Ce mois d’avril confiné se clôt ! J’espère que vous êtes parvenus à faire de belles lectures bien que parvenir à se concentrer tienne du miracle ! Pour ma part je suis assez satisfaite de mon bilan avec beaucoup de belles lectures.

Serena de Ron Rash

Serena de Ron Rash

Situé dans les Smoky Mountains de Caroline du Nord, Serena allie, selon l’auteur, “drame élisabéthain, problèmes environnementaux et richesse de la langue”.

L’héroïne, sorte de Lady Macbeth des années 1930, est l’épouse de George Pemberton, riche et puissant exploitant forestier. Ces deux-là sont des prédateurs, prêts à tout pour faire fructifier leur entreprise dont l’objectif est de couper tous les arbres à portée de leur main. Une ambition que vient menacer le projet d’aménagement d’un parc national, pour lequel l’État convoite leurs terres. Pemberton met sa fortune à contribution pour soudoyer tous les banquiers et politiciens qu’il faut, et Serena n’hésite pas à manier fusil et couteau pour éliminer les obstacles humains.

Belle, ambitieuse et intrépide, Serena fascine son mari et ses employés, pour lesquels elle n’éprouve aucune compassion. Et pourtant chaque jour apporte son lot de blessés, voire de morts, tant le métier de bûcheron est dangereux en soi et la nature alentour hostile, quoique magnifique.

Avec une écriture rugueuse, Ron Rash nous entraîne dans des années 30 qui subissent la crise. Dans une nature aussi belle que dangereuse, le capitalisme sans foi ni loi s’empare des richesses naturelles. Il est représenté par la fascinante Serena, une femme charismatique et autoritaire, dont le génie commercial se dispute à son caractère impitoyable, voire cruel par moments. Une lecture dont j’ai apprécié le caractère immersif et ambivalent.

Wyld Tome 1 : La mort ou la gloire de Nicholas Eames

Wyld Tome 1 : La mort ou la gloire de Nicholas Eames

La dernière tournée.
Clay Cooper et ses hommes étaient jadis les meilleurs des meilleurs, la bande de mercenaires la plus crainte et la plus renommée de ce côté-ci des Terres du Wyld – de véritables stars adulées de leurs fans. Pourtant leurs jours de gloire sont loin. Les redoutables guerriers se sont perdus de vue. Ils ont vieilli, se sont épaissis et ont abusé de la bouteille – pas forcément dans cet ordre, d’ailleurs.

Mais un jour, un ancien compagnon se présente à la porte de Clay et le supplie de l’aider à sauver sa fille, prisonnière d’une cité assiégée par une horde de monstres sanguinaires. Même si cela revient à se lancer dans une mission que seuls les plus braves et les plus inconscients seraient capables d’accepter.
Le temps est venu de reformer le groupe… et de repartir en tournée.

Un roman qui pour moi était parfait pour la période ! Léger mais avec des éléments dramatiques, La mort ou la gloire met en scène des personnages burlesques malmenés par la vie, mais avec un côté incroyablement humain qui les rend attachants. L’écriture est directe et drôle, et les péripéties s’enchaînent dans un monde bardé de références. Plus qu’une simple parodie, le livre est un petit univers à lui seul. J’attends de lire le deuxième tome pour avoir des personnages féminins plus développés, faille du roman qui m’a fait tiqué.

Les poisons de Katharz d’Audrey Alwett

Les poisons de Katharz

Le Prince Alastor n’apprécie pas qu’on l’appelle « l’Indolent » (vraiment, les gens sont méchants). Pour régler la question, le Sénateur Mâton le persuade de détruire Katharz. Voilà une guerre qui sera vite gagnée !

À Katharz, la ville-prison où la Trisalliance déverse chaque année ses indésirables, la situation est intenable. Ténia Harsnik, la tyranne en place, est obsédée par un nombre, celui des habitants qui vivent entre ses murs. En aucun cas, il ne faut dépasser les cent mille, car alors CE qui dort sous la ville SE réveillerait. Si cela se produisait, rien ne pourrait L’arrêter, sauf peut-être Dame Carasse… Mais la sorcière la plus puissante de la Terre d’Airain, à ce qu’elle raconte, semble bien plus préoccupée par son bizarre apprenti que par le destin du monde. D’ailleurs, la ville ne compte que 99 500 habitants. Ce n’est pas comme si l’apocalypse était dans un mois… pas vrai ?

Un roman mémorable ! Audrey Alwett se targue d’une maîtrise de la langue française qui ferait pâlir bien d’autres écrivains. Elle enchaîne les jeux de mot, les références et les quiproquos avec une aisance tout à fait remarquable. L’œuvre est fluide et l’univers très imaginatif. Les personnages sont quant à eux dotés de personnalités à la fois décalées mais étrangement dignes, ce qui les rend très attachants.

Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski

Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski

Au bout de dix heures de combat, quand j’ai vu la flotte du Chah flamber d’un bout à l’autre de l’horizon, je me suis dit : “Benvenuto, mon fagot, t’as encore tiré tes os d’un rude merdier.”

Sous le commandement de mon patron, le podestat Leonide Ducatore, les galères de la République de Ciudalia venaient d’écraser les escadres du Sublime Souverain de Ressine. La victoire était arrachée, et je croyais que le gros de la tourmente était passé. Je me gourais sévère. Gagner une guerre, c’est bien joli, mais quand il faut partager le butin entre les vainqueurs, et quand ces triomphateurs sont des nobles pourris d’orgueil et d’ambition, le coup de grâce infligé à l’ennemi n’est qu’un amuse-gueule. C’est la curée qui commence. On en vient à regretter les bonnes vieilles batailles rangées et les tueries codifiées selon l’art militaire.

Désormais, pour rafler le pactole, c’est au sein de la famille qu’on sort les couteaux. Et il se trouve que les couteaux, justement, c’est plutôt mon rayon…

Non, pas de coup de cœur malgré la virtuosité du roman. La langue est ciselée et maîtrisée, le rythme haletant et les manigances politiques particulièrement bien amenée. Benvenuto est à la fois odieux et attachant. L’univers est vraiment bien approfondi et inspiré, malgré peu d’éléments très originaux. J’ai cependant constaté quelques défauts qui m’ont empêchés de le classer en coup de coeur : une basse de rythme sur une certaine partie, des aspects de la fantasy qui était en trop et une forme de boursoufflure dans l’écriture au début du roman qui a failli provoquer un abandon. Mais si vous chercher un roman fondateur de la crapule fantasy française, c’est du caviar.

Kabu Kabu de Nnedi Okorafor

Kabu Kabu de Nnedi Okorafor

Au bord d’un pipe-line, une jeune femme joue de la guitare pour un zombie d’un genre particulier. Dans un village nigérian, deux sœurs investissent une maison que leurs parents ont fait construire mais qui, curieusement, n’est pas meublée. Au lieu de l’amener à l’aéroport, un chauffeur de kabu kabu, ces taxis clandestins qui hantent les rues de Lagos, emmène sa cliente au cœur des légendes africaines. Sur la côte de Calabar au début du vingtième siècle ou sur l’étrange planète Ginen, Arro-yo est une coureuse de vents, obligée de se battre pour exister malgré sa chevelure qui la désigne aux autres comme maudite.

Convaincant, immersif et remarquable, Kabu Kabu est un recueil qui confirme Nnedi Okorafor comme une autrice à l’identité forte. Chaque texte brille par une forme d’authenticité et de cohérence globale, ouvrant une porte sur la culture et les traditions du Nigéria. Les personnages sont forts, mémorables, et servent parfaitement ces courtes histoires aux univers et tons aussi variés qu’enrichissants.

L’apprentissage du guerrier de Loïs McMaster Bujold

L'apprentissage du guerrier de Loïs McMaster Bujold

Les épreuves physiques de l’examen d’entrée à l’académie militaire, pour un nabot aux os fragiles comme du verre, c’est une gageure : en sautant d’un mur, Miles Vorkosigan se casse les deux jambes et voit s’effondrer ses espoirs de servir l’empereur de Barrayar
Aussi quand la belle Elena, fille de l’affreux Bothari, émet le souhait de retrouver sa mère, Miles organise-t-il le voyage. Il achète un vaisseau, engage un pilote puis se fait passer pour le chef des mercenaires Dendarii… Ceux-ci n’existent pas ? Aucune importance ! Ils ne tarderont pas à devenir bien réels. Oui, mais il va falloir les payer. Or Miles n’a pas le sou… Mais à défaut d’argent, il a du génie à revendre
.

Je ne m’attendais pas du tout à ça en ouvrant ce livre ! Il y a de l’aventure, des batailles spatiales et des personnages attachants et fouillés. Miles a l’originalité d’être hors normes, ce qui le rend bien plus crédible que d’autres héros sans tâches. Il compense sa petite taille grâce à une intelligence subtile et une langue acérée. Le roman suit ses aventures à un bon rythme, je ne me suis pas ennuyée une seule page ! L’univers est en plus très sympa, avec son côté militaire souvent brutal et empêtré dans des conflits répétés.

Et vous avez lu quoi ce mois-ci ? Vous avez réussi à garder un bon rythme ou plutôt le contraire ?

Catégories : Points lectures

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