Un mois de mai assez riche en lectures de mon côté ! Je suis de mon côté très contente que les librairies soient de nouveau ouvertes. Bon, ça ruine un peu ma dynamique de diminution de ma PAL mais on ne peut pas tout avoir. En tout cas, ce mois-ci était de nouveau très consacré à l’imaginaire et un peu d’écologie.

Mers Mortes d’Aurélie Wellenstein

Mers et océans ont disparu. L’eau s’est évaporée, tous les animaux marins sont morts. Des marées fantômes déferlent sur le monde et charrient des spectres avides de vengeance. Requins, dauphins, baleines…, arrachent l’âme des hommes et la dévorent. Seuls les exorcistes, protecteurs de l’humanité, peuvent les détruire.
Oural est l’un d’eux. Il est vénéré par les habitants de son bastion qu’il protège depuis la catastrophe. Jusqu’au jour où Bengale, un capitaine pirate tourmenté, le capture à bord de son vaisseau fantôme. Commence alors un voyage forcé à travers les mers mortes… De marée en marée, Oural apprend malgré lui à connaître son geôlier et l’objectif de ce dangereux périple.
Et si Bengale était finalement la clé de leur salut à tous ?

Le roman est de bonne facture. Il parvient à créer un univers qui génère un réel malaise chez son lecteur. Les tableaux glauques et horrifiques s’incarnent parfaitement à travers la plume d’Aurélie Wellenstein, construisant des moments très immersifs. L’histoire est également bien rythmée par choix de scénario classique mais qui a fait ses preuves, l’originalité venant d’un univers qui certes rappelle d’autres œuvres passées mais avec assez de spécificité pour que ce soit une force. Dommage que les personnages ne soient pas réellement attachants, ce qui nuit un peu à notre implication dans les événements.

Les flots sombres de Thibaud Latil-Nicolas

Les Chevauche-Brumes ont déserté les légions royales du Bleu-Royaume pour aller traquer les créatures maléfiques issues du brouillard noir : désormais dispersées aux quatre coins du monde, elles attaquent les populations civiles sans défense. Tandis que les réfugiés affluent à Antinéa, la capitale, et exacerbent les rivalités entre le régent du royaume et le clergé d’Enoch, sur mer, un monstre terrifiant fait des ravages parmi les navires. Les anciens de la neuvième compagnie pourront-ils faire face à tous ces périls ?

Les dialogues sont ciselés, souvent franchement drôles et bien tournés, portés par une galerie de personnages forts en gueule et attachants. Il y a d’ailleurs beaucoup de femmes qui sont mises en avant et c’est appréciable. L’action est très présente, sur terre comme sur mer. La plume de l’auteur est particulièrement efficace dans ces moments de bataille, où la mise en scène rend les conflits immersifs. Il développe également une intrigue politique bien équilibrée par rapport au reste du roman et intéressante à suivre même si elle repose sur des ressorts classiques.

Plaguers de Jeanne-A Débats

Quentin est un Plaguer, sous ses pieds jaillissent des sources, et celle qu’il aime, Illya, fait fleurir les orchidées partout où elle passe. Ils sont tous deux conduits à la Réserve parisienne. Ils vont y faire l’expérience de la vie communautaire, du Contrôle de leurs Plaies et, surtout, de l’étrange mutation qui les attend à travers l’Union : de la Fusion des Plaguers naissent les Uns, et même des Multiples – des entités fascinantes faites de plusieurs individus…

Plaguers est une lecture post-apo réussie à mes yeux. Son univers plutôt innovant et original permet de développer une galerie de personnages variés mais auxquels on s’identifie volontiers. Si le livre se concentre sur le relationnel, c’est pour mieux nous rappeler ce qui nous relie et fait de nous des humains, et donc pour transmettre un message universel et écologique.

Les canaux du Mitan d’Alex Nikolavitch

Le Mitan, vaste plaine couturée de canaux, creusés en des temps immémoriaux, et que les colons parcourent désormais sur de lentes péniches tirée par des chevaux. C’est sur l’une d’entre elles qu’embarque le jeune Gabriel, attiré par son côté exotique : peuplée de phénomènes de foire, elle lui permet d’échapper à un quotidien morose. Mais quels sont les esprits qui hantent les anciens tertres, tout au bout de la plaine ? Pourquoi, depuis des siècles, condottières et capitaine viennent-ils se perdre dans le Mitan ? Et surtout, à quoi bon maintenir les anciennes traditions des bateleurs-bateliers, quand la civilisation apporte de nouvelles règles ? Gazogènes, héliographes, canaux, chevaux et grandes plaines : un autre monde.

Cet univers de fantasy très original repose dans un premier temps sur un contexte rarement exploité : la discrimination envers les indigènes est palpable, les petites colonies doivent survivre dans un environnement hostile… Il y aussi quelques éléments de technologie comme les armes à feu qui tranchent avec la medieval fantasy, ça sent la poudre ! La narration est habilement construite et alterne entre plusieurs points de vue, ce qui permet à l’histoire de se révéler petit à petit. Sans spoiler, les éléments magiques ont quelque chose de captivant qui rend l’ensemble très dépaysant

L’Exil d’Alexiane de Lys

Résumé du premier tome :

À 18 ans, Cassiopée est contrainte de quitter l’orphelinat dans lequel elle vit depuis l’accident qui a tué sa mère.
Seule au monde et lâchée dans la ville, elle a la désagréable et persistante impression d’être suivie… Un soir, elle est violemment agressée par deux inconnus. Très mal en point, elle est sauvée de ce mauvais pas par un mystérieux et séduisant garçon, Gabriel. Leur rencontre n’est pas un hasard. Grâce à lui, Cassiopée découvre sa véritable nature : elle appartient aux Myrmes, un peuple ailé doté d’incroyables pouvoirs sensoriels. En pleine métamorphose, la jeune fille se lance dans cet univers totalement nouveau avec l’espoir de percer, enfin, les mystères de son passé.

Malgré une histoire très clichée, le premier tome de la saga s’est révélé addictif et prenant ! Cependant, ce deuxième tome n’a pas le charme et le rythme du premier. Il y a beaucoup trop de personnages et pas assez de temps pour les décrire, du coup ils font de la figuration la plupart du temps. L’écriture reste très orale et assez passable, et parvient même à nous sortir de la situation. Ce roman a également les défauts d’un tome de transition, pas assez de points vraiment stratégiques ne sont abordés, on manque d’enjeux vraiment immersifs.

Les hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra

Dans les ruines brûlantes de la cité millénaire de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici, une lapidation de femme, là des exécutions publiques, les Taliban veillent. La joie et le rire sont suspects. Atiq, le courageux moudjahid reconverti en geôlier, traîne sa peine. Le goût de vivre a également abandonné Mohsen, qui rêvait de modernité. Son épouse Zunaira, avocate, plus belle que le ciel, est désormais condamnée à l’obscurité grillagée du tchadri. Alors Kaboul, que la folie guette, n’a plus d’autres histoires à offrir que des tragédies. Le printemps des hirondelles semble bien loin encore…

Le thème était complexe mais Yasmina Khadra parvient à créer une atmosphère presque apocalyptique en peu de mots. L’écriture est précise mais poétique, toujours dans la justesse, le viscéral. On sent les personnages portés par une situation qui les dépasse, englués dans une forme d’impuissance crasse qui nous révolte. Le récit nous embaume dans un humanisme universel, nous appelant à la tolérance et à la réflexion face aux pouvoirs qui prétendent détenir une vérité unique.

L’institut de Stephen King

Au milieu de la nuit, dans une maison d’une rue calme de la banlieue de Minneapolis, des intrus assassinent en silence les parents de Luke Ellis et l’embarquent dans un SUV noir. L’opération prend moins de deux minutes. Luke se réveillera à l’Institut, dans une chambre qui ressemble à se méprendre à la sienne, sauf qu’il n’y a pas de fenêtres. Et derrière sa porte se trouvent d’autres portes, derrière lesquelles se trouvent d’autres enfants aux talents spéciaux – télékinésie et télépathie – qui sont arrivés ici de la même manière que Luke : Kalisha, Nick, George, Iris et Avery Dixon âgé de 10 ans. Ils sont tous dans la Moitié Avant. Luke apprend que d’autres sont passés à la Moitié Arrière, « comme les motels crasseux », déclare Kalisha. « On y entre, mais on n’en ressort pas. »
Dans la plus sinistre des institutions, la directrice Mme Sigsby et son personnel s’efforcent sans merci à extraire de ces enfants la force de leurs extraordinaires dons. Il n’y a pas de scrupules ici. Si vous faites ce qu’on vous dit vous recevez des jetons pour les distributeurs automatiques. Si vous ne le faites pas, la punition est brutale. À chaque nouvelle victime qui disparaît dans la Moitié Arrière, Luke devient de plus en plus désespéré à l’idée de sortir et de chercher de l’aide. Mais personne ne s’est jamais échappé de l’Institut.

Le King revient à ses premières amours en nous proposant un texte aux thèmes bien connus : enfance face au monde des adultes, amitié et pouvoirs paranormaux ! Il nous livre un récit maîtrisé, pas exempt de longueurs, mais aux personnages touchants tant ils sont bien écrits. C’est parfois convenu, parfois prévisible, parfois déjà vu, mais l’auteur nous fait ce qu’il fait de mieux : un roman addictif, bien géré, avec une bonne dose de frissons et de charme.

Quels sont vos coups de coeur de ce mois ?

Catégories : Points lectures

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