Je souhaitais lire Edith Wharton après en avoir entendu parler à plusieurs reprises. Cette autrice États-unienne fait partie des classiques de la littérature anglophone, elle est reconnue comme une fine observatrice des mœurs de son époque. Avec Ethan Frome, elle nous livre une tragédie poignante dans une Amérique rurale où se mêlent le bucolique et l’implacable.
Synopsis d’Ethan Frome
Les montagnes du Massachusetts à la fin du XIXe siècle. Ethan Frome est un jeune homme pauvre qui aime les livres et rêve de voyages. Il a hérité d’une ferme et d’une scierie qui ne rapportent rien, épousé une vieille cousine hypocondriaque. Et, sans comprendre ce qui lui arrive, il tombe amoureux pour la première fois. En trois jours, sa vie va basculer. Même la mort ne voudra pas des héros de cette tragédie rurale, chef-d’oeuvre atypique d’Edith Wharton.
Un chef-d’oeuvre qui ne démérite pas
Une œuvre d’un grand tragique et d’une grand finesse
Ethan Frome est une histoire d’amour d’impossible, le drame de la pauvreté, de la dépendance et de la fatalité. Ethan Frome est un homme qui hérité d’une ferme et d’une scierie peu rentables. Sa femme est hypocondriaque, plaintive, difficile. Il est rêveur, instruit même. Il trouve sa seule lumière en Mattie, une cousine de sa femme Zenobia, qui vient travailler pour aider cette dernière. Après un an, la jeune femme finit par être renvoyée par Zeena, cette dernière ayant sans doute deviné l’inclination de son mari pour la jeune orpheline sans ressources.
Edith Wharton a un vrai don quand il s’agit de nous traduire les non-dits et les drames d’un quotidien terne. Elle est égale à sa réputation : la tension est palpable dans ce quasi huis clos. L’autrice manie avec brio les sentiments cachés dans cette société stricte où les effusions sentimentales sont mal tolérées. Jamais personne ne soupçonne ou n’accuse ouvertement qui que ce soit. Il y a quelque chose d’infiniment subtil dans ce jeu d’emprise où tout s’accroche à un détail, un geste, un regard.
Une grande maîtrise sur la forme comme sur le fond
On s’attache vraiment au personnage d’Ethan, dont la vie ne semble être qu’une succession de tragédies familiales qui finissent par miner son âme et son corps. La mort de ses parents, la maladie de sa mère, le mariage avec une femme odieuse qui se prétend souffreteuse pour garder l’emprise sur son mari. Ethan fait preuve d’une grande patience au fil des pages et d’une abnégation sans faille, allant jusqu’à se sentir coupable quand il pense à laisser sa femme pour partir refaire sa vie.
L’écriture d’Edith Wharton participe à donner un souffle tragique à cette histoire d’apparence simple. Elle a une façon de décrire les détails des gestes, des regards, des sentiments qui est assez lumineuse. Le roman est pourtant court, mais on croit l’attachement d’Ethan, on croit à la malice de Zenobia, on croit à la douceur joviale de Mattie. Il y a quelque chose d’immersif et de très vrai dans la façon dont l’autrice a construit la narration, ses descriptions. Ces dernières rendent d’ailleurs beaucoup hommage au cadre sauvage et montagnard des États-Unis de l’époque, avec sa neige épaisse et son blizzard glacial. Le décor fait écho à l’isolement des personnages et au fait que leur destinée soit sans issue.
Un classique à lire
Ethan Frome est une démonstration de maîtrise dans la littérature psychologique. Tragique, les événements se suivent vers le destin dramatique des héros et le lecteur ne peut qu’en ressentir une profonde injustice. Les personnages ont des caractères simples mais sont convaincants grâce à la finesse psychologique dont l’autrice fait preuve. Un classique qui vaut le détour.
Note : 17/20
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3 commentaires
Yuyine · 27 mars 2020 à 8 h 32 min
Je le découvre grâce à toi, je m’empresse de la noter dans ma liste d’envies!
La Geekosophe · 27 mars 2020 à 17 h 40 min
Edith Wharton reste relativement méconnue malgré son statut d’autrice classique !
Ethan Frome d’Edith Wharton – Les Blablas de Tachan · 28 septembre 2023 à 7 h 00 min
[…] N’hésitez pas à lire aussi les avis bien plus pointus de : La Geekosophe, Un fil à la page, Imagine…Erre, Miss Molko, Vous […]