Lors de mon voyage aux Utopiales l’année dernière, je me suis procurée l’anthologie du festival. Portée par des plumes connues de l’imaginaire et une thématique qui sort des sentiers battus, j’avais hâte de voir de que l’anthologie 2024 pouvait me proposer. D’autant plus que la couverture signée par Emil Ferris a quelque chose d’aussi hypnotique qu’étonnant.
Synopsis de l’anthologie des Utopiales 2024
Les festivals des Utopiales et le plus grand festival de science-fiction du monde. Et voici son anthologie officielle ! Elle rassemble onze auteurs et autrices invités par le festival sur la thématique de cette année, « l’Harmonie ». Ils et elles ont écrit de formidables nouvelles de science-fiction sur le sujet. Au sommaire, la fine fleur de l’imaginaire en France.
Un sujet rarement abordé à travers de multiples plumes
Onze nouvelles de science-fiction aux univers variés
Difficile de parler d’un format qui se veut protéiforme. J’ai dans un premier temps apprécié les différents traitements qui ont été faits autour de l’harmonie. La question est abordée par différents prismes : lien avec la nature, la maternité, entre plusieurs esprits… Jusqu’à des visions beaucoup plus excentriques. Comme cela a été évoqué lors des conférences de l’année dernière, la science-fiction tire son origine du conflit. Il a donc été dépaysant de découvrir des récits qui proposaient des futurs différents. Le premier texte, de Marguerite Imbert, crée un monde très original : des êtres changeant de formes, un futur frugal… C’est un mélange audacieux de science-fiction et de fantasy bien mené. L’anthologie aborde aussi le space opera à travers son texte le plus long, celui de Jeanne-A Débats, qui se permet un clin d’oeil surprenant à ses précédentes oeuvres.
J’avais craintqu’on ne me propose que des utopies, mais loin de là. La nouvelle de Jeanna-A Débats montre un monde dans lequel la survie dans l’espace est gangrenée par des gangs. La nouvelle de Nicolas Martin évoque un univers plutôt dystopique, même si nous n’en avons qu’un aperçu. Mais l’univers le plus marquant, le plus déjanté et inattendu est la nouvelle de Jean Baret. Nous sommes dans un univers où les habitants peuvent prendre n’importe quelle forme à condition de respecter les règles de l’harmonie. Les références pop culture sont succulentes et délicieuses, détournées pour créer un monde aussi foutraque que fortement codifié.
Des nouvelles bien écrites mais inégales
Comme beaucoup d’anthologies tous les textes ne se valent pas. Outre certaines citées précédemment, il y d’autres textes que j’ai appréciés. La nouvelle de Michaël Roch nous plonge dans l’univers de Lanvil, où nous mènent déjà ses textes Lanvil Emmêlée et Tè Mawon. L’auteur nous propose une fois de plus un récit qui joue avec les mots, la créolisation. Il nous propose un beau texte sur le deuil et l’approche de la mort, avec un personnage central fort. Une autre nouvelle que j’ai trouvé intéressante est celle de Floriane Soulas. Elle traite des choix que nous faisons lorsque nous donnons un coup de pouce au destin, même sans connaître l’ampleur des conséquences de ce que nous demandons. Cependant, ce texte n’est pas de la science-fiction, mais tient du fantastique, ce qui n’est pas inintéressant mais rend le liant entre les différentes nouvelles superficielles.
J’ai également eu un peu de mal à comprendre où certaines nouvelles souhaitaient nous emmener. C’est notamment le cas de celle d’Emilie Querbalec. La plume est belle et le sujet du lien familial touchant, mais je n’ai pas vraiment compris ce que l’autrice cherchait à nous faire comprendre. Certaines nouvelles manquent ainsi d’une chute ou d’un propos forts. Il s’agit sans doute d’un manque d’expérience du genre de la nouvelle, qui demeure un exercice codifié et particulièrement difficile. Beaucoup de textes sont agréables mais ne resteront cependant pas vraiment en mémoire.
L’anthologie des Utopiales 2024 propose un ensemble de textes sensibles mais inégaux
L’harmonie est quelque chose que la SF nous offre peu. L’utopie est un genre qui se faire rare et le conflit est un resosrs majeur des histoires depuis que le conte existe. J’ai apprécié de voir comment cette notion pouvait se décliner de différentes façons pour explorer des genres multiples. Les plumes sont en général de qualité, proposant des sujets souvent intimes et engagés. D’autres détonnent par leur gouaille assumée. Cependant, certaines d’entre elles manquent d’un propos fort, d’une chute marquante ou s’éloignent trop de la SF, ce qui rend certaines parties de cette anthologie inégales.
Note : 15/20
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