Le mois de juin a apporté un grand nombre de lectures, mais avec des avis plus contrastés que d’habitude. Mais les genres sont très variés alors je suis certaine que vous trouverez de quoi vous faire plaisir ! On est partis 🙂
Xenome de Nicolas Debandt
Un homme s’éveille au sein d’une Humanité 2.0. Étranger dans une société dans laquelle il n’a aucune place, en marge d’un système qu’il ne comprend pas, il part en quête de son identité et de sa raison d’être, dans cet univers où quatre espèces humaines ont chacune leur rôle et leur mission pour le bien commun. Il va être confronté à un Paris futuriste, et ce qu’il va découvrir de ses origines fera trembler la société qui l’entoure sur ses bases…
Je pense acheter plus de publications des éditions de l’homme sans nom car elles semblent être originales ! Xenome m’a surprise de manière positive avec son univers froid et sa précision dans les descriptions d’un monde divisé en castes basées sur l’ADN. J’ai trouvé de nombreuses idées originales comme la disparition des homo sapiens à profit d’autres espèces aux rôles bien déterminés. L’histoire est un peu prévisible mais parvient à créer quelques surprises grâce à ses aspects technothrillers et politiques. Dommage que l’écriture manque parfois de dynamisme, ce qui donne quelques longueurs, et plombe le développement des personnages.
Le petit paradis de Joyce Carol Oates
Adriane Strohl, une adolescente imprudente et idéaliste, vit dans un futur proche : une Amérique totalitaire en 2039 contrôlée à l’excès par la « Véritable Démocratie », où il est interdit à quiconque de sortir de la moyenne. Alors qu’elle est nommée major de sa promotion de terminale, elle commet l’erreur de vouloir briller dans son discours de fin d’études, et se voit condamnée à être télétransportée dans une bourgade rurale d’Amérique du Nord appelée Wainscotia pour y effectuer ses études supérieures… quatre-vingts ans plus tôt.
Forcée d’adopter une nouvelle identité et constamment sous surveillance, Adriane – alias Mary Ellen Enright – découvre avec stupeur l’Amérique surannée de 1959. Désireuse de purger sa peine de manière exemplaire et de rentrer chez elle au terme des quatre ans fixés, Adriane s’immerge dans le travail, notamment son cours de psychologie. Mais elle ne tarde pas à tomber amoureuse de son professeur, Ira Wolfman, un exilé du futur comme elle qui tentera de la convaincre de s’échapper avec lui…
C’est dommage ! La lecture partait sur des fondements intéressants. Le monde dystopique et futuriste a des éléments bien pensés. L’écriture est très agréable et vraiment fluide. Mais l’histoire manque d’aboutissement. On a l’impression que l’autrice esquisse ses idées sans forcément aller jusqu’au bout. Par conséquent, on ne s’attache pas aux personnages, globalement froids et égocentrés, et à cette histoire d’amour trop factice pour qu’on y croit.
Rosa Candida d’Audur Ava Olafsdottir
Le jeune Arnljótur va quitter la maison, son frère jumeau autiste, son vieux père octogénaire, et les paysages crépusculaires de laves couvertes de lichens.
Sa mère a eu un accident de voiture. Mourante dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils qui aura écouté sans s’en rendre compte les dernières paroles d’une mère adorée. Un lien les unissait: le jardin et la serre où elle cultivait une variété rare de Rosa candida à huit pétales. C’est là qu’Arnljótur aura aimé Anna, une amie d’un ami, un petit bout de nuit, et l’aura mise innocemment enceinte.
En route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa candida, Arnljótur part sans le savoir à la rencontre d’Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden, oublié du monde et gardé par un moine cinéphile.
Il fait partie des romans dont la lecture ne m’aura pas accrochée alors qu’il ne fait en soi rien de mal. Le roman tient plus du conte philosophique que d’autre chose : une impression forte d’irréalité traverse le récit. Malgré une écriture très contemporaine, certains passages sont très beaux. Léger, feel-good, c’est un joli roman qui fait du bien mais dont je ne suis pas forcément le meilleur public. En tout cas, il n’est pas certain que je m’en souvienne beaucoup dans un mois.
Dans la toile du temps d’Adrian Tchaikovsky
La Terre est au plus mal… Ses derniers habitants n’ont plus qu’un seul espoir : coloniser le “Monde de Kern” , une planète lointaine, spécialement terraformée pour l’espèce humaine. Mais sur ce “monde vert” paradisiaque, tout ne s’est pas déroulé comme les scientifiques s’y attendaient. Une autre espèce que celle qui était prévue, aidée par un nanovirus, s’est parfaitement adaptée à ce nouvel environnement et elle n’a pas du tout l’intention de laisser sa place. Le choc de deux civilisations aussi différentes que possible semble inévitable. Qui seront donc les héritiers de l’ancienne Terre ? Qui sortira vainqueur du piège tendu par la toile du temps ?
J’ai beaucoup aimé ce voyage dans le temps et l’espace ! Tchaikovsky a une plume agréable et précise. Les passages qui concernent l’évolution des araignées sont passionnants et immersifs, il parvient à rendre attachantes ces petites bêtes malaimées et à leur donner un fonctionnement et un mode de société uniques. Le bémol va aux passages avec les humains, qui n’étaient pas aussi fascinants malgré des idées intéressantes. L’histoire souffre du syndrome de devoir mener deux récits à la fois, deux récits qui doivent se retrouver à un point identique du roman. Du coup, on a l’impression qu’un point de vue a dû être artificiellement étendu. Sinon, c’est une très bonne lecture, originale et audacieuse.
Beignets de tomates vertes de Fannie Flagg
Au sud de l’Amérique profonde, en Alabama, un café au bord d’une voie ferrée … Ninny, fringante octogénaire, se souvient et raconte à Evelyn, une femme au foyer à l’existence monotone, les incroyables histoires de la petite ville de Whistle Stop. Grâce à l’adorable vieille dame, Evelyn, qui vit très mal l’approche de la cinquantaine, va peu à peu s’affirmer et reprendre goût à la vie.
Léger, frais mais bien équilibré, Beignets de tomates vertes est séduisant. Son message simple mais essentiel passe crème à travers des personnages variés, qui vivent drames et bonheurs sans se départir de leur gouaille et de ce qui fait leur identité. Le récit est dynamique et bien maîtrisé, abordant avec justesse des thèmes parfois durs comme le racisme ou la différence. Un joli livre pour se remonter le moral l’été !
Samarcande d’Amin Maalouf
Samarcande, c’est la Perse d’Omar Khayyam, poète du vin, libre-penseur, astronome de génie, mais aussi celle de Hassan Sabbah, fondateur de l’ordre des Assassins, la secte la plus redoutable de l’Histoire.
Samarcande, c’est l’Orient du XIXe siècle et du début du XXe, le voyage dans un univers où les rêves de liberté ont toujours su défier les fanatismes. Samarcande, c’est l’aventure d’un manuscrit qui, né au XIe siècle, égaré lors des invasions mongoles, est retrouvé des siècles plus tard.
Une fois encore, nous conduisant sur la route de la soie à travers les plus envoûtantes cités d’Asie, Amin Maalouf nous ravit par son extraordinaire talent de conteur.
Déjà, le roman traite d’une partie historique passionnante, notamment autour des enjeux politiques et religieux qui animent cette partie du monde à l’époque ! La plume d’Amin Maalouf est poétique et nous immerge dans cette Perse en pleine émulation intellectuelle. Le poète Omar Khayyam est d’ailleurs un personnage singulier, à la fois scientifique et artiste, qui mérite d’être plus étudié. Dommage que la seconde partie, qui effectue un bond dans le temps, souffre d’un peu plus de longueurs
HS 7244 de Lorraine Letournel Laloue
Lorsque Marius se réveille dans cette cellule froide et puante, ses derniers souvenirs sont ceux d’une soirée arrosée et joyeuse avec Camille, l’amour de sa vie. Après Saint-Pétersbourg et Moscou, leur voyage à travers la Russie les avait conduits dans un petit bar de Grozny. Des vacances en amoureux, cela avait commencé comme ça…
Aujourd’hui, Marius est enfermé, il a tout perdu, à commencer par ses droits. Il entend des hurlements, des hommes sont torturés. On les accuse d’être malades, contagieux. Dans cette prison non officielle, ils font l’objet d’expériences médicales, menées par ceux qui veulent trouver l’origine de leur mal et surtout un remède à ce fléau.
La lecture m’a laissé un bon souvenir. Le roman est accrocheur et parvient à construire un vrai suspens. Le sujet est original, je ne l’avais jamais vu traité dans un thriller jusqu’ici et c’est un parti pris courageux. Les personnages sont convaincants. L’écriture est globalement fluide, mais manque parfois de naturel dans les dialogues et certaines parties. Attention aux âmes sensibles ! Certains passages sont très gores.
Si vous deviez garder une lecture en tête pour le mois de juin, ce serait laquelle ?
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