Ce mois n’a pas été très productif en termes de lectures. Je lis beaucoup sur le trajet, dans les transport, et les vacances n’aident donc pas. En plus, deux des livres que je présente ont été lus en juillet mais je n’ai pas eu le temps de les ajouter. Donc c’est parti pour mon mois d’août et ses lectures.
La débusqueuse de mondes de Luce Basseterre
À bord de son cybersquale nommé Koba, D’Guéba, une créature aux allures de grenouille, parcourt l’espace à la recherche de planètes abandonnées qu’elle pourra terraformer puis revendre. D’Guéba est une experte, elle est débusqueuse de mondes.
Alors qu’elle explore l’un de ces mondes dans l’espoir de se l’approprier, D’Guéba fait la connaissance d’Otto, un Humain, seul survivant du crash du vaisseau dans lequel il était esclave pourvoyeur de rêves. Bavard, pot de colle et a priori doté d’une intelligence limitée, Otto s’invite à bord de Koba.
Alors que la batracienne a bel et bien l’intention de se débarrasser de ce passager gênant dans le spacioport où elle pense conclure une affaire, les évènements ne vont finalement pas se dérouler comme prévus…
La débusqueuse de mondes est une histoire sympathique légère. Elle est parfaite pour les gens qui souhaitent découvrir le space opéra sans entrer dans un cycle de 10 tomes bardés de détails scientifiques et de batailles spatiales. On pourra lui reprocher un manque de clarté par moments ou repérer des éléments proches d’autres œuvres, mais les personnages attachants et l’univers haut en couleurs sauront vous séduire.
Le collectionneur de Fiona Cummins
Le collectionneur mène une double vie. Monsieur Tout-le-monde dans l’une, il est, dans l’autre, le gardien d’un musée secret qu’ont constitué son père et son grand-père avant lui, une collection d’ossements humains. Les collectionneurs cherchent toujours la rareté, l’objet unique. Et il y a à Londres deux enfants atteints d’une maladie génétique orpheline qui fait se dédoubler les cartilages puis pousser les os jusqu’à l’étouffement, la maladie de l’homme de pierre.
J’ai globalement apprécié cette histoire sombre et tordue ! Le postulat de départ est original et permet au roman d’avoir une ambiance spécifique face à une avalanche de thrillers calibrés. L’alternance des points de vue rend le récit haletant, on a hâte de connaître la fin. Le personnage principal, femme flic, est bien écrit, j’ai bien apprécié son caractère rugueux qui la rendait attachante à défaut de sympathique. Dommage qu’il y ait quelques coquilles dans l’édition qui déconcentrent un peu.
Kafka sur le rivage d’Haruki Murakami
Un adolescent, Kafka Tamura, quitte la maison familiale de Tokyo pour échapper à une malédiction œdipienne proférée par son père. De l’autre côté de l’archipel, Nakata, un vieil homme amnésique, décide lui aussi de prendre la route. Leurs deux destinées s’entremêlent pour devenir le miroir l’une de l’autre, tandis que, sur leur chemin, la réalité bruisse d’un murmure envoûtant.
Kafka sur le Rivage est vraiment une oeuvre unique. Il est rare de voir des œuvres aussi uniques et si denses mais qui parviennent à faire preuve d’assez de simplicité pour devenir véritablement universel. Ce roman est un bijou de la littérature, avec des personnages touchants, des messages profonds et une aventure unique et déstabilisante.
Les derniers hommes de Pierre Bordage
Le futur proche, après la troisième guerre mondiale. Dans une Europe dévastée par les pollutions chimiques, nucléaires et génétiques, les rares ressources intactes sont partagées par des tribus nomades qui ont pris chacune en charge l’exploitation d’une denrée spécifique. Solman le boiteux, du peuple aquariote – qui découvre et contrôle les sources d’eau -, possède le don de clairvoyance: infaillible juge des âmes, cet atout le confine aussi à l’écart de tous, qui se méfient de son talent. Seuls Raïma, la guérisseuse, puis la mystérieuse Kadija et un vieux scientifique de l’ancien monde vont l’accompagner dans sa quête pour échapper à l’apocalypse qui semble menacer les derniers hommes…
Les derniers hommes est une lecture de science-fiction de bonne facture. Les péripéties s’enchaînent sans temps mort, ce qui permet de vraiment maintenir l’attention du lecteur. L’ensemble est renforcé par une écriture fluide ainsi qu’un univers bien construit. Dommage que le tiers de fin s’enfonce dans un mysticisme moralisateur qui m’a un peu perdu.
L’enfant unique de Xinran
“Ceci est un livre sur la première génération d’enfants uniques en Chine, ceux nés entre 1979 et 1984. Ils ont profité seuls de tous les cadeaux matériels, de l’amour et de l’attention qu’ils auraient dû partager avec une fratrie. Pour cette raison, ils ont manqué de pratique dans tout ce qui touche à la communication, au partage, à l’entraide, à la tolérance. C’était comme si le monde n’appartenait qu’à eux. En même temps, quand je regarde leurs croyances, leurs valeurs, leurs techniques de survie, les mots même qu’ils utilisent, je m’étonne de voir à quel point ils sont différents les uns des autres. Je crois qu’arrivés à la fin de ce livre, vous aurez peut-être, comme moi, été émus par chacun d’eux.
Et vous vous apercevrez aussi que leur histoire retrace le cours des transformations rapides qui se sont produites dans la société chinoise. Comprendre les enfants uniques d’aujourd’hui en Chine constitue une ressource inestimable pour comprendre non seulement l’avenir de la Chine, mais aussi sa manière d’interagir avec le reste du monde. Pourquoi devrions-nous écouter et essayer de comprendre la voix de cette génération ? Parce que l’avenir que nous partageons avec eux est aussi précieux que le ciel bleu. ”
Un livre très enrichissant pour tous ceux qui s’intéressent à la culture chinoise ou à la sociologie. Les témoignages se centrent sur une cohorte unique en son genre qui fait entendre la voix de ces enfants uniques. Même si les témoignages se répètent ou que la journaliste prend un peu trop de place par moments, c’est un coup d’oeil acéré au sein d’une société qui évolue à grande vitesse.
Station Eleven d’Emily St. John Mandel
Une pandémie foudroyante a décimé la civilisation. Une troupe d’acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Ce répertoire classique en est venu à représenter l’espoir et l’humanité au milieu des étendues dépeuplées de l’Amérique du Nord.
Centré sur la pandémie mais s’étendant sur plusieurs décennies avant et après, Station Eleven entrelace les destinées de plusieurs personnages dont les existences ont été liées à celle d’un acteur connu, décédé sur scène la veille du cataclysme en jouant Le Roi Lear. Un mystérieux illustré, Station Eleven, étrangement prémonitoire, apparaît comme un fil conducteur entre eux…
Station Eleven est un excellent roman. Il appartient à ce type de science-fiction qui peut parfaitement plaire aux non-amateurs du genre. C’est en effet une lecture qui touche à des thèmes humains et universels, le tout dans un style onirique, poétique mais accessible. Introspectif, philosophique et psychologique, c’est vraiment une oeuvre unique en son genre.
Underground Airlines de Ben H. Winters
Amérique. De nos jours. Ou presque.
Ils sont quatre. Quatre États du Sud des États-Unis à ne pas avoir aboli l’esclavage et à vivre sur l’exploitation abjecte de la détresse humaine. Mais au Nord, l’Underground Airlines permet aux esclaves évadés de rejoindre le Canada. Du moins s’ils parviennent à échapper aux chasseurs d’âmes, comme Victor. Ancien esclave contraint de travailler pour les U.S. Marshals, il va de ville en ville, pour traquer ses frères et sœurs en fuite. Le cas de Jackdaw n’était qu’une affaire de plus… mais elle va mettre au jour un terrible secret que le gouvernement tente à tout prix de protéger.
Je désespérais de trouver une dystopie originale ! Underground Airlines se lance dans un sujet sensible avec une grande justesse. L’écriture sèche et directe nous immerge immédiatement dans cette histoire où l’horreur est très présente. De nombreux passages nous plongent dans l’hypocrisie et la cruauté de ceux qui profitent ouvertement de l’esclavage. Le récit est bien mené, notamment car le scénario est surprenant et ne manque pas de rebondissements. Autre point fort : Ben H. Winters croque parfaitement ses personnages.
Et vous, qu’avez-vous lu ce mois d’août ? Des coups de coeur à signaler ?
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