J’avais acheté La cathédrale de la mer, d’Ildefonso Falcones, alors que je vivais à Barcelone. Comme j’avais beaucoup aimé Les piliers de la Terre, j’ai pensé que l’ambiance et l’histoire de ce roman pouvaient me plaire, d’autant que la Catalogne a toujours eu une histoire qui tenait de l’exception.

Synopsis de La cathédrale de la mer

Barcelone, XIVe siècle. La cité catalane s’enorgueillit d’un nouveau fleuron gothique : Santa Maria del Mar, la cathédrale de la mer, qui s’élève, pierre à pierre, vers un ciel sans nuages. Bâtie  » par et pour le peuple « . Certains porteurs n’hésitent pas à signer les blocs de pierre de leur propre sang. C’est leur œuvre. Leur vie. Du haut de ses huit ans, le jeune Arnau Estanyol contemple le chantier. A l’image de ce chef-d’œuvre en devenir, l’ascension de ce fils de paysan exilé parti de rien sera fulgurante. Devenu consul et proche du roi, humaniste et philanthrope, il n’oubliera jamais que son destin est placé, depuis sa naissance, sous le signe des tragédies : l’ombre de la Sainte Inquisition plane sur ses ambitions, et la Grande Peste s’apprête à fondre sur Barcelone…

Un récit picaresque immersif

Une histoire passionnante du moyen-âge catalan

Le roman ne déçoit pas au niveau de l’aspect historique. On sent un travail minutieux de la part de l’auteur pour nous présenter un contexte foisonnant, entre dynamisme d’une grande cité portuaire, grands événements qui viennent bouleverser l’ordre établi et tensions sociales et religieuses. Le récit nous parle ainsi de la vie difficile du peuple. Dans un premier temps, ce sont les affres des paysans soumis à un servage rude, à travers le personnage de Bernat, le père d’Arnau. Puis la vie difficile des bastaixos, ces hommes qui déchargent les navires et livrent les pierres à leur destination finale. Le récit propose également de découvrir des aspects traditionnels ou légaux de la vie au XIVe siècle de Barcelone.

L’immersion dans la riche Barcelone est très réussie. C’est un plaisir de suivre Arnau et Joan à travers les rues de la cité. L’écriture est riche, sans tomber dans l’excès et la fioriture, et propose une immersion totale très convaincante dans cette fin du Moyen-Âge palpitant. Au-delà de la vie quotidienne, l’auteur aborde de grands événements historiques. Il y a la Grande Peste qui a ravagé l’Europe, l’arrivée de l’Inquisition Espagnole, mais aussi les guerres entre nobles et les relations avec l’Église, qui finissent toujours par affecter la vie du Peuple.

La cathédrale de la mer est un pavé globalement bien rythmé et prenant

Malgré ses plus de 800 pages, le roman a assez peu de longueurs. C’est grâce dans un premier temps à la richesse du contexte historique, déjà cité, mais aussi grâce aux rebondissement multiples. L’histoire regorge de trahisons, retournements de situation et drames multiples qui rendent le récit particulièrement efficace et mouvementé. Ildefonso Falcones a un certain sens de la mise en scène et de la dramaturgie qui permet de sympathiser avec les personnages (malgré le manque de profondeur de certains d’entre eux). D’autant plus que le récit est traversé de grands drames qui ballottent les personnages au gré des caprices de l’Histoire.

Par ailleurs, l’histoire d’Arnau Estanyol est menée de manière assez captivante et reprend avec talent tous les ingrédients du récit picaresque. Ce fils de serf, contraint de quitter ses terres d’origine pour rejoindre la foisonnante Barcelone, est galvanisante. Arnau réussit en grande partie grâce à son sens du devoir et son humanité, ces qualités le rendent un peu lisses dans un premier temps, mais cette impression est adoucie par le fait que sa vision avant-gardiste lui attire également des ennuis avec des couches de la société plus traditionalistes, qui sont celles qui ont le pouvoir.

Des défauts parsèment l’œuvre

Mais le récit n’est pas dénué de soucis que j’ai pu notés. Dans un premier temps, même si Arnau Estanyol est un protagoniste plutôt réussi, j’ai fini par trouver ses péripéties un peu répétitives. Par deux fois, il se retrouve séparé de la femme qu’il aime, deux fois il se fait trahir par des femmes en se faisant dénoncer… A plusieurs reprises des nobles abusent de son pouvoir pour causer des ennuis à Arnau, à plusieurs reprises il brille par sa bravoure et sa droiture mais finit piégé malgré cela. Ce n’est pas vraiment un problème majeur mais ça finit par se remarquer.

Le deuxième problème vient de la caractérisation un peu simpliste des personnes, qui peuvent parfois être très manichéens. Même Arnau ne semble pas avoir vraiment de défaut, beaucoup d’antagonistes semblent juste être malveillants sans autre raison de l’être. Un autre élément qui me gêne est la présence continue des viols. Trois femmes sont importantes dans le roman et trois sont violées à un moment ou un autre. Je veux bien croire que l’époque soit difficile, mais ce ressors n’était peut-être pas nécessaire d’être exploité aussi souvent. Je comprends la volonté de l’auteur de mettre en avant cette violence, mais j’ai trouvé que c’était fait de manière assez maladroite, notamment quand l’acte se résumait à deux phrases ou que c’est en partie expliqué par la beauté des femmes en question (comme si les femmes se faisaient violées parce qu’elles étaient belles).

La cathédrale de la mer propose une épopée mouvementée

J’ai apprécié cette immersion dans le Moyen-Âge catalan et ce retour par procuration dans les rues de Barcelone, en pleine période charnière. On sent une reconstitution minutieuse d’une époque transitoire aux bouleversements multiples. L’ascension picaresque d’Arnau Estanyol est assez fascinante à suivre et bien reconstruite : l’histoire est traversée de drames et de trahisons. J’ai cependant trouvé le traitement de certains personnages, notamment féminins, assez légers, ce qui n’aidait pas à l’attachement, voire entraîne un certain détachement. Sans compter que certains ressorts se révèlent un peu répétitifs au fil des pages.

Note : 15/20

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Catégories : Chroniques

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