Romain Gary est une légende insoluble de la littérature française ! Né Roman Kacew, dans l’Empire Russe, Gary aura toujours aimé construire sa légende en racontant ses propres histoires. Entre autobiographie et autofiction, ce gagnant de deux prix Goncourt dévoile dans « la promesse de l’aube » une partie de sa vie mouvementée mais ne révèle tous ses secrets. Partons à l’assaut d’un monument.

Synopsis de La promesse de l’aube

« -Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D’Annunzio, Ambassadeur de France – tous ces voyous ne savent pas qui tu es !
Je crois que jamais un fils n’a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là.
Mais, alors que j’essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu’elle me compromettait irrémédiablement aux yeux de l’Armée de l’Air, et que je faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j’entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports :
– Alors, tu as honte de ta vieille mère ? »

Récit vibrant d’un amour hors normes

Nina Kacew, une figure marquante

Difficile de savoir par quel bout prendre cette oeuvre. Peut-être peut-on commencer par le fait qu’il s’agisse d’une histoire d’amour. L’amour absolu d’une mère pour son fils. Un amour écrasant, total, sublime. Nina a une foi totale en son fils unique, pour lequel elle ne refuse nulle dépense, pour lequel aucun sacrifice n’est trop beau ou trop exigeant. Beaucoup d’autres

La description qu’en fait Romain Gary déborde de tendresse : Nina est une femme qui déborde de ressources, fantasque, ambitieuse. Nina Kacew aime raconter des histoires, comme son fils, et nourrit de grands espoirs pour qu’il réponde à son besoin de réussite. Ainsi, la mère Kacew a souvent des idées arrêtées, voire vieillottes, sur l’honneur ou comment être un homme, et invective régulièrement sa progéniture lorsqu’il n’atteint la vertigineuse hauteur de ses standards.

Destin tortueux d’un humaniste

Quant au jeune Romain, on le sent partagé entre une adoration totale pour sa Mère et sa volonté de respirer par lui-même. Nina ne vit que par et pour son fils, même à travers la maladie ou un labeur continuel. Romain Gary décrit avec sensibilité ces moments où il souhaite être capable de protéger sa Mère, de ne plus dépendre d’elle et qu’elle dépende de lui pour enfin la remercier de ses sacrifices. Mais il a choisi la voie la plus longue en devenant écrivain.

C’est aussi l’histoire forte d’un humaniste amoureux de sa patrie, qu’il a surtout connu à travers l’image d’Epinal que lui a construite sa Mère. La France devient un conte, un mythe, qui bien sûr ne tient pas toutes ses promesses dans la réalité. Mais le héros dépasse toutes les petitesses de la bêtise humaine, soutenu par l’inénbralable vision de sa mère.

Une écriture sublime et drôle

Le style de Romain Gary est lumineux et fluide. Certains passages débordent de beauté. Celui-ci est sûrement mon préféré et donne son titre à l’oeuvre :
« Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances.« 

Son autre point fort est de savoir faire preuve d’une grande autodérision et d’un sens de l’humour remarquable. Il prend presque plaisir à nous relater les échecs les plus retentissants de son chemin de vie sinueux, alors que ses réussites les plus brillantes passeront toujours au second plan. Romain Gary préfère se concentrer sur les affres du quotidiens, le vol des croissants, un premier amour aux exigences atypiques, un roman renvoyé où on lui conseille de voir un psychanalyste (Il faut reconnaître que Freud aurait festoyer sur le lien entre l’auteur et sa mère).

Un classique lumineux

La promesse de l’aube est une oeuvre marquante. Chemin de vie tortueux d’un jeune homme élevé par l’amour infini d’une mère étouffante et adorée, le livre marque par son style. L’écriture très maîtrisée de Gary nous emporte aisément et certains passages sont grandioses. L’auteur est également doté d’un sens de l’humour qui fait mouche.

Note : 17/20

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Catégories : Chroniques

2 commentaires

Babitty Lapina · 11 décembre 2019 à 20 h 12 min

Un très jolie chronique que voilà ! Est-ce que tu as vu le film qui est sortit il n’y a pas très longtemps avec Pierre Niney ? J’ai me sens pas trop de me lancer dans la lecture de ce roman, du coup je me demande si le film vaut le coup.

    La Geekosophe · 12 décembre 2019 à 22 h 36 min

    Oui, j’ai bien aimé le film aussi 🙂 Il retranscrit bien l’atmosphère du récit !

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