Première incursion dans l’univers de Robert Silverberg pour ma part ! Ce mastodonte de la science-fiction américaine ne m’est pas inconnu de nom ceci dit. Je suis en ce moment très intéressée par les réécritures de mythes. Alors cette réédition dans la collection Hélios m’avait bien sûr beaucoup tentée ! 

Synopsis du dernier chant d’Orphée

On dit qu’il pouvait, par son chant, charmer les animaux et les arbres, sa voix fit chavirer les sirènes elles-mêmes. Mais son coeur appartenait à Eurydice, et lorsque la mort vint la lui ravir, Orphée se présenta aux portes des enfers, armé de sa seule lyre, afin de reprendre à Hadès l’âme de sa bien-aimée.

Sensible et fluide, mais il manquait quelque chose

Tout d’abord, j’ai beaucoup apprécié la plume de l’auteur. Fluide, poétique et envoûtante, elle m’a rappelé par certains côtés celle d’Ursula Le Guin dans Lavinia. En effet, nous suivons Orphée, qui raconte son existence exceptionnelle à son fils, Musée. Lyrique et pleine de charme, on est facilement emportés par cette histoire, encore plus lorsqu’on est fan de mythologie grecque.

Tous les éléments du mythe d’Orphée sont là. La mort dramatique d’Eurydice. Le passage par les Enfers. Le voyage avec les Argonautes, sorte d’Avengers à la sauce grecque antique. J’ai beaucoup apprécié cette dernière partie, ayant beaucoup oublié de la quête de Jason pour retrouver la Toison d’Or. 

Les aventures d’Orphée permettent à l’auteur d’explorer des thèmes recherchés. La notion de destinée est très présente, mettant en avant la problématique du déterminisme et du livre-arbitre. Car Orphée, de par son ascendance divine, connaissait déjà l’aspect implacable de son existence. La question de la filiation mais celle de de l’amour comme de la connaissance et de l’héritage sont aussi évoquées. L’oeuvre se dote alors d’une certaines profondeur philosophique qui amène à la réflexion.

Autrement, j’ai trouvé certains passages un peu longuets. C’est paradoxal étant donné que cette novella est assez courte. Je regrette également que l’auteur ne se soit pas plus emparer du mythe pour le rendre plus spécifique. Au fond, on suit simplement les aventures d’Orphée telles que décrites par les mythes, avec juste quelques ajouts. C’est dommage, car cela rend l’oeuvre un peu scolaire malgré la grande sensibilité de l’écriture, et elle ne marque donc pas autant les esprits qu’escompté. 

Pour les amateurs de mythologie !

En conclusion, cette réécriture ravira les aficionados de la mythologie ! Le dernier chant d’Orphée est un récit sensible doté de belles réflexions sur l’humanité et le destin qui ne manquent pas de profondeur. Cependant, j’ai l’impression que Robert Silverberg aurait pu plus s’écarter du mythe pour nous offrir une relecture plus personnelle et plus marquante. 

Note : 14/20

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Catégories : Chroniques

7 commentaires

Babitty Lapina · 17 mai 2019 à 6 h 20 min

J’avais lu que des critiques élogieuses sur ce roman et ta chronique refroidit un peu mon enthousiasme. Je pense que je vais quand même le lire, mais ne pas l’acheter pour autant. Plutôt passer par l’emprunt, car ce que je trouve intéressant dans les réécritures de mythes c’est de broder tout autours comme Madeline Miller le fait si bien. Si cela avait été un mythe que j’aurais apprécié particulièrement, peut être que je me serais lancée dedans, mais celui d’Orphée, bien que l’appréciant, je le trouve pas plus génial que ça.

    La Geekosophe · 18 mai 2019 à 10 h 42 min

    C’est vraiment ce qui manque dans le récit, un peu plus d’appropriation du mythe pour en sortir une matière nouvelle ! J’ai trouvé une autre réécriture de mythe que j’ai achetée immédiatement : « L’obscure clarté de l’air » de David Vann, qui revoit le mythe de Médée 🙂 Je ne l’ai pas encore lu mais ça pourrait t’intéresser !

      Babitty Lapina · 18 mai 2019 à 10 h 54 min

      Je note le titre, je te remercie ! Pour avoir lu pas mal de réécritures de conte de fées, je trouve que c’est un exercice bien plus difficile qu’il n’y parait et où beaucoup d’auteurs et d’autrices se plantent. Pour moi une bonne réécriture ce n’est pas juste raconter le récit une énième fois exactement comme on le connait, ni insérer de vagues références…

        La Geekosophe · 18 mai 2019 à 19 h 39 min

        En effet ! Je trouve par exemple la réécriture de Marissa Meyer, les chroniques lunaires, plutôt créatives (bien que ce ne soit pas forcément très à mon goût). Au moins, ça a permis à beaucoup de gens pas très intéressés par la science-fiction de découvrir le genre en passant par des histoires que tout le monde connaît revisitées !

Choupaille · 18 mai 2019 à 9 h 52 min

Ah ben voilà, preuve qu’on est tout à fait d’accord ^^ ! Comme tu dis, la plume est superbe est envoûtante, mais pour le reste on ne s’écarte pas du mythe et c’est un peu dommage. Mention spéciale pour les Argonautes/Avengers qui m’a bien fait rire !

    La Geekosophe · 18 mai 2019 à 10 h 43 min

    Dr toute façon, les super-héros d’aujourd’hui ne sont rien d’autre que les réincarnations des demi-dieux d’hier :p Mais c’est clair qu’on est bien alignées à propos de cette oeuvre 😉

Le dernier chant d’Orphée – Robert Silverberg : réécriture épique ou concentré sans saveur ? – Moonlight Symphony · 24 novembre 2021 à 10 h 01 min

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