Le mois de décembre se termine ! Le traditionnel point lecture est de sortie. Des lecteurs variées dont deux coups de coeur que vous avez vu dans les meilleures lectures de l’année.
La promesse de l’aube de Romain Gary
« -Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D’Annunzio, Ambassadeur de France – tous ces voyous ne savent pas qui tu es !
Je crois que jamais un fils n’a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là.
Mais, alors que j’essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu’elle me compromettait irrémédiablement aux yeux de l’Armée de l’Air, et que je faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j’entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports :
– Alors, tu as honte de ta vieille mère ? »
La promesse de l’aube est une oeuvre marquante. Chemin de vie tortueux d’un jeune homme élevé par l’amour infini d’une mère étouffante et adorée, le livre marque par son style. L’écriture très maîtrisée de Gary nous emporte aisément et certains passages sont grandioses. L’auteur est également doté d’un sens de l’humour qui fait mouche.
Le tome 2 des Chroniques lunaires : Scarlet de Marissa Meyer
Bien loin de l’Asie et du royaume du Prince Kai, la grand-mère de Scarlet Benoit est portée disparue. Scarlet réalise alors qu’elle n’a jamais su qui était vraiment son aînée et quels dangers pouvaient bien la menacer. Quand elle rencontre Wolf, un mystérieux street-fighter qui semble savoir où est sa grand-mère, elle n’a d’autre choix que de lui faire confiance. C’est en menant leur enquête que Scarlet et Wolf croisent la route de Cinder.
Ce deuxième tome confirme un récit original qui a le mérite d’offrir une porte d’entrée facile d’accès pour un lectorat qui aurait autrement eu du mal avec la science-fiction. La réécriture du conte est mieux maîtrisée, offrant des possibilités bien exploitées pour enrichir l’histoire et l’univers. Les personnages sont plus complexes, moins manichéens, ce qui ajoute une couche supplémentaire au roman, le rendant plus mature et plus accrocheur.
Circé de Madeline Miller
Helios, dieu du soleil, a une fille : Circé. Elle ne possède ni les pouvoirs exceptionnels de son père, ni le charme envoûtant de sa mère mais elle se découvre pourtant un don : la sorcellerie, les poisons et la capacité à transformer ses ennemis en créatures monstrueuses. Peu à peu, même les dieux la redoutent. Son père lui ordonne de s’exiler sur une île déserte sur laquelle elle développe des rites occultes et croisent tous les personnages importants de la mythologie : le minotaure, Icare, Medée et Ulysse…
Circé est une lecture que je recommande fortement. Il convient aux personnes aimant la mythologie ou les portraits de femmes fortes qui défient les conventions. L’univers est immersif, l’écriture est belle… Circé est une oeuvre d’une grande maîtrise, qui reste longtemps en mémoire après l’avoir lue. C’est une ode à la sorcière, dont le pouvoir isole car il fait peur, à la mère qui trouve dans l’enfantement une force insoupçonnée, à la vieille femme, qui accepte sereinement son destin.
Les refuges de Jérôme Loubry
Installée en Normandie depuis peu, Sandrine est priée d’aller vider la maison de sa grand-mère, une originale qui vivait seule sur une île minuscule, pas très loin de la côte.
Lorsqu’elle débarque sur cette île grise et froide, Sandrine découvre une poignée d’habitants âgés organisés en quasi autarcie.Tous décrivent sa grand-mère comme une personne charmante, loin de l’image que Sandrine en a.
Pourtant, l’atmosphère est étrange ici. En quelques heures, Sandrine se rend compte que les habitants cachent un secret. Quelque chose ou quelqu’un les terrifie. Mais alors pourquoi aucun d’entre eux ne quitte-t-il jamais l’île ?
Qu’est-il arrivé aux enfants du camp de vacances précipitamment fermé en 1949 ?
Qui était vraiment sa grand-mère ?
Sandrine sera retrouvée quelques jours plus tard, errant sur une plage du continent, ses vêtements couverts d’un sang qui n’est pas le sien…
C’est un très bon thriller, sombre, psychologique et surprenant. Il crée la surprise grâce à une construction emberlificotée mais addictive (je l’ai lu en deux jours). L’écriture efficace accompagne parfaitement cette lecture déconcertante dont l’atmosphère frôle souvent l’onirisme.
Enchantement d’Orson Scott Card
Au cœur de la forêt ukrainienne, le petit Ivan découvre une jeune fille endormie sur un autel. Une présence inquiétante le pousse à s’enfuir. Des années plus tard, Ivan revient sur les lieux. Cette fois, il ose embrasser la belle… et se retrouve précipité mille ans auparavant, dans un monde parallèle où la sorcière Baba Yaga fait peser une terrible menace. Une réinterprétation libre et magistrale de La Belle au bois dormant, par l’un des auteurs de fantasy les plus talentueux au monde.
Une lecture assez décevante malgré de bons éléments. L’histoire est très lente à se mettre en place, j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l’action (assez peu présente par ailleurs). Les personnages m’ont plutôt laissée de glace, je n’ai rien senti en particulier pour eux, tous un peu caricaturaux ou mièvres. Pourtant tout était là pour le plaire : une ambiance slave et onirique, une partie plus médiévale, une quête… Seuls les passages avec Baba Yaga et son Ours, truculents, m’ont totalement séduites, ainsi que les passages où Ivan se frotte aux décalages des valeurs des pays slaves du huitième siècle.
Zouck de Pierre Bottero
Anouck, dite Zouck, a une passion : la danse. Qu’elle partage avec sa meilleure amie, Maiwenn. Jusqu’au jour où elles s’éloignent l’une de l’autre. De son côté, Zouck, obsédée par l’idée de perdre quelques kilos superflus, se coupe du monde… Maiwenn tombe follement amoureuse et devient de plus en plus distante.
Une belle lecture par un auteur que j’adore ! Pierre Bottero a vraiment une plume d’une grande pudeur et d’une grande délicatesse. Il parvient à donner toute sa force à cette histoire simple mais tellement touchante et réaliste. Les personnages sont bien dépeints en quelques mots : leurs personnalités, leurs rêves, leurs peurs… Le roman est traversé de passages très poétiques.
Esprit d’hiver de Laura Kasischke
En ce matin de Noël, Holly se réveille, en retard, hantée par un funeste pressentiment : l’impression que, quand elle est partie en Russie avec son mari treize ans plus tôt pour adopter Tatiana, quelque chose les a suivis jusque chez eux. Tandis qu’Holly tente de dissiper cette angoisse inexplicable, son mari, Eric, part en hâte pour l’aéroport où il doit retrouver ses parents venus fêter Noël avec eux.
Quelle expérience déconcertante ! Ma première lecture de cette autrice et je reconnais la patte des grands écrivains de thrillers. Pourtant, ça partait mal, c’est qu’il ne passe pas grand chose dans une bonne partie de ce récit. Le roman s’articule entre flashbacks de l’adoption de la belle Tatiana, réflexions de Holly sur son passé difficile, préparation d’un rôti, puis un dialogue Mère-Fille totalement absurde où on soupçonne que l’une des deux a un sérieux pet au casque. Mais la fin, ramassée en quelques lignes, lancée à nos yeux de lecteurs fragiles, remet les pendules à l’heure et nous rappelle qu’il va falloir acheter d’autres oeuvres de Kasischke.
Un beau mois de décembre ! Quelles sont les lectures du mois qui vous ont particulièrement plu ?
2 commentaires
Babitty Lapina · 2 janvier 2020 à 6 h 30 min
Que de belles lectures ! J’ai été aussi très déçue par enchantement malgré les nombreux bons avis lus dessus… J’ai finit par l’abandonner. Le revoir passer ici et là m’a fait envisager de lui redonner une chance et finalement ton avis ne fait que confirmer le mien.
La Geekosophe · 2 janvier 2020 à 16 h 07 min
Ahalala je pensais qu’Enchantement allait me plaire mais finalement pas trop… ça me rassure de voir que je ne suis pas la seule, le roman avait l’air d’avoir été apprécié pourtant 🙂