Entre sa couverture vieille école et son résumé bien alléchant, Haute-école de Sylvie Denis avait fièrement rejoint ma PAL l’année dernière. Un book club me donne l’occasion de parcourir ce roman de l’imaginaire peu connu, publié de plus par une maison d’édition que j’apprécie beaucoup : L’Atalante.

Synopsis de Haute-école

Dans une société proche de celle de la France à la veille de la Révolution, le sort des magiciens n’intéresse que quelques intellectuels contestataires. Les enfants dotés de pouvoirs magiques sont enlevés à leurs familles afin d’être éduqués à la Haute-École et contrôlés par la noblesse. Au moment où le règne d’Urbain IV s’achève, Mérot l’Ancien, le directeur de la Haute-École, meurt et les complots se multiplient : marchands rêvant de pouvoir politique, soldats amers, paysans appauvris, magiciens asservis. Hérus Tork, qui intrigue pour succéder à Mérot, achève sa patrouille annuelle à la recherche des magiciens cachés. Lors de sa dernière halte il capture Raoul des Crapauds, le fils d’un boulanger, mais ne repère pas Ian qui décide de partir à la capitale à la recherche des magiciens clandestins…

Un roman de fantasy dense et singulier

Un univers original

J’ai dans un premier temps beaucoup apprécié le monde construit par Sylvie Denis. Les magiciens vivent traqués et cachés, au risque d’être envoyés à la haute-école pour devenir les serviteurs de la noblesse. Si ce n’était pas une perspective très joyeuse, la mort de Mérot l’ancien augure une période sombre. Son successeur, Hérus Tork, a des idées pour exploiter le pouvoir des magiciens au maximum. Quitte à détruire leur santé mentale. C’est donc un univers assez sombre qui nous est montré, où les notions de domination sont clairement établies.

Face à cet ordre injuste, il existe des magiciens rebelles et des intellectuels qui s’opposent aux idées du pouvoir en place. Le roman aborde donc de nombreux thèmes : de l’asservissement à l’embrigadement en passant par la rébellion. Les parties politiques sont intéressantes à suivre, car l’univers repose beaucoup sur les apparences. Voilà qui rappelle un peu les Cours Royales européennes. L’autrice fait également appel à un imaginaire existant, mais avec assez de spécificités pour créer quelque chose qui lui est propre. Il y a par exemple une référence très nette aux fées, ou du moins au Petit Peuple neutre et qui n’est pas aussi sympathique qu’il le laisse prévoir. De même, le sacrifice d’Odin se pendant à l’arbre de la connaissance est bien trouvée.

Haute-Ecole ne manque pas de surprises

J’ai bien apprécié les personnages notamment. Ils sont assez solides dans leur construction, avec une vraie complexité dans leurs choix et décisions. Le personnage d’Arik par exemple apparaît comme un courtisan superficiel, mais est vite révélé comme étant en réalité un magicien talentueux et âpre à la lutte. Pareil avec Ian Bren, qui évolue de manière très surprenante au fil du temps. Les personnages ne sont pas stéréotypés ni parfaits, ce qui les rend passionnants à suivre. Il n’y a guère qu’Hérus Tork qui ne bénéficie pas d’un traitement très subtil, en tant qu’antagoniste rongé par l’ambition de service.

De plus, l’autrice choisit de faire un récit assez âpre dans son déroulement, ce qui souvent inattendu dans ce type d’histoire. Aucune victoire n’est facile, chaque défaite est brutale et les meilleurs alliés ne sont pas ceux qu’on pense. En ce sens, l’œuvre dégage une certaine forme de maturité qui la rend très adulte dans son traitement, et pose la question du relationnel, ce que j’ai rarement vu aussi mis en avant dans des œuvres de fantasy. En effet, les amitiés et inimitiés entre personnages ont un effet important sur leurs choix.

Quelques éléments m’ont gêné

J’ai eu un plus de mal avec des événements à la fin du roman. Sans être mauvais, je les ai trouvés en décalage avec le reste, ce qui m’a un peu sortie de l’histoire. En effet, il est souvent question des anciens dieux. Mais les révélations auraient mérité un autre roman entier sur le sujet, car l’introduction rapide du ressors les concernant sonne de manière artificielle. C’est dommage, car ce développement part d’une idée intéressante qui m’aurait beaucoup plu tourné autrement.

Enfin, j’ai également eu un peu de mal avec la relation liant Elisabeth et Arik. Je l’ai également trouvée étrangement amenée, je trouve les personnages trop différents l’un de l’autre et ils n’ont pas eu tant d’interactions que cela au fil du récit. En fait, j’ai trouvé que l’autrice a trop souhaité mettre en couple certains personnages alors que le récit aurait très bien pu s’en passer. Mais heureusement, ces aspects ne prennent pas le pas sur le reste de l’histoire.

Une œuvre de fantasy qui vaut le coup d’œil !

C’est un roman qui surprend beaucoup ! Dans un premier temps, l’univers est très riche et très fouillé, mais en même temps de manière originale et unique. Si j’avais pensé que l’action se déroulerait plutôt au sein d’une école de magie, nous sommes surtout au sein d’une rébellion et de manigances politiques. Les personnages sont convaincants et variés, et certains ne sont pas du tout ce qu’ils semblent être. J’ai trouvé très agréable d’être surprise par certains éléments que je n’avais pas vu venir. Ceci dit, j’ai un peu moins apprécié les parties qui concernaient les anciens dieux, qui, je trouvais, détonnaient avec le reste de l’histoire.

Note : 16/20

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Catégories : Chroniques

2 commentaires

Parlons fiction · 10 octobre 2020 à 21 h 45 min

J’aime beaucoup suivre ton blog, en partie pour les livres que tu me fais découvrir. Et celui-ci en fait partie ! Je n’en avais jamais entendu parler et le résumé m’intrigue bien. Je me le note dans un coin de ma tête et je tenterai sans doute la lecture si je crois ce petit livre en occasion 🙂

    La Geekosophe · 12 octobre 2020 à 22 h 50 min

    Ah merci ça me fait très plaisir ! J’adore faire découvrir des romans de l’imaginaire peu connus 😉

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