Alors, un mois de mars bien rempli pour vous ? Pour ma part, beaucoup de belles lectures ! Je suis assez satisfaite, j’ai lu beaucoup de livres différents et surtout un beau pavé ! On entre donc dans le point lecture de mars
La forêt des araignées tristes de Colin Heine
Le paléontologue Bastien, sa gouvernante Agathe, l’explorateur Ernest et la Germanienne en exil Angela se retrouvent au milieu d’une affaire d’espionnage d’envergure internationale. Ils doivent retrouver l’inventeur d’une machine volante tout en échappant à leurs poursuivants : une société d’assassins, une agence de détectives sans scrupule et une mystérieuse créature.
J’ai l’impression d’un rendez-vous raté avec La forêt des araignées tristes. Prometteur, l’univers intéressant ne suffit pas à apporter assez de fraîcheur pour contrebalancer les quelques défauts qui finissent par prendre trop de place. Un fil rouge qui se perd parmi les personnages et les sous-intrigues, une écriture pas totalement captivante et des personnages qui manquent de corps.
Une fille facile de Louise O’Neill
Emma a dix-huit ans, c’est la plus jolie fille du lycée. En plus d’être belle, elle est pleine d’espoir en l’avenir. Cette nuit-là, il y a une fête, et tous les regards sont braqués sur elle.
Le lendemain matin, ses parents la retrouvent inanimée devant la maison. Elle ne se souvient de rien. Tous les autres sont au courant. Les photographies prises au cours de la soirée circulent sur les réseaux sociaux, dévoilant en détail ce qu’Emma a subi. Les réactions haineuses ne se font pas attendre ; les gens refusent parfois de voir ce qu’ils ont sous les yeux. La vie d’Emma est brisée ? Certains diront qu’elle l’a bien cherché.
“Une fille facile” est une lecture éprouvante qui nous amène à réfléchir sur des sujets très graves avec lucidité et une grande maîtrise dans le propos. C’est encourageant de voir ce type d’oeuvre traiter de manière aussi juste des problématiques très présentes dans nos sociétés et qui méritent d’être modifiées en profondeur. Louise O’Neill nous met face à un récit de dénonciation fort et qui reste longtemps en mémoire.
L’art de la joie de Goliarda Sapienza
L’Art de la joie est principalement le roman d’une vie, celle de Modesta, personnage magnifique né le 1er janvier 1900 sur les pentes de l’Etna, en Sicile. Du chaos misérable de son enfance aux hasards de la vie qui feront d’elle l’héritière insoumise d’une famille dégénérée de nobles siciliens, c’est en fait à un apprentissage de la liberté que cette oeuvre nous invite.
L’art de la joie est le genre de roman que l’on referme sans savoir si on l’a apprécié. Le livre est dense, riche, bardé de nuances complexes. Le manichéisme n’a pas sa place, à l’image de la vie. C’est en revanche le genre de roman que l’on referme en sachant que, par on ne sait quel miracle de l’écriture, il nous a changé.
Les jumelles de Claire Douglas
Journaliste freelance, Abi Cavendish a fait une tentative de suicide et un séjour en hôpital psychiatrique après la mort de sa soeur jumelle dix-huit mois plus tôt. Fragilisée par cette disparition dont elle se sent responsable, elle tombe sous l’emprise de Beatrice, une inconnue au charme fascinant chez laquelle elle emménage. Beatrice Price est quant à elle la soeur jumelle de Ben.
Je trouve que malgré quelques détails perfectibles, Les jumelles est un premier roman convaincant. Claire Douglas maîtrise les ficelles du thriller tout en parvenant à y insérer des touches d’originalité qui en font une bonne lecture. Sympathique sans transcender le genre, c’est parfait pour un roman rapide.
Le livre jaune de Michael Roch
Un pirate s’échoue sur les rivages de Carcosa, la Cité d’Ailleurs. Persuadé d’être mort, il est amené au Roi en jaune, hanté par le souvenir de ses amours. Ce dernier lui propose de revenir à la vie s’il parvient à le débarrasser de sa malédiction.
Un roman qui ne tombe pas dans la facilité ! Tout est fait pour déconcerter le lecteur et créer une oeuvre qui se démarque. Doucement inclassable, sorte de fable onirique, parfois initiatique et parfois dramatique, elle échappe aux étiquettes pour luire d’une douce singularité. Le style d’une grande maîtrise a tout d’un travail d’orfèvre et suffit à lui seul pour tenter cette expérience déconcertante.
Chevauche-Brumes de Thibaud Dutil-Nicolas
Au nord du Bleu–Royaume, la frontière est marquée par une brume noire et impénétrable, haute comme une montagne. De mémoire d’homme, il en a toujours été ainsi. Mais depuis quelques lunes, le brouillard semble se déchirer. Tandis que ce voile enfle et reflue tel un ressac malsain, de violents éclairs strient ses flancs dans de gigantesques spasmes. La nuée enfante alors des créatures immondes qui ravagent les campagnes et menacent d’engloutir le royaume tout entier.
La neuvième compagnie des légions du roy, une troupe de lansquenets aguerris au caractère bien trempé, aspire à un repos bien mérité après une campagne éprouvante. Pourtant, dernier recours d’un pouvoir aux abois, ordre lui est donné de s’opposer à ce fléau. Épaulée par des cavalières émérites et un mystérieux mage chargé d’étudier le phénomène, la troupe s’enfonce dans les terres du nord, vers cette étrange brume revenue à la vie.
Chevauche-Brumes est un premier roman solide qui promet le meilleur pour la suite. Une histoire vive, des héros avec de la verve, de l’aventure à foison, il manquerait quelques détails de contexte pour que soit parfaitement réussi ! Et gare à ne pas tomber dans le piège de créer des Mary Sue ou des Gary Stu !
Rebecca de Daphné Du Maurier
Un manoir majestueux : Manderley. Un an après sa mort, le charme noir de l’ancienne propriétaire, Rebecca de Winter, hante encore le domaine et ses habitants. La nouvelle épouse, jeune et timide, de Maxim de Winter pourra-t-elle échapper à cette ombre, à son souvenir ?
Simplement exceptionnel ! Ne vous fiez pas au début un peu long, ce n’est que pour créer le contraste avec la suite du roman. L’autrice parvient à créer une tension énorme autour de ce bras de fer entre la narratrice et Rebecca, l’absente qui pèse sur la mémoire de tous. Avec son ambiance gothique souvent oppressante, Rebecca est une oeuvre remarquable qui parle d’emprise, de préjugé et de manipulation.
Et vous ? Quels livres avez-vous lu ce mois-ci ?
3 commentaires
Babitty Lapina · 1 avril 2019 à 13 h 44 min
C’est un chouette bilan de lecture ! J’ai noté plusieurs titres (comme d’habitude hein !) D’ailleurs ce mois-ci j’ai lu Circé après l’avoir vu passer sur ton blog ! Je l’ai tellement adoré, qu’après je ne voulais pas lire un autre livre pour continuer à profiter de l’effet de ce roman.
La Geekosophe · 1 avril 2019 à 15 h 01 min
Merci beaucoup ! Madeline Miller a aussi écrit le chant d’Achille, qui est apparemment superbe aussi. Je me suis pris L’obscure clarté de l’air de David Vann, qui est une réécriture de Médée, et le chant d’Orphée de Robert Silveberg. Je fais une fixette sur les réécritures mythologiques en ce moment 😉
Babitty Lapina · 1 avril 2019 à 15 h 08 min
J’ai emprunté le chant d’Achille je vais le lire ce mois-ci ! Je suis curieuse d’avoir ton avis sur ces deux réécritures !