L’écume des jours traînait dans ma bibliothèques depuis des années peut-être. Une vieille édition, sûrement à ma mère, jaunie par le temps avec des pages qui se gondolent un peu. Je m’étais déjà promis de le lire l’année dernière, mais c’est en janvier 2019 que vient le tour de ce roman iconique de Boris Vian ! Qu’en penser ?

Synopsis de L’écume des jours

Dans un univers mêlant quotidien et onirisme, ce premier roman conte les aventures de Colin, de Chick, d’Alise et de la belle Chloé. Deux histoires d’amour s’entremêlent : Colin est un jeune homme élégant, rentier, qui met fin à son célibat en épousant Chloé, rencontrée à une fête, tandis que son ami Chick, fanatique transi du philosophe vedette Jean-Sol Partre, entretient une relation avec Alise.

Créativité exemplaire

Boris Vian est réputé pour son écriture créative, et avec L’écume des jours, il atteint le sommet de son art. Le style est coloré, inventif, entre néologismes et jeux de textures ou d’images. C’est très visible dans les débuts colorés qui symbolisent les prémices de l’histoire d’amour, quand l’argent coule à flot et le bonheur semble si facile. Mais petit à petit, les lieux se font plus étroits, plus sombres, plus étriqués. Les paysages et les choses s’animent en fonction des humeurs des protagonistes, et la maladie de Chloé assombrit tout sur son passage.

Boris Vian n’hésite pas à mettre en avant ses convictions, qu’elles soient philosophiques, religieuses ou politiques. L’écumes des jours met en avant un renversement de valeurs. Les professions intellectuelles sont dénigrées et les professions plus manuelles comme celles de cuisinier, à croire qu’il avait une dent contre l’intellectualisme excessif, limite parasitaire. Il n’y a qu’à voir son traitement de Jean-Sol Partre (oui, la rancune était sûrement plus personnelle qu’idéologique dans ce cas précis), déifié à l’extrême par des foules hypnotisées par ses discours abscons. L’auteur est foncièrement provocateur et anticonformiste, dans le fond comme dans la forme.

Boris Vian présente également une vision du travail non comme un épanouissement, mais comme un élément terriblement aliénant peuplé de petits chefs vicelards et à la logique absurde. On comprend bien que ce jeune homme créatif et sensible qu’est Colin ne connaîtra qu’une intense suite de catastrophes.

Malgré ces points très intéressants, il a été pour moi difficile de rentrer complètement dans l’histoire. Parfois, le style, bien que magnifique, créait une certaine distanciation avec les personnages et ce qui leur arrivait. Du coup, j’avais du mal à ressentir de l’empathie pour ce qui leur arrivait. Ensuite, et je trouve que c’est un aspect symptomatique de beaucoup d’auteurs, je trouve le personnage féminin principal assez fade. En fait, Chloé est tellement lisse qu’elle correspond plus à une forme de fantasme qu’à une personne.

Bonne lecture, mais pas parfaite

Une bonne découverte, notamment de ce style coloré, vivant et imagé qui rend ce roman unique et marquant. Dommage qu’il y ait, à mes yeux, quelques défauts qui m’empêchent d’être véritablement en communion avec l’oeuvre. Boris Vian, donc ? Classique, assurément. Mais pas une lecture adaptée à tout le monde. Je l’ai finalement préféré pour la vision disruptive de la société que l’artiste a cherché à mettre en avant que pour l’histoire en elle-même.

Note : 15/20

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Catégories : Chroniques

2 commentaires

hermioneecrivaine · 9 mars 2019 à 15 h 07 min

Je partage ton avis sur ce roman!

    La Geekosophe · 9 mars 2019 à 16 h 24 min

    Aaaaah ! Alors que tant de monde l’encense ! C’est chouette de ne pas être seule 😉

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