Mon premier livre de Charles Bukowski ! Je sais que cet auteur, soit on l’adore, soit on le déteste. Mais Factotum faisait partie de ma liste à lire pour cette année, c’est même le dernier car j’ai réussi à tout finir ! Alors qu’ai-je pensé de la plume de l’enfant terrible des Etats-Unis ?

Synopsis de Factotum

Une bière, une putain. Bukowski, sans le savoir, bâtit sa légende. Cette litanie de boulots minables, de chambres sordides, d’étreintes glauques, de saouleries mornes, de bagarres d’ivrognes, de vexations, de rigolades sera la matière inépuisable d’une œuvre qui, avec sa vitalité consolante, sa folle énergie, ira jusqu’à brancher Hollywood.

Autofiction trash et sans concession

Un double de l’auteur ?

Nous suivons Henry Chinaski, un fils d’immigrés à la vie sans attache, dissolue. Condamné à une forme d’errance par ses mauvais démons, le narrateur enchaîne les jobs minables, résidant dans des chambres pourries, toujours allant d’un bar à l’autre, d’une femme à l’autre. Il est difficile de savoir jusqu’à quel point Chinaski représente Bukowski. En tout cas, la lecture de la vie de l’auteur permet de trouver de nombreuses similitudes allant des études de journalisme avant l’errance, jusqu’à la relation tumultueuse avec Jan. On comprend vite que l’auteur s’invente un double, comme l’avait fait Fernando Pessoa avant lui, pour mieux perdre le lecteur dans l’autofiction.

Hank Chinaski est le rejeton unique d’un couple composé d’un homme violent et d’une femme soumise. Rien ne le destinait spécialement à errer, mais son attrait pour la bouteille lui fait perdre de nombreux boulots. Chinaski se fiche de ces boulots minables et des petits chefs. Son seul but ? Toucher ses chèques. Le personnage a quelque chose de presque animal dans sa quête de la satisfaction des besoins les plus primaires des hommes. La plume est ainsi très crue. Le style direct ne nous épargne pas la noirceur de l’existence. Avec ce presque-lui, Bukowski nous entraîne dans le côté le moins reluisant de l’Amérique.

Entre clarté et obscurité

Chinaski semble dans un premier temps errer sans but. Entre sexe, alcool ou petits boulots, l’auteur ne nous épargne pas. Il y a quelque chose de très sombre et glauque dans le quotidien de Chinaski qui donne à l’écriture un style presque automatique dans les passages les plus difficiles. Une description presque clinique, détachée des choses. Bukowski nous entraîne dans la vie des abandonnés de la terre promise américaine. Son monde est peuplé d’hommes et de femmes alcooliques, entre prostitution et violences. Ce sont des Etats-Unis moins clinquants, ce qui se cache dans les rues sombres, des personnes qui n’ont pas vraiment d’horizon ou de portes de sortie.

C’est une lecture qui se fait assez âpre et qu’il vaut mieux lire en étant de bonne humeur. Comme les romans tranche de vie, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de très suivi. On pourrait se poser la question de lire les pensées d’une homme qui ne semble pas avoir de but. Mais parfois, au détour d’une page, il y a une phrase d’une grande beauté ou une réflexion sur la vie particulièrement touchante. C’est dans ce contraste que réside tout le mystère, mais aussi la force de Bukowski. Ainsi, à travers le roman, on constate sa volonté de vivre de l’écriture, quitte à devenir journaliste.

Factotum, tranche de vie entre alcool et visions

Factotum n’est pas un roman confortable, ni même toujours agréable à lire. C’est un texte rugueux, souvent sale, parfois épuisant, qui nous force à regarder une réalité que l’on préfère habituellement éviter. Mais derrière l’alcool, la violence, la répétition des échecs et l’errance sans horizon, Bukowski laisse filtrer une forme de lucidité presque désarmante sur la condition humaine, le travail, la solitude et la survie quotidienne. On peut rejeter son personnage, être agacé par son cynisme ou sa complaisance dans l’autodestruction, mais il est difficile de nier la sincérité brute de cette voix. Factotum ne cherche ni à séduire ni à moraliser : il expose, frontalement, une Amérique des marges et un homme incapable, ou refusant, de s’y conformer. Une lecture âpre, dérangeante, mais parfois traversée d’éclairs de vérité qui expliquent sans doute pourquoi, des décennies plus tard, Bukowski continue de diviser… et de marquer.

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Catégories : Chroniques

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