Je n’étais pas très tentée par Déracinée de Naomi Novik, notamment par son résumé. Mais les bons avis sur le roman m’ont convaincu de le sortir, d’autant plus qu’il est assez adapté à la période automnale, car il tire ses inspirations de contes slaves. Ce roman aura-t-il su me convaincre ?

Synopsis de Déracinée

Pour les protéger des forces maléfiques du Bois, les habitants d’un village peuvent compter sur le Dragon, un puissant mage. Mais en échange, ils doivent lui fournir une jeune fille qui le servira pendant dix ans. L’heure du prochain choix approche et Agnieszka est persuadée que le Dragon optera pour Kasia, belle, gracieuse et courageuse, tout ce qu’elle n’est pas. Mais Agnieszka se trompe…

Un récit prometteur mais avec trop de défauts

Déracinée a des inspirations sympathiques

Le récit partait pourtant sur des bases bien trouvées ! La mise en place promet un univers poussé qui empreinte sa logique aux contes mais avec des aspects très terre-à-terre. Ainsi, nous sommes dans un Moyen-Âge d’inspiration slave où la magie est présente. Agnieszka vit à Dvernik, un petit village aux apparences tranquilles mais sans cesse sous la menace du Bois, une entité maléfique mystérieuse qui semble chercher à étendre un maximum son emprunte malsaine. L’idée est intéressante, car les forêts mystérieuses sont un paysage connu dans l’imaginaire.

En outre, le récit rappelle de nombreux contes classiques mais toujours avec une pointe d’originalité. Ce choix permet à l’autrice de naviguer entre la découverte et des territoires plus familiers. Par exemple, la Tour abritant une jeune femme solitaire rappelle l’histoire de la Princesse Raiponce. Le fait que notre héroïne soit contrainte de cohabiter avec un être à la réputation sulfureuse rappelle bien sûr La Belle et la Bête. Enfin, les contes de l’Est sont notamment rappelées par le présence de Baba Jaga. Le système magique de Déracinée est assez mal défini, mais j’ai bien aimé la différence entre celle du Dragon et d’Agnieszka. Le premier a une approche rationnel, presque scientifique de cette dernière, là où la jeune femme agit par instinct.

Un récit au rythme mal maîtrisé

Mais rapidement après ce début qui éveille la curiosité, le rythme perd de son efficacité. L’écriture est alourdi de nombreuses répétitions qui ternissent l’intérêt. Agnieszka fait référence à de nombreuses reprises à sa robe, ses vêtements, sa tenue… Ce pourrait être une référence à une société qui mise plus sur l’apparence que sur le fond. Mais le procédé est maladroit et tombe à plat, et ne fait qu’ajouter des pages à un roman qui perd en souffle en milieu de récit. Sans compter que les péripéties manquent parfois un peu d’inspiration.

Certaines scènes ne sont pas d’une grande utilité. Je pense notamment à certaines aventures du personnage principal dans la capitale. Ce passage, assez long, perd de son sens. Il est difficile de comprendre l’objectif de certains arcs narratifs, notamment car l’on suit Agnieszka en focalisation interne. Du coup, tourner les pages n’est pas forcément motivant. J’ai mis beaucoup plus de temps à le lire qu’habituellement.

Des personnages un peu falots

J’avais pourtant bien apprécié Agnieszka au début de l’histoire, décrite comme une grande fille maladroite, seulement douée pour la cueillette. Dommage que le syndrome de Bella Swan apparaisse très rapidement, et que cette banale créature se révèle être une sorcière très douée, mais qu’autrement elle n’évolue que très peu. Le reste des personnages est au mieux fade et transparent, au pire carrément antipathique. C’est le cas du Dragon par exemple, qui est exécrable avec Agnieszka d’un bout à l’autre du roman.

Le manque de consistance des personnages rend leurs interactions factices. C’est en particulier le cas pour la romance, qui est fortement dispensable, prévisible en plus d’être un peu malsaine, vu le lien de subordination entre les deux personnages concernés. Une fois de plus, cet aspect nuit à l’intérêt du roman puisque je ne me suis attachée à aucun personnage, du moins pas assez pour me sentir concernée par leur destin. Il n’y a guère que le Bois, antagoniste aussi mystérieux qu’implacable, qui est une réussite.

Déracinée manque bien trop de finitions à mon goût

Si j’ai trouvé l’immersion dans l’histoire bien tournée et agréable, la suite de l’œuvre m’a donné du fil à retordre. En effet, le début est fluide et j’ai suivi avec plaisir la maladroite Agnieszka dans un univers inspiré des contes slaves. Cependant, le récit est vite émaillé de longueurs qui ont ralenti mon rythme : entre un objectif noyé dans les scènes secondaires, des personnages un peu fades et certaines répétitions dans l’écriture, la lecture m’a laissée un goût mitigé. Décidément, entre Enchantement, l’ours et le rossignol et maintenant ce roman-ci, les contes slaves ne semblent pas parler à mon imaginaire !

Note : 13/20

Vous pouvez acheter le livre par ici. Toutes les chroniques par là.

Catégories : Chroniques

2 commentaires

Vert · 18 octobre 2020 à 17 h 55 min

Je l’avais bien aimé pour ma part, mais je trouve La fileuse d’argent beaucoup plus abouti à tout point de vue.

    La Geekosophe · 19 octobre 2020 à 20 h 16 min

    Merci ! La fileuse d’argent a l’air bien sympa en effet 😉

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.