Contrairement à d’autres, le mois d’août n’est pas le moment d’année où je lis le plus. Je suis cependant très satisfaite de mes lectures, qui sont variées dans les genres de l’image et avec même un coup de cœur intersidéral.
Terreur de Dan Simmons
Le 19 mai 1845, le HMS Erebus et le HMS Terror quittent l’Angleterre sous les vivats de la foule. Avec ces navires, le vénérable sir John Franklin entend enfin percer le mythique passage du Nord-Ouest. Mais à l’enthousiasme succèdent bientôt la désillusion, puis le drame… Mal préparée, équipée et dirigée, l’expédition se retrouve prisonnière des glaces et de la nuit polaire. La mort frappe. La maladie se répand. La faim, la mutinerie et la folie couvent. Et rôde une mystérieuse et terrifiante créature, incarnation des peurs ancestrales de l’homme face aux éléments.
Le 19 mai 1845, cent vingt-neuf hommes partaient pour un voyage au bout de l’enfer blanc. Combien en reviendront vivants ?
Loin d’être un roman d’horreur traditionnel malgré quelques passages gores, l’aspect horrifique naît surtout des descriptions très cliniques et factuelles. Plusieurs aspects participent à construire une ambiance où règne un malaise important : violence crue, conditions difficiles, mort qui peut surgir à n’importe quel instant, maladies terribles. Le froid, la faim et le désespoir prennent une dimension d’un réalisme aussi glacial que la neige de l’Arctique. Mêlant survivalisme et fantastique, Terreur oscille entre le sublime et l’horrible avec une aisance déconcertante.
Le monde de Rocannon d’Ursula Le Guin
Cette planète sans nom du système stellaire de Fomalhaut est l’enjeu d’un conflit entre la Ligue de tous les mondes et un Ennemi inconnu. Cinq espèces intelligentes se la partagent. Aucune n’a dépassé le niveau féodal. Certaines communiquent par la pensée. Rocannon, ethnologue, y est envoyé par la Ligue afin d’observer les peuples qui l’habitent avant l’arrivée d’une mission technologique qui assurera le développement de la société la mieux placée.Mais l’Ennemi surgit de l’espace avant que le plan ne soit accompli.Avec une poignée de compagnons, Rocannon, devenu Olhor l’Errant, le Seigneur des étoiles, va entreprendre de chasser les envahisseurs.
La façon dont est construit Le monde de Rocannon est très originale ! Il mêle des éléments des deux genres, avec un monde qui comporte plusieurs races, une quête, un conglomérat interplanétaire avec un certain talent. L’écriture est une fois de plus très poétique et les personnages sont bien construits et intéressants. Le livre est cependant un peu court, ce qui empêche certains éléments d’être plus approfondis et donne une sensation de trop peu. Une lecture rapide et sympathique, mais qui reste une belle œuvre pour un premier roman !
American Elsewhere de Robert Jackson Bennett
Veillée par une lune rose, Wink, au Nouveau-Mexique, est une petite ville idéale. À un détail près : elle ne figure sur aucune carte. Après deux ans d’errance, Mona Bright, ex-flic, vient d’y hériter de la maison de sa mère, qui s’est suicidée trente ans plus tôt. Très vite, Mona s’attache au calme des rues, aux jolis petits pavillons, aux habitants qui semblent encore vivre dans l’utopique douceur des années cinquante. Pourtant, au fil de ses rencontres et de son enquête sur le passé de sa mère et les circonstances de sa mort (fuyez le naturel…), Mona doit se rendre à l’évidence : une menace plane sur Wink et ses étranges habitants.
Sera-t-elle vraiment de taille à affronter les forces occultes à l’œuvre dans ce lieu hors d’Amérique ?
American Elsewhere est un roman qui parvient à créer un monde décalé et dérangeant de manière efficace. En commençant par petites touches pour gagner en intensité dans le bizarre, l’auteur démontre un grand talent pour distiller une atmosphère troublante, que ce soit à travers une écriture plus subtile qu’il n’y paraît ou à des idées narratives et de bestiaire créatives. Les personnages sont truculents et solidement construits, en particulier les mystérieuses sommités de Wink. Dommage cependant que certaines révélations soient un peu trop prévisibles, la faute à une écriture parfois trop transparente, et que le rythme piétine en milieu de récit.
Le livre de M de Peng Shepherd
Que seriez-vous prêt à sacrifier pour vous souvenir ?
Un jour, en Inde, un homme perd son ombre – un phénomène que la science échoue à expliquer. Il est le premier, mais bientôt on observe des milliers, des millions de cas similaires. Non contentes de perdre leur ombre, les victimes perdent peu à peu leurs souvenirs et peuvent devenir dangereuses.
En se cachant dans un hôtel abandonné au fond des bois, Max et son mari Ory ont échappé à la fin du monde tel qu’ils l’ont connu. Leur nouvelle vie semble presque normale, jusqu’au jour où l’ombre de Max disparaît…
Le livre de M est un roman véritablement surprenant ! Unique, il construit un univers à la frontière des genres, une œuvre de science-fantasy post-apo profondément mystique et humaine. La sensation à la lecture en est profondément déconcertante. Mais l’autrice construit très bien ses personnages et il est difficile de dire que son œuvre n’est pas maîtrisée ! Elle met en scène une galerie très attachante qui nous pose des questions sur le sens de la mémoire et le rapport entre nos croyances, nos souvenirs et notre identité. Il manque peu de choses pour que ce soit le coup de cœur ! C’est sans doute cette façon de voguer entre les genres pour proposer quelque chose de proche de la fable philosophique qui m’a désarçonnée, moi qui ai lu des romans de SF plutôt ancrés dans le réel et le concret ces derniers temps. Du reste, c’est un très bon roman si vous souhaitez entrer dans l’imaginaire et la science-fiction sans commencer par des sous-genres plus ardus.
The red threads of fortune de JY Yang
Fallen prophet, master of the elements, and daughter of the supreme Protector, Sanao Mokoya has abandoned the life that once bound her. Once her visions shaped the lives of citizens across the land, but no matter what tragedy Mokoya foresaw, she could never reshape the future. Broken by the loss of her young daughter, she now hunts deadly, sky-obscuring naga in the harsh outer reaches of the kingdom with packs of dinosaurs at her side, far from everything she used to love.
On the trail of a massive naga that threatens the rebellious mining city of Bataanar, Mokoya meets the mysterious and alluring Rider. But all is not as it seems: the beast they both hunt harbors a secret that could ignite war throughout the Protectorate. As she is drawn into a conspiracy of magic and betrayal, Mokoya must come to terms with her extraordinary and dangerous gifts, or risk losing the little she has left to hold dear.
C’est donc une histoire forte. The red threads of fortune démontre que JY Yang est un conteur de talent. Attentif aux détails, avec un vrai don pour associer des éléments qui semblent mas assortis, son roman est une plongée réjouissante dans un univers dépaysant. Ses personnages, touchants et bien construits, sont animés par des motivations et les dynamiques qui les lient sont crédibles et apportent une touche d’humanité bienvenue.
Me voilà prête à attaquer la rentrée sur les chapeaux de roues ! J’espère que c’est le cas pour vous aussi. Vous avez eu un coup de cœur ce mois-ci ? Quel livre vous tente le plus parmi mes lectures du mois ?
2 commentaires
Ophélie Feedbackbaby · 13 septembre 2020 à 8 h 53 min
Est-ce que la lecture de Terreur de D.Simmons n’a pas été trop longue ? J’ai vu la série et ça m’avait vraiment plu, mais l’idée de m’engager dans ce pavé c’était autre chose !
La Geekosophe · 13 septembre 2020 à 9 h 11 min
J’avais peur d’y passer beaucoup trop de temps (la bête fat quand même plus de 1000 pages), mais j’étais tellement dedans que je l’ai fini en moins d’une semaine !