Chelsea Quinn Yarbro est une autrice que je ne connais pas. En trouvant l’un de ses romans en seconde main, je me suis dit qu’il était temps d’en découvrir plus. Ariosto Furioso se passe en grande partie dans une Renaissance fantasmé, où l’Italie fédérée s’est emparé du Nouveau Monde. Ariosto, fameux poète, rédige alors la suite de son Orlando Furioso sous l’égide puissante de Damiano de Medici.

Synopsis d’Ariosto Furioso

En 1533, l’Italia Federata a conquis le Nouveau Monde. À Firenze, Lodovico Ariosto, poète et conseiller de Damiano de Medici, est pris en étau entre les factions rivales qui se disputent le pouvoir.
Telle est la realtà.
Le poète s’évade en écrivant une suite à son Orlando Furioso. Et dans cette Amérique de rêve, il devient Ariosto le héros qui, monté sur son hippogriffe fabuleux, va défendre les Cérocchi contre les sorts et les sorciers.
Telle est la fantasia.
Jusqu’au jour, tragique, où rêve et réalité se rejoignent…

Un concept intéressant qui n’a pas su me séduire

Le poète rêve sa vie

Comme vous l’avez lu dans le résumé, le roman explore deux narratifs. Le premier, la realtà, est une uchronie dans laquelle l’Italie s’est fédérée près de trois siècles en avance. Forte de la puissance de la Renaissance, elle est un pays redouté mondialement. Mais l’unification suffit-elle à apaiser les luttes intestines entre les différents royaumes ? Lodovico Ariosto, poète fidèle à Damiano de Medici, se retrouve malgré lui mêlé à des complots. Cette partie est extrêmement intéressante. Elle aborde des questions de loyauté, de religion mais aussi de relation familiales. L’écriture de Chelsea Quinn Yarbro permet de bien mettre en avant les dilemmes des personnages. On sent qu’Ariosto n’est pas très à l’aise bien qu’il tente de soutenir son ami. Les querelles entre les différentes branches de la famille des Medici se mêlent aux rivalités avec le reste de l’Europe. J’aime beaucoup les intrigues historiques et j’ai plutôt apprécié cette partie du récit.

La fantasia désigne l’oeuvre que rédige Ariosto. Je pense qu’il faut avoir lu la première oeuvre de l’artiste, l’Orlando Furioso, pour l’apprécier un peu plus. Autrement, elle ressemble à une fan fiction où le poète se grime en chef de guerre aussi puissant, humble que rusé, volant à dos d’hypogriffes pour sauver les premières nations. Les amérindiens ont des noms italens, ce qui donne un effet original, très uchronique. Autrement, on manque un peu de contexte pour comprendre les enjeux du récit. La magie est très présente, le récit a les formes d’une fantasy assez classique. Même si les sorts des amérindiens sont mis en avant, Ariosto en propose sa vision très personnelle. Le point intéressant, c’est de voir la différence entre le caractère réel du personnage et comment il se rêve. Cependant, il y a peu de références sur la façon dont l’écrivain considère son double imaginaire.

Un roman avec beaucoup de travail mais qui ne parvient pas à trouver de fil rouge

Chelsea Quinn Yarbro fait preuve d’une érudition impressionnante. Il en faut pour connaître autant les détails de la vie à cette époque et être capable d’en imaginer une version différente, mais crédible. Cependant, le point de vue de Lodovico Ariosto est très centré sur lui-même, sur sa famille. Il n’aime pas les intrigues de court, n’en saisit pas les subtilités mortifères et délicates. Cela se sent car les passages de la fantasia deviennent de plus en plus empathique au fil des déceptions d’Ariosto, comme s’il tentait de compenser le fait qu’il ne soit pas un héros dans sa vie réelle. C’est un homme proche de sa famille, qui s’est attiré les faveurs des puissants. Mais il est fait pour vivre dans un rêve, une réalité parallèle, faite de héros invincibles, d’amour impossibles et de batailles épiques.

Le lecteur se retrouve à mendier quelques indices par-ci par-là dans la réaltà, ce qui m’a frustré. On peut voir que quelque chose ne tourne pas rond. La nervosité de Damiano de Medici est de plus en plus perceptible. Certaines personnes agissent de manière suspecte. Mais jamais Ariosto ne s’arrête un instant pour analyser la situation, comme s’il vivait dans une sorte de deni. Dès lors, je ne suis pas vraiment parvenue à saisir le message dans ce livre. Je me suis même partiellement ennuyée lors de passages un peu longs dans la fantasia, les personnages trop lisses étant assez plats, avec leur attitude d’admiration béate devant cet Ariosto sous stéroïdes. Est-ce à dire qu’à trop se perdre dans la fantasia, c’est la Realtà que nous finissons par perdre ?

Ariosto Furioso, un roman au propos dense mais qui ne transforme pas l’essai

Ariosto Furioso nous plonge d’une Italie fédérée puissante, une uchronie où elle l’une des plus grandes puissances d’Europe. L’autrice propose une vision brillante dans cette uchronie. Cela démontre une recherche profonde et très érudite. Mais est-ce suffisant ? En effet, la fantasia apporte finalement peu propose, ralentissant l’action et mettant au centre un Ariosto emphatique qui tente d’échapper à une réalité noyée sous les complots et les possibles trahisons. Dès lors, le roman se révèle un peu long, les passages dans la fantasia manquant d’enjeux et ceux dans la Realtà étant plus sous-entendus que réellement mis en avant. Je ressors donc partagée de cette lecture qui n’aura pas su me séduire complètement.

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Catégories : Chroniques

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