Le post-apo, ce genre qui souffre d’une réputation taillée par Mad Max, entre sable, violence et véhicules tunés façon tonton Jacky ! Il existe tout de même quelques œuvres qui se distinguent par leur poésie douce-amère et un certain sens du réalisme. C’est le cas de la pépite trop méconnue qu’est « Station Eleven » d’Emily St. John Mandel.

Synopsis de Station Eleven

Une pandémie foudroyante a décimé la civilisation. Une troupe d’acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Ce répertoire classique en est venu à représenter l’espoir et l’humanité au milieu des étendues dépeuplées de l’Amérique du Nord. 

Centré sur la pandémie mais s’étendant sur plusieurs décennies avant et après, Station Eleven entrelace les destinées de plusieurs personnages dont les existences ont été liées à celle d’un acteur connu, décédé sur scène la veille du cataclysme en jouant Le Roi Lear. Un mystérieux illustré, Station Eleven, étrangement prémonitoire, apparaît comme un fil conducteur entre eux…

Un roman puissant

Station Eleven est universel et poétique

Le début était fluide sans être convaincant ! J’avais du mal à comprendre pourquoi beaucoup de mes camarades de la communauté lecture d’internet ne cessait de s’extasier en entendant que je m’étais lancée dans Station Eleven. Mais au fil du temps, l’écriture touchante et subtile nous plonge dans un univers crépusculaire où l’humanité tente de se reconstruire.

La construction de ces sociétés post-apo est très réaliste : l’ambiance est douce-amère. De petites communautés habitent des maisons et des villages, relativement isolées les unes des autres. Parfois, leur vie est assez douce. Parfois, il y a des excès, des incompréhensions nées du monde d’avant. La Symphonie par exemple, tente de perpétuer des valeurs humanistes universelles en jouant de la musique et du Shakespeare. Ils se raccrochent à un monde passé.

C’est aussi le cas avec l’aéroport de Severn City, qui devient une sorte de lieu de pèlerinage pour beaucoup de déracinés. Clark, un homme qui a connu le monde ancien, a créé un musée avec des objets du passé. L’histoire de cet aéroport après la pandémie est proprement fascinante. Supposé partir de Londres jusqu’à New York, un avion doit s’arrêter dans une petite ville. Il ne décollera plus jamais. L’événement force les habitants à s’organiser et c’est vraiment un excellent passage, qui contient l’espoir, la mélancolie mais aussi la violence, de tout le récit.

Une narration originale mais qui ralentit l’histoire

Autrement, le procédé narratif est bien mené. L’autrice a choisi d’alterner entre des passages au présent, après la pandémie, avec des passages avant, des flashbacks de l’ancienne vie de ces personnages, et pendant la pandémie. Elle propose ainsi une galerie de personnages convaincante et complète et touche à l’ensemble de la palette des émotions humaines. Ils sont tous reliés les uns les autres, ce qui donne au récit l’apparence d’une fresque ou d’un drame. Cette dernière composante donne même au roman quelque chose de spirituel, relié à une notion de karma ou de destin. 

Le seul reproche u’on pourra lui trouver est une tendance à la contemplation qui déplaira aux personnes à la recherche d’un récit enlevé, rapide. L’oeuvre est traversée de moments d’introspections qui soutiennent pleinement la psychologie des personnages, mais qui évidemment ralentit beaucoup l’action et le scénario. 

Une lecture marquante

Station Eleven est donc un très bon roman. Il appartient à ce type de science-fiction qui peut parfaitement plaire aux non-amateurs du genre. C’est en effet une lecture qui touche à des thèmes humains et universels, le tout dans un style onirique, poétique mais accessible. Introspectif, philosophique et psychologique, c’est vraiment une oeuvre unique en son genre.

Note : 17/20

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16 commentaires

Charmant-Petit-Monstre · 28 août 2019 à 15 h 34 min

Belle chronique qui résume parfaitement bien à mon avis l’essence du roman. J’avais tellement aimé et j’ai été proportionnellement tellement triste quand j’ai vu les dernières pages arrivées. Je ne voulais pas quitter l’histoire. Je connais rarement ce sentiment, même quand la lecture est top. Bref. Roman au top et contente que ça t’ait plu ! 😀

    La Geekosophe · 29 août 2019 à 21 h 06 min

    Merci beaucoup pour la découverte ! Je ne connaissais pas absolument pas avant le HMSFFF

L'ourse bibliophile · 28 août 2019 à 20 h 03 min

Tellement juste ! C’est une petite perle dont j’ai adoré le côté poétique et contemplatif. Je l’ai souvent conseillé et il a même su déjouer les réticences de personnes qui « n’aiment pas la SF ». Très jolie critique qui me replonge dans d’excellents souvenirs de lecture.

    La Geekosophe · 29 août 2019 à 21 h 08 min

    Héhé, ila rejoint ma liste de livres à conseiller à ceux qui n’aiment pas la SF 😉

Alberte Bly · 1 septembre 2019 à 21 h 04 min

Je pense que le post-apo écrit par des meufs c’est ma cam’ au fait!!

Le contemplatif qui pourrait apparaître comme l’unique défaut, c’est ce qui fini de me convaincre ! J’adore ce genre d’histoires qui prennent leur temps pour décrire le monde dans ses détails les plus insignifiants, nous livrant au passage une ambiance dans laquelle on voudrait se noyer tant c’est bon aha

Bon, je fonce voir si ce livre est dans ma bibli ! Signe d’un porte-monnaie vide mais d’une wishlist en train de grossir hihi

Merci pour cette chouette chronique ♥

    La Geekosophe · 1 septembre 2019 à 23 h 37 min

    Aaaah si tu as aimé « Dans la forêt » il va te plaire aussi ! Il est un peu moins dans la description de la nature sauvage qui reprend le pas sur l’humanité, mais plus du côté du psychologique et de l’humain.

    J’en ai un autre dans ma wishlist qui pourrait t’intéresser, même si je ne l’ai pas lu : « Le mur Invisible » de Marlen Haushofer 😀

      Alberte Bly · 2 septembre 2019 à 9 h 40 min

      C’est plutôt ma cam’ aussi! Et puis l’idée de base est super originale et le fait de passer du point de vue d’un perso à un autre c’est intéressant 🙂

      Ok, je viens de le wisher, ça à l’air trop bien *0*

Alberte Bly · 1 septembre 2019 à 21 h 05 min

EDIT : BONNE NOUVELLE, IL EST DANS MA BIBLI ~ joie, bonheur et excitation ~ *0*

    La Geekosophe · 1 septembre 2019 à 23 h 38 min

    Que soient bénies les bibliothèques, soutien indéfectible aux livrovores compulsifs sans le sou 😀

Elhyandra · 15 septembre 2019 à 15 h 54 min

Je ne connaissais pas du tout mais il a l’air vraiment chouette

    La Geekosophe · 15 septembre 2019 à 20 h 39 min

    Une très bonne lecture ! 😉

    La Geekosophe · 19 septembre 2019 à 16 h 11 min

    Je commence à développer une passion pour les post-apos contemplatifs 😀

Anne-Laure - Chut Maman Lit · 14 octobre 2019 à 23 h 30 min

Tres belle chronique !
Merci pour la decouverte, je note ce roman dans ma wishlist

    La Geekosophe · 14 octobre 2019 à 23 h 48 min

    C’est vraiment un roman de référence pour les adeptes de la post-apo contemplative et réflexive 😉 J’espère qu’il te plaira

C’est le 1er, je balance tout ! # 31-32 – Juillet-Août 2019 | L'ourse bibliophile · 1 septembre 2019 à 8 h 34 min

[…] de livres de SF écrits par des femmes : je n’ai lu que Station Eleven et Dans la forêt (dont La Geekosophe et Alberte Bly ont merveilleusement parlé récemment), mais j’ai tellement adoré ces deux […]

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