestion de la dernière partie. Certains trouveront sans doute que son choix scénaristique va trop loin, j’ai trouvé pour ma part cette volonté d’aller jusqu’au bout de son concept audacieux et bien maîtrisé. Sans trop en révéler, j’ai apprécié le fait que la situation était de plus en plus incontrôlable, avec un sentiment d’urgence, voire de fatalité, exacerbée. Cette fin de roman met plus que jamais la question de l’identité à travers les choix que l’on fait, de ce que l’on aurait vécu suivant les différents chemins que l’on aurait pris et les impacts sur nos proches. Autre prouesse, la fin offre une belle conclusion à ce récit nerveux.

Black Matter mêle parfaitement thriller et SF

Black Matter remplit sa mission : c’est un page turner nerveux à l’histoire bien travaillée. L’écriture directe nous emporte dans un scénario fondé sur la physique quantique. Le roman pose la question des choix que l’on fait au cours de son existence, comment ils influencent la personne que nous devenons et peuvent parfois nourrir des regrets. En physique quantique, chaque décision amène une nouvelle réalité, et le héros, Jason, doit se lancer dans une quête impossible pour retrouver son monde et sa famille. Ces voyages sont passionnants, montrant l’amplitude des possibilités, des pires au meilleures. Là où j’ai eu le plus de mal, c’est que l’obsession de Jason pour sa femme lui fait prendre des décisions idiotes, se met en danger et surtout, met d’autres personnes en danger. J’ai trouvé cependant la fin du récit très audacieuse, surtout que ce n’est pas le genre d’histoire facile à terminer.

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Catégories : Chroniques

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