Mais… ne serait-ce pas l’heure tant attendue du point lecture ? Ce délicieux moment où je fais un rapide rappel des livres que j’ai lus pendant le mois qui se termine ? C’est parti pour le mois de janvier, qui a été fort riche ! Vous allez voir, il y a du bon et du moins bon.
Oniria de Patrick Sénécal
Type : horreur
Edition : Alire
Silence, à l’exception du moteur dur camion qui roule depuis maintenant une quinzaine de minutes. Dave n’est vraiment pas rassuré. Une évasion tout seul, c’est déjà risqué, mais à quatre, ça confine au suicide, surtout avec un imbécile comme Jef… Heureusement, Eric écoute les consignes à la lettre. Et Loner est parfait : aucune hésitation, aucun doute, aucun faut mouvement. Normal, puisqu’il est l’architecte de cette évasion. Il n’a pas proféré trois mots depuis le début de l’opération il y a maintenant plus d’une heure…
Dave tente de contrôler son angoisse. Allons, maintenant qu’ils se trouvent tous dans le conteneur, on petit dire qu’ils ont réussi, non ?…. Ils sont quatre : Dave, Jef, Éric et Loner. Quatre criminels qui, habilement, se sont échappés de prison. Mais la police les a pris en chasse et les cerne de près. Alors ils décident de se cacher pour la nuit dans une villa isolée au nom étrange, Oniria… Et c’est sans aucun doute la pire décision de leur existence !
Oniria est une bonne découverte et un premier pas intéressant dans l’oeuvre d’un auteur que je ne connaissais pas. Horreur bien menée, partis pris imaginatifs et intéressants, écriture crue et immersive, c’est un bon roman pour les fans d’horreur sans filtre. Dommage que certains thèmes n’aient pas été plus approfondis pour proposer une réflexion plus acérée sur les mécanismes de la peur ou l’effet des attentes de la société sur notre inconscient et dépasser un imaginaire un peu torture porn.
Les secrets de l’Île de Viveca Sten
Type : thriller
Edition : Albin Michel
Une froide journée de septembre, l’étudiant Marcus Nielsen est retrouvé mort dans son appartement de Nacka. Tout semble indiquer un suicide. Mais sa mère, convaincue qu’il a été assassiné, supplie la police de ne pas classer l’affaire.
Quand l’inspecteur Thomas Andreasson commence à enquêter, les pistes semblent mener à la base militaire de Korsö, devant l’île de Sandhamn, où le corps d’un autre homme vient d’être retrouvé. Contactée par Thomas, Nora Linde, qui depuis sa séparation passe beaucoup de temps sur l’île, essaie d’en savoir plus sur cette base fortifiée où, pendant des décennies, ont été formées les unités d’élite des chasseurs côtiers. Y a-t-il dans ce passé-là quelque chose qui ne doit à aucun prix surgir au grand jour ?
Quel meilleur moyen de commencer l’année que par un thriller scandinave insulaire glacial ? Cette première incursion dans l’univers de l’autrice Viveca Sten ne m’a cependant pas convaincu ! Un peu trop prévisible et classique, le roman est sauvé par des personnages attachants et une atmosphère réussie. C’est le genre de livre qui vous offre un bon moment sur le coup mais ne hante pas vos mémoires.
Lavinia d’Ursula Le Guin
Type : fantasy historique
Edition : L’Atalante
Dans l’Enéide, Virgile ne la cite qu’une fois. Jamais il ne lui donne la parole. Prise dans les filets du poète qui n’écrira l’épopée des origines de Rome que des siècles plus tard et sans avoir le temps de l’achever avant sa mort, Lavinia transforme sa condition en destin. De ce qui sera écrit elle fait une vie de son choix. Et cela dans la douceur amère et la passion maîtrisée que suscite son improbable position : elle se veut libre mais tout est dit.
Je regrette simplement quelques longueurs, mais rien de gênant face à un roman qui se révèle être d’une grande originalité ! Lavinia ravira les amateurs de femmes fortes, car la protagoniste est une personnalité marquante, de même que les amateurs d’écritures poétiques.
L’écume des jours de Boris Vian
Type : classique, surréalisme
Edition : Le livre de poche
Un titre léger et lumineux qui annonce une histoire d’amour drôle ou grinçante, tendre ou grave, fascinante et inoubliable, composée par un écrivain de vingt-six ans. C’est un conte de l’époque du jazz et de la science-fiction, à la fois comique et poignant, heureux et tragique, féerique et déchirant. Dans cette œuvre d’une modernité insolente, livre culte depuis plus de cinquante ans, Duke Ellington croise le dessin animé, Sartre devient une marionnette burlesque, la mort prend la forme d’un nénuphar, le cauchemar va jusqu’au bout du désespoir.
Une bonne découverte, notamment de ce style coloré, vivant et imagé qui rend ce roman unique et marquant. Dommage qu’il y ait, à mes yeux, quelques défauts qui m’empêchent d’être véritablement en communion avec l’oeuvre. Boris Vian, donc ? Classique, assurément. Mais pas une lecture adaptée à tout le monde. Je l’ai finalement préféré pour la vision disruptive de la société que l’artiste a cherché à mettre en avant que pour l’histoire en elle-même.
Alamut de Vladimir Bartol
Type : roman historique
Edition : Libretto
Retranché dans sa citadelle dominant la plaine, le grand maître Hassan Ibn Sabbâh mène, à la fin du XIe siècle, une guerre sainte en Iran. Il n’a que peu de soldats et seuls ses proches le connaissent intimement. Parti de presque rien, sans armée, sans terre et sans guère d’appuis à la cour, il dominera le monde. Des hommes seront prêts à mourir pour lui avec le sourire aux lèvres. Des foules entières se prosterneront sans combattre. Un millénaire plus tard, la manipulation des masses, telle qu’il la pratiqua, continue d’ébranler les empires modernes.
C’est un roman qui vaut vraiment le temps d’être lu. Il propose une histoire fascinante dans un cadre qui nous est méconnu. Parfois philosophique, parfois psychologique, Alamut nous plonge dans les ressors terrifiants du fanatisme.
Tout s’effondre de Chinua Achebe
Type : Littérature contemporaine
Edtion : Actes Sud
Dans le village ibo d’Umuofia, Okonkwo est un homme écouté dont la puissance et le courage sont vantés par tous, un fermier prospère qui veille sur ses trois épouses et sur ses huit enfants, un sage guerrier jouissant de la confiance des anciens. Son monde repose sur un équilibre cohérent de règles et de traditions, mais l’extérieur s’apprête à violer cette réalité qui semblait immuable : les missionnaires d’abord, les colons britanniques ensuite vont bouleverser irrémédiablement l’existence de tout un peuple.
Chinua Achebe nous présente une fracture et un délitement à travers sa plume expressive. Avec simplicité, nous sommes envoûtés par cette culture étrangère vouée à la disparition dans la course inexorable vers la richesse et l’uniformité.
Le jardin arc-en-ciel d’Ito Ogawa
Type : littérature contemporaine
Edition : Philippe Piquier
Izumi, jeune mère célibataire, rencontre Chiyoko, lycéenne en classe de terminale, au moment où celle-ci s’apprête à se jeter sous un train. Quelques jours plus tard, elles feront l’amour sur la terrasse d’Izumi et ne se quitteront plus. Avec le petit Sosûke, le fils d’Izumi, elles trouvent refuge dans un village de montagne, sous le plus beau ciel étoilé du Japon, où Chiyoko donne naissance à la bien nommée Takara-le-miracle ; ils forment désormais la famille Takashima et dressent le pavillon arc-en-ciel sur le toit d’une maison d’hôtes, nouvelle en son genre.
J’ai eu du mal à croire à cette histoire. Malgré une écriture réussie, agréable et fluide, le roman peine à convaincre. La faute à trop de bons sentiments qui noient le propos dans une ambiance un peu trop niaise. C’est souvent un peu trop beau pour être vrai, du coup le récit manque de moments forts pour rester réellement en mémoire.
Islandia de Jean-Luc Istin, Eber Evangelista et Zivorad Radivojevic
Type : bande-dessinée, science-fiction
Edition : Soleil
L’objectif est atteint : Islandia, planète de glace où une seule race d’autochtones est répertoriée. Sur ordre de l’amiral Ragnvald Hakarsson, l’oberleutnant Kirsten Konig est chargée d’établir le contact avec les « Islandiens ». Mais depuis son réveil, Konig a des maux de crâne incessants, des vertiges et des hallucinations qui semblent reliés à la planète. Au sol, on lui apprend que Colony 2 a été attaquée ne laissant aucun survivant ni témoin.
Une bande-dessinée sympathique pour les amateurs de SF militaire et de planet opera. Dessins réussis, histoire qui tient la route, héroïne forte, contexte convaincant, Islandia est un bon premier pas pour cette nouvelles série de Soleil.
Les grandes marées de Jim Lynch
Type : Roman d’apprentissage
Edition : Gallmeister
Une nuit, le jeune Miles O’Malley, treize ans, se faufile hors de chez lui pour aller explorer les étendues du Puget Sound à marée basse. Il fait une découverte qui lui vaut une célébrité locale. Certains se demandent quand même si cet adolescent imaginatif n’est pas un affabulateur ou peut-être davantage ? En fait, Miles est surtout un gosse qui s’apprête à grandir, passionné par l’océan, amouraché de la fille d’à côté et inquiet à l’idée que ses parents divorcent. Alors que la mer continue à abandonner des présents issus de ses profondeurs mystérieuses, Miles se débat avec la difficulté d’entrer dans le monde des adultes.
C’est un roman court et sympathique ! Il met en avant plusieurs grilles de lecture sans épargner les moments les plus durs. L’écriture est simples mais fluide et accrocheuse. Le point fort est doute la personnalité de Miles, qui s’interroge sur le monde des adultes avec autant de circonspection que de lucidité.
Le château des millions d’années de Stéphane Przybylski
Type : science-fiction, uchronie
Edition : Le Bélial
Juin 1939. Friedrich Saxhäuser, agent de renseignement du IIIe Reich et proche d’Hitler, gagne l’Irak sous couvert d’une expédition archéologique. Ayant eu vent d’un lieu mystérieux, de ruines plus anciennes que toute civilisation humaine, l’expédition s’enfonce dans la vallée du Nahr al-Zab-al-Saghir. Là, ils découvrent l’énigmatique Château des millions d’années. Mais ils sont attaqués par d’étranges créatures et des objets volants non identifiés. Saxhäuser parvient à en réchapper et emporte avec lui une découverte qui deviendra un enjeu essentiel dans le conflit qui se prépare, pour les grandes puissances d’ici… et d’ailleurs.
Le château des millions d’années avait un beau potentiel. Le contexte historique fascinant permet de mettre en avant des personnages à la psychologie fine. Il y a de l’action, un petit côté Indiana Jones mêlé à du James Bond. Trop de James Bond peut-être, car certains ressorts scénaristiques m’ont sorti de l’histoire. de la même façon, la structure narrative m’a donné une impression globale de manque d’avancée dans l’histoire.
Et voilà ! Et vous, vous avez commencer l’année en fanfare ? Vous avez déjà des coups de cœur ou de grosses déceptions ?
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