Nouvelle lecture finie ! J’ai terminé La marche du Levant de Léafar Izen, l’une des dernières parutions d’Albin Michel Imaginaire. L’univers repose sur une idée extrêmement originale que j’étais curieuse de voir de plus près. Je me suis donc lancée dans cette lecture suite à l’envoi du Directeur de collection.
Cette lecture entre dans le cadre du pavévasion.
Synopsis de La Marche du Levant
Trois cents ans.
C’est le temps que met la Terre pour tourner sur elle-même. Dans le ciel du Long Jour, le soleil se traîne et accable continents et océans, plongés tantôt dans une nuit de glace, tantôt dans un jour de feu. Tous contraints à un nomadisme lent, les peuples du Levant épousent l’aurore, les hordes du Couchant s’accrochent au crépuscule.
Récemment promue au rang de maître, l’assassine émérite Célérya est envoyée en mission secrète à l’est. Là, sans le vouloir, elle participe à l’accomplissement d’une ancienne prophétie à laquelle elle n’a jamais cru.
Un domino vient de tomber ; les autres suivront-ils ?
La Marche du Levant trouble ses contours
Un récit globalement prenant
Dans La Marche du Levant, une journée peut durer jusque 300 ans. Dès lors, la population à majorité nomade poursuit le lever du soleil pour tenter d’échapper à des températures extrêmes. L’auteur y construit donc un monde qui n’obéit pas aux mêmes logiques que le nôtre. Dans un premier temps, on suit une vaste ville nomade appelée Odessa. Il est assez fascinant de voir évoluer cette structure ou même le Palais local se monte et démonte comme une construction en lego en fin de journée. L’auteur parvient à créer la curiosité en donnant envie de découvrir avec plus de précision les rouages de son monde. Le temps est mesuré en lunaisons. Les humains vivent plus longtemps que nous, comme si leur métabolisme était ralenti. D’autant plus que beaucoup de noms évoqués ressemblent à ceux de notre bonne vieille Terre.
L’écriture qui nous accompagne est efficace et entraînante. L’auteur a le chic pour nous attacher à l’action, alors même que le roman est tout de même assez long. L’histoire se laisse suivre et la plupart des éléments sont très fluides, malgré un aspect très linéaire par moments. Le rythme a pourtant quelque chose de doucement hypnotique. L’auteur a ceci dit la bonne idée de diviser son histoire en trois parties, ce qui permet d’explorer un récit sur le long terme et de mieux saisir les changements qui s’effectuent au fil du temps. Certaines réflexions intéressantes sont amorcées. Il y a par exemple la notion du déterminisme à travers l’existence d’une Prophétie : jusqu’où le destin guide-t-il nos pas ? A partir de quand peut-on parler de prophétie auto-réalisatrice ?
Une galerie de personnages vastes
Léafar Izen nous présente de nombreux personnages au fil du récit. Il parvient à en faire des figures assez attachantes. Il est cependant dommage que la protagoniste principale manque un peu de charisme. Le problème de Célérya est qu’elle est trop archétypale dans son identité, surtout au début du roman. Elle est à la fois assassine, aventurière, voleuse… Mais aussi douée au combat et bien sûr très belle. Bien sûr, elle cache un cœur d’or derrière son constant cynisme. Heureusement, je n’ai pas trouvé que c’était un défaut trop important, d’autant plus qu’elle laisse sa place à Akeyra au fil du temps.
Il y a d’ailleurs d’autres personnages qui sont réussis. Même s’il est tout aussi archétypal, j’ai trouvé l’antagoniste principal, l’archiprêtre, assez jouissif dans son comportement. Vieillard acariâtre assoiffé de pouvoir mais à l’esprit aussi aiguisé qu’une lame de couteau. Oroverne le barbare est également un peu cliché… Bon aller, j’avoue, les personnages sont sympathiques et attachants mais ils correspondent tous à un lieu commun à plus ou moins importante échelle. Il est d’ailleurs dommage que certains disparaissent de manière assez discrète.
Mais des éléments trop archétypaux
Je pense que le problème principal du roman vient du côté fantasy. La Marche du Levant tient aussi en effet de la science-fiction, et j’ai l’impression que l’auteur a tant voulu noyer cet aspect pour créer un effet de surprise (on s’en doute assez rapidement ceci dit) qu’il a grossi les traits des archétypes des récits de fantasy. La prophétie tient une place très importante. Si pendant un moment, elle offre les réflexions liées au déterminisme déjà évoquées, elle donne vers la fin à certains événements une apparence de facilité. Ce qui explique aussi d’ailleurs pourquoi beaucoup des personnages semblent un peu caricaturaux.
Il y a aussi un souci dans certains passages. J’ai l’impression que sur la fin, certains événements sont traités à la va-vite, ce qui a parfois nuit à ma compréhension de l’intrigue. Du coup, on se retrouve avec des impressions paradoxales de lenteurs contemplatives et d’autres moments expédiés. Pourtant, le récit ne manque pas de moments d’éclats réjouissants. Cela s’explique sûrement car c’est un deuxième roman. Ceci dit, l’ensemble reste plutôt agréable.
La Marche du Levant est un roman finalement distrayant malgré ses failles
La Marche du Levant est une lecture que j’ai globalement appréciée, notamment grâce à son style fluide et son intrigue au contexte fascinant. La plume efficace est entraînante et donne du caractère à des personnages pourtant souvent très stéréotypés. Les éléments empruntés à la fantasy semblent parfois un peu forcés dans le récit, et manquent de naturel dans leur imbrication et leur construction. C’est donc une lecture sympathique, dont les ficelles peuvent être un peu visibles pour les gros lecteurs de fantasy, mais perfectible.
Note : 15/20
Vous pouvez acheter le livre par ici. Toutes les chroniques sont par là.
1 commentaire
« La Marche du Levant est une lecture que j’ai globalement appréciée, notamment grâce à son style fluide et son intrigue au contexte fascinant. La plume efficace est entraînante et donne du caractère à des personnages pourtant souvent très sté · 10 septembre 2020 à 8 h 51 min
[…] La Marche du Levant de Léafar Izen noté 15/20 chez la Geekosophe. […]