Quelle lecture étrange ! Tantôt écœurante, tantôt fascinante, aussi crue que déconcertante… L’univers de Morgane Caussarieu est à réserver à ceux qui ont le cœur et les tripes bien accrochés, car ce conte macabre recèle ce qu’il y a de plus sombre dans l’âme humaine. 

 

Synopsis de Je suis ton ombre

Le Temple, petit village du Sud-Ouest, ses plages, ses blockhaus, son unique bistro, son école où la violence est le seul remède à l’ennui.
Poil de Carotte y vit seul avec son père handicapé. Gamin perturbé aux penchants sadiques et souffre-douleur de ses camarades de classe, sa vie bascule lorsqu’il se rend dans une ferme calcinée en lisière de forêt. Des fantômes y rôdent, paraît-il.
Mais en lieu et place de revenants, il découvre un étrange manuscrit rédigé par des jumeaux, il y a trois cents ans. Leur vie sauvage et heureuse à La Nouvelle-Orléans tourne au cauchemar lorsqu’un sulfureux marquis les prend à son service.
Plus Poil de Carotte avance dans sa lecture, plus des événements étranges surviennent : un chat noir qui parle, une voix qui lui chuchote la nuit à l’oreille, un enfant au teint trop pâle et aux lèvres trop rouges… Et s’il avait réveillé des forces aussi malsaines qu’attirantes ?

 

Une lecture coup de poing

Le vampire est pourtant devenant un topos littéraire, douloureusement écorché dans son mythe de créature sanguinaire par ses représentations modernes. Je suis ton ombre dépoussière le mythe en mêlant des aspects franchement gore avec sens de la psychologie et une réflexion sociale qui surprennent, dans le bon sens du terme.

Commençons par notre (anti) héros. Poil de Carotte n’est pas un gamin mauvais, mais il manque de chance. Il vit seul avec son père handicapé, s’occupe des corvées et est hanté par le souvenir lancinant de son jumeau, Paul, dont on apprend la disparition assez rapidement. Il découvre un vieux journal dans un cabanon en ruine qui raconte le quotidien ignoble de jumeaux dans la Nouvelle-Orléans, prêt du Bayou. L’histoire se déroulera alors sur deux époques distinctes, dévoilant un troublant parallèle entre le rédacteur du journal et Poil de carotte.

De là, l’auteure construit une histoire d’enfance brisée. Rien de nous est épargné. Violence, viol, pédophilie, mort, harcèlement, sévices physiques divers… Mais aussi la solitude, l’ennui, le deuil et l’absence qui rongent jusqu’à ce que l’on veuille tout faire pour échapper à ce vide qui nous dévore, jusqu’à connaître l’irréparable. Le vampire est celui qui restera éternellement enfant car les adultes l’auront brisé. Certaines scènes retournent vraiment l’estomac et vous hanteront pendant très longtemps après que vos yeux aient parcouru les mots sur le papier.

L’écriture de Morgane Caussarieu sert à merveille ce conte violent, sachant se faire délicate et presque poétique, mais aussi extrêmement vicieuse, crue et sans concession. On sent également que l’auteur a fait beaucoup de recherches pour rendre son contexte historique crédible. De même, elle a su donné à Poil de Carotte un phrasé particulier qui rend la lecture vraiment singulière.

 

Très bon, mais à mettre entre toutes les mains

Un très bon livre qui m’aura rendu accro et glacée, dont l’histoire qui prend aux tripes me hantera longtemps ! Un vrai livre d’horreur, mais pas que ! Il y a un réel propos social qui donne du corps à l’oeuvre, ainsi qu’un sens de la psychologie aigu.

Note : 16/20

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Catégories : Chroniques

2 commentaires

Chut Maman Lit · 7 octobre 2018 à 23 h 04 min

J’ai un peu peur de lire ce livre ou ‘Dans tes veine ». Je pense que Rouge Toxic est beaucoup plus light, mais si le style reste le même…

    La Geekosophe · 14 octobre 2018 à 23 h 03 min

    Oui, c’est clairement du hard de chez hard, je m’attendais pas à tomber sur ce genre d’histoire honnêtement O.O

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