J’avais adoré la plume acerbe d’Ira Levin dans Un bonheur insoutenable ! Cette dernière est une dystopie bien pensée qui est bien trop méconnue en France. Alors quand je suis tombée sur les femmes de Stepford, je me suis laissée tenter par ce court récit aux thèmes qui ont capté mon attention.

Synopsis de « Les femmes de Stepford« 

Qu’arrive-t-il donc aux femmes de Stepford ? Ont-elles toujours été, ainsi que Joanna les découvre en s’installant dans cette ville, de véritables poupées ménagères, uniquement préoccupées de l’entretien de leur intérieur et du bien-être de leur famille ? Ou alors sont-elles victimes de leurs maris, tous adhérents du « Club des Hommes », qui se réunissent chaque soir dans une vieille bâtisse mystérieuse interdite aux femmes ? Joanna, jeune femme libérée, tente de créer une association féminine avec l’aide de deux amies nouvellement arrivées. Quelle n’est pas sa stupeur de les voir, à leur tour, se transformer brusquement à l’image des autres femmes de la ville. L’inquiétude devient rapidement de l’angoisse… Joanna réussira-t-elle à échapper à ce cauchemar aseptisé, climatisé, lot quotidien des femmes de Stepford ?

L’enfer est un quotidien aseptisé

Le Paradis de la femme au foyer

Le livre a été publié dans les années 70, alors que la deuxième vague du féminisme s’empare des États-Unis avec des figures tutélaires comme Gloria Steineim et Betty Friedan. Cette dernière est d’ailleurs cité dans Les Femmes de Stepford. C’est logique. Son essai, la femme mythifiée, se penche sur le mal-être de femmes hautement qualifiées devenues femmes au foyer par conformisme social. Et c’est l’un des grands thèmes de cette novella : la femme au foyer parfaite qui correspond, jusqu’à son physique, aux fantasmes et aux besoins de son époux laborieux. A son arrivée, Johanna, femme libérée faisant parte d’associations féministes, découvre à Stepford une communauté de femmes dont la seule occupation semble être les travaux ménagers.

Ce qui est troublant, c’est que Johanna elle-même a dû arrêter de travailler pour s’occuper de ses enfants. Mais elle continue d’exister au-delà d’être une femme au foyer. Elle est est passionnée par la photo, elle vend même certains de ses clichés à des agences. Elle est engagée au MLF et ne semble pas passionnée par tenir sa maison. La différence est intéressante car elle montre une certaine nuance qui illustre que le féminisme est personnel. Johanna existe en dehors de la sphère domestique et n’est pas au service de son mari. Elle a d’ailleurs une dynamique bien construite avec de dernier, du moins au début du récit.

Sur le fil du fantastique

Il est facile de se poser des questions sur le genre réel des Femmes des Stepford. En réalité, le récit est très similaire à des nouvelles fantastiques classiques du XIXe siècle. En effet, le début semble prendre place dans un quotidien banal, pour ensuite gagner un sentiment anxiogène diffus vécu du point de vue du personnage principal. Le roman est en effet en focalisation interne. Du coup, il y a toujours un doute. Johanna est-elle tombée dans une forme de paranoïa ou a-t-elle raison de pousser son enquête plus en avant ? L’originalité vient que l’aspect inhabituel ne vient pas du fantastique mais d’éléments science-fictionnels qui viennent se greffer à l’histoire.

C’est là que tout le talent d’écriture d’Ira Levin joue son rôle. En effet, l’auteur est capable de jongler entre satire et anxiété avec une grande habileté. Il installe des ambiances en quelques mots. Loin de faire dans le gore ou le grand spectacle, il installe son ambiance petit à petit. Les personnages sont remarquables d’ambiguïté. Souvent passif-agressifs, ils ont rarement dans l’opposition mais tente toujours de prétendre que leur opinion est meilleure, et ils sont nombreux. Le plus terrifiant n’est pas tant la mort, mais la perspective de perdre sa liberté sous prétexte que notre individualité est mal vue dans une société qui voudrait que la moitié de la population se contente d’être à jamais servile. La fin, ouverte, laisse plus de questions que de réponses et ne plaira pas à tout le monde. Mais elle reste dans la pure tradition du genre !

Les femmes de Stepford est un classique trop méconnu

J’ai grandement apprécié ma lecture ! Je trouve le style d’Ira Levin très immersif, notamment dans la construction des personnages. Johanna est rapidement sympathique, avec son côté curieux et fouineur ainsi que son engagement féministe. Le roman parvient à être à la fois drôle dans sa satire et angoissant dans son atmosphère. Le roman offre une critique du rôle de la femme au foyer traditionnelle, son horizon limitée, le contrôle qu’ont les époux. Ira Levin porte très bien ce message. Si je trouve que cette lecture ressemble à des nouvelles fantastiques classiques, c’est car l’on reste à la lisière des réponses, jusqu’à la chute, qui nous laisse dans le doute jusqu’au bout.

Note : 17/20

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Catégories : Chroniques

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