Je viens de finir une lecture troublante. « Nous avons toujours vécu au château » est mon premier roman de Shirley Jackson. J’avais adoré le résumé intrigant du livre, qui nous prévoyait une lecture énigmatique, inquiétante, avec une forte influence gothique. 

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que je n’ai pas été déçu !

 

Synopsis de Nous avons toujours vécu au château

« Je m’appelle Mary Katherine Blackwood. J’ai dix-huit ans, et je vis avec ma sœur, Constance. J’ai souvent pensé qu’avec un peu de chance, j’aurais pu naître loup-garou, car à ma main droite comme à la gauche, l’index est aussi long que le majeur, mais j’ai dû me contenter de ce que j’avais. Je n’aime pas me laver, je n’aime pas les chiens, et je n’aime pas le bruit. J’aime bien ma sœur Constance, et Richard Plantagenêt, et l’amanite phalloïde, le champignon qu’on appelle le calice de la mort. Tous les autres membres de ma famille sont décédés. » 

 

Un monde en marge

Nous sommes dans une demeure ancienne et désertée de ses habitants. Seuls trois membres de la famille Blackwood subsistent. Merricat, 18 ans, notre étrange narratrice, une jeune fille excentrique qui oscille constamment entre candeur juvénile et un machiavélisme troublant. Elle vit avec sa sœur Constance et l’Oncle Julian, confus et handicapé. Le reste de la maisonnée ? Décédé suite à un repas un peu trop généreux en termes d’arsenic. Autant dire que les Blackwood n’ont pas forcément la côte au village et qu’ils veulent une solitude rythmée par des rituels immuables.

Il ne faut s’attendre à du cri ou à du sang dans ce court roman, et c’est là que réside sa puissance. Shirley Jackson instille une ambiance oppressante grâce à une plume ciselée et des personnages à la fois étranges et très attachants. Merricat est une narratrice redoutablement fascinante, qui semble coincée en enfance mais qui en même temps à des tendances plutôt inquiétantes, notamment lorsque sa routine est brisée, ou qu’elle sent un obstacle entre elle et sa sœur aînée. Il est d’ailleurs assez fascinant de voir cet attachement morbide, excessif envers Constance, comme une sororité malsaine.

Quand à Julian, c’est un personnage à la fis comique mais qui participe grandement à l’atmosphère étrange du roman. Il a notamment du mal à distinguer le passé du présent, ce qui le pousse à révéler des éléments étranges qui nous sérieusement reconsidérer la fiabilité de notre chère petite folle de Merricat. 

Si l’excentricité de cette dernière nous inquiète, avec sa manie pour la sorcellerie et sa langue bien pendue, l’arrivée du cousin Charles va provoquer un certain nombre d’événements malheureux qui vont sérieusement nous interroger : n’est-ce pas pas finalement l’instinct grégaire des hommes, leurs peurs irrationnelles, leur capacité à la destruction, qui sont la réelle folie ?

 

Lecture mémorable pour moi !

Un roman court qui ne plaira pas à tout le monde, car il ne cherche pas à se reposer sur des ressorts sanglants pour faire peur. Il faut se laisser séduire et inquiéter par l’atmosphère étrange et ésotérique du livre pour en apprécier la finesse. Une lecture marquante qui me donne fortement envie de lire d’autres œuvres de Shirley Jackson.

Note : 18/20

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Catégories : Chroniques

2 commentaires

Babitty Lapina · 23 septembre 2018 à 12 h 28 min

J’avais trouvé le début de ce roman long, mais on finit par se faire happer ! Je préviens d’ailleurs de la lenteur du début à toutes les personnes à qui je le conseil !

Mon seul regret avec cette lecture c’est qu’elle repose beaucoup sur la surprise. Ce n’est pas le genre de livre à être relu.

    La Geekosophe · 23 septembre 2018 à 12 h 42 min

    J’avais aussi trouvé que l’élément perturbateur arrivait un peu tard ! Surtout vu la taille du livre… Mais en même temps, il fallait un peu de temps pour bien expliciter la situation originale de la famille Blackwood, du coup ça ne m’a pas vraiment gêné

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