Octobre est un mois parfait ! La transition vers l’hiver, enroulée dans un plaid, un thé ou un café à la main, invite particulièrement à la lecture. Et je sens qu’avec ce deuxième confinement, vous avez besoin de nombre d’idées lectures. Ce qui tombe assez bien puisque j’ai explosé les compteurs !
Haute-Ecole de Sylvie Denis
Dans une société proche de celle de la France à la veille de la Révolution, le sort des magiciens n’intéresse que quelques intellectuels contestataires. Les enfants dotés de pouvoirs magiques sont enlevés à leurs familles afin d’être éduqués à la Haute-École et contrôlés par la noblesse. Au moment où le règne d’Urbain IV s’achève, Mérot l’Ancien, le directeur de la Haute-École, meurt et les complots se multiplient : marchands rêvant de pouvoir politique, soldats amers, paysans appauvris, magiciens asservis. Hérus Tork, qui intrigue pour succéder à Mérot, achève sa patrouille annuelle à la recherche des magiciens cachés. Lors de sa dernière halte il capture Raoul des Crapauds, le fils d’un boulanger, mais ne repère pas Ian qui décide de partir à la capitale à la recherche des magiciens clandestins…
C’est un roman qui surprend beaucoup ! Dans un premier temps, l’univers est très riche et très fouillé, mais en même temps de manière originale et unique. Si j’avais pensé que l’action se déroulerait plutôt au sein d’une école de magie, nous sommes surtout au sein d’une rébellion et de manigances politiques. Les personnages sont convaincants et variés, et certains ne sont pas du tout ce qu’ils semblent être. J’ai trouvé très agréable d’être surprise par certains éléments que je n’avais pas vu venir. Ceci dit, j’ai un peu moins apprécié les parties qui concernaient les anciens dieux, qui, je trouvais, détonnaient avec le reste de l’histoire.
Déracinée de Naomi Novik
Pour les protéger des forces maléfiques du Bois, les habitants d’un village peuvent compter sur le Dragon, un puissant mage. Mais en échange, ils doivent lui fournir une jeune fille qui le servira pendant dix ans. L’heure du prochain choix approche et Agnieszka est persuadée que le Dragon optera pour Kasia, belle, gracieuse et courageuse, tout ce qu’elle n’est pas. Mais Agnieszka se trompe…
Si j’ai trouvé l’immersion dans l’histoire bien tournée et agréable, la suite de l’œuvre m’a donné du fil à retordre. En effet, le début est fluide et j’ai suivi avec plaisir la maladroite Agnieszka dans un univers inspiré des contes slaves. Cependant, le récit est vite émaillé de longueurs qui ont ralenti mon rythme : entre un objectif noyé dans les scènes secondaires, des personnages un peu fades et certaines répétitions dans l’écriture, la lecture m’a laissée un goût mitigé.
L’héritage du rail de Morgan of Glencoe
Alors que la nouvelle se répand en Keltia, Yuri, ramenée de force à l’ambassade du Japon, est déterminée à reprendre sa liberté malgré tout.
Mais comment fuir, et où trouver refuge ? Seul le Rail semble désormais capable de lui donner asile…
J’ai beaucoup apprécié ce deuxième tome ! le roman confirme le talent de l’autrice pour mettre en scène des personnages nombreux mais attachants, ce qui est habituellement plutôt une gageure pour les jeunes écrivains. Beaucoup de ces personnages ont évolué depuis le premier tome et ont gagné en épaisseur. J’ai également apprécié la découverte d’une autre facette de l’univers de la geste à travers le Rail. La suite promet de découvrir encore une autre partie de ce monde fascinant.
Pierre de Lune de Wilkie Collins
“La Pierre de Lune se vengera ! ” Mais que veut dire le Brahmane mourant qui lance cet anathème sur la famille Verinder ? Vous le saurez en pénétrant dans le monde à tiroirs de ce roman dont l’héroïne, Rachel, une intrépide jeune fille de 18 ans, partage la vedette avec le Sergent Cuff, un policier de Scotland Yard aux manies surprenantes… et un diamant baptisé Pierre de Lune.
Récit fondateur du roman policier, Pierre de Lune en pose les bases avec une virtuosité admirable. Mais le livre parvient à être original à travers les portraits, souvent truculents, de ses personnages. Wilkie Collins n’hésite pas à être incisif envers ses contemporains en pointant les défauts d’une société engoncée dans ses préjugés, obsédée par l’argent et les apparences. En ce sens, le récit fait preuve d’une modernité rafraîchissante avec des personnages variés, qui prennent vie à travers un style soigné qui leur donne à chacun une voix propre et une personnalité aisément discernable. On pardonnera vite les longueurs qui parcourent récit, face à cette œuvre bigarrée dont le mystère intriqué est rondement mené.
Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes
« Si l’opération réussi bien je montrerai a cète souris d’Algernon que je peux être ossi un télijen quelle et même plus. Et je pourrai mieux lire et ne pas faire de fotes en écrivan et apprendre des tas de choses et être comme les otres. » Charlie Gordon a 33 ans et l’âge mental d’un enfant de 6 ans. Il voit sa vie bouleversée le jour où, comme la souris Algernon, il subit une opération qui multipliera son Q.I. par 3. Charles va enfin pouvoir réaliser son rêve . devenir intelligent. Au jour le jour, il fait le compte rendu de ses progrès. Mais jusqu’où cette ascension va-t-elle le mener ?
C’est un très beau roman qui m’a arraché plusieurs fois des larmes ! Le livre est d’une grande sensibilité, le personnage de Charlie Gordon est une réussite, que ce soit au début du livre ou lorsqu’il devient de plus en plus intelligent. Il propose de véritables réflexions sur la place de l’individu dans le monde, notamment des personnes handicapées, constamment moquées ou traitées comme des charges. Charlie s’aperçoit également que son intelligence, lorsqu’elle frise le génie, l’écarte également des hommes, mais d’une façon différente. Car qu’est-ce que l’intelligence sans l’empathie, la chaleur, l’humanité ? Le récit est dramatique et touchant, et est parfaitement servi par la forme service. Daniel Keyes choisit de retranscrire son histoire à travers les comptes rendus de son personnage principal. Nous sommes au cœur de ses pensées, de ses réflexions et de ses émotions
Waterwitch d’Alex Bell
Certaines malédictions deviennent de plus en plus puissantes avec le temps… Suite à un accident, Emma a perdu l’usage de ses jambes. Sept ans plus tard, l’adolescente revient en Cornouailles, sur les lieux du drame : l’auberge familiale du Waterwitch, gérée par sa grand-mère mourante. Ce bâtiment a été construit avec le bois d’une épave, celle d’un navire au passé trouble, maudit raconte la légende. Parmi les sombres secrets qui hantent l’auberge se cachent des fantômes du passé. Et l’un d’eux est particulièrement en colère.
J’ai trouvé le roman sympathique sans être non plus exceptionnel. L’histoire et l’ambiance sont bien transcrites mais je n’ai jamais été immergée dans ce récit de sorcière et d’hôtel hanté. Pourtant l’ensemble avait un beau potentiel, avec notamment le personnage de Shell qui parvient à être très fascinant. Dommage que les autres protagonistes soient un peu transparents et que certaines parties de l’histoire auraient pu être approfondies.
Les oubliés d’Ushtar d’Emilie Querbalec
Ushtâr, planète-océan des confins.
Lorsque, après une guerre aussi brève qu’inégale, le Gouvernement tombe aux mains du régime autoritaire et ultra-patriarcal d’Albâr, Gul-Yan n’a d’autre choix que de fuir avec les autres infants. Objectif : sauver la Gemme de Vie, dépositaire de la mémoire de son peuple. Mais cette évacuation ne se déroule pas comme prévu…
Dans les méandres d’une cité à moitié engloutie, la traque commence. Or, rien n’arrête les Nadjams, ces soldats programmés pour tuer.
Rien, sauf peut-être l’Arme-Vie. Mais celle-ci n’est-elle pas une simple légende ?
Un roman de space opera étrange et déstabilisant. L’écriture d’Emilie Querbalec est très poétique et agréable, ce qui est assez étonnant pour une autrice aussi confidentielle. L’univers construit est très original, entre la science-fiction et la fantasy. L’ambiance aussi est extrêmement particulière, oscillant entre violence et délicatesse. Le roman aborde par ailleurs des thématiques complexes, entre destin, société et guerre, dévoilant un univers d’une grande maturité.
Kim Jiyoung, née en 1982 de Nam-joo Cho
Kim Jiyoung est une femme ordinaire, affublée d’un prénom commun – le plus donné en Corée du Sud en 1982, l’année de sa naissance. Elle vit à Séoul avec son mari, de trois ans son aîné, et leur petite fille. Elle a un travail qu’elle aime mais qu’il lui faut quitter pour élever son enfant. Et puis, un jour, elle commence à parler avec la voix d’autres femmes. Que peut-il bien lui être arrivé ?
Une histoire très âpre sur la condition féminine en Corée du Sud. Kim Jiyoung est un archétype de la femme coréenne, condamnée à servir de main-d’œuvre pour sa famille et devant délaisser son ambition personnelle pour s’occuper de son enfant. Ce récit frappant est une forme d’universalité, qui percute par son style froid, d’autant que l’autrice coupe de temps à autre son récit de statistiques édifiantes : combien de femmes coréennes arrêtent-elles leur emploi après leur premier enfant ? La conclusion laisse une sensation d’inachevée qui confirme l’impuissance face à un système puissant.
Le complot des corbeaux d’Ariel Holzl
Merryvère Carmine est une monte-en-l’air, un oiseau de nuit qui court les toits et cambriole les manoirs pour gagner sa vie. Avec ses soeurs, Tristabelle et Dolorine, la jeune fille tente de survivre à Grisaille, une sinistre cité gothique où les moeurs sont plus que douteuses. On s’y trucide allègrement, surtout à l’heure du thé, et huit familles d’aristocrates aux dons surnaturels conspirent pour le trône.
Après un vol désastreux, voilà que Merry se retrouve mêlée à l’un de ces complots ! Désormais traquées, les Carmines vont devoir redoubler d’efforts pour échapper aux nécromants, vampires, savants fous et autres assassins qui hantent les rues…
Un roman jouissif ! L’humour noir d’Ariel Holzl fait mouche à travers une écriture légère et entraînante. La ville de Grisaille est un personnage à part entière, une ville sombre et terne où la mort est monnaie courante. La plume a également un don pour mettre en avant des personnages truculents, notamment les sœurs qui sont sont les protagonistes. Chacune a sa personnalité forte, chacune a sa spécialité. L’histoire est très bien rythmée, je ne me suis pas ennuyée une seconde et j’ai hâte de découvrir la suite.
La quête onirique de Vellitt Boe de Kij Johnson
Vellitt Boe est enseignante à la prestigieuse université d’Ulthar.
Quand l’une de ses étudiantes les plus douées s’enfuit avec un rêveur du monde de l’éveil, Vellitt décide de partir sur ses traces avec l’espoir de ramener son élève dans le giron des rêves du monde de Kadath.
Mais après tout, l’Amour ne vaut-il pas le Rêve ?
Un récit étrange dans lequel je n’ai pas vraiment pu rentrer entièrement dans l’ambiance. Pourtant, l’écriture comme l’univers attisent l’imaginaire, puisque nous sommes plongés entre rêve et cauchemar. J’ai été laissée sur ma faim par de nombreuses choses : les dangers ne sont jamais vraiment menaçants (alors qu’on parle tout de même de Dieux), la fin est assez terne…
Vous avez beaucoup lu pour octobre ? Quelles ont été vos lectures terrifiantes préférées ?
6 commentaires
Lutin82 · 31 octobre 2020 à 22 h 29 min
Ok, j’ai fait mon marché : j’en prends 2! (j’en ai lu 2).
La Geekosophe · 1 novembre 2020 à 9 h 44 min
Oooooh et lesquels donc ?
L'ourse bibliophile · 3 novembre 2020 à 11 h 44 min
Impressionnant, ce bilan ! Des fleurs pour Algernon est tout simplement superbe. Un classique qui touche juste, si bouleversant et intelligent. Et j’ai autant adoré les interprétations de Gregory Gadebois que ce soit en livre audio ou au théâtre.
Les soeurs Carmines ne font envie depuis des années et tu réveilles mon intérêt pour Kim Jiyoung, née en 1982 (la Récolteuse me l’avait déjà bien vendu).
Plein de bonnes lectures pendant ce reconfinement !
La Geekosophe · 4 novembre 2020 à 22 h 33 min
Ah je ne sais pas ce qui s’est passé (enfin si, des vacances en solo), mais j’étais dans le feeeeu
L'ourse bibliophile · 6 novembre 2020 à 22 h 33 min
C’est top comme c’est comme ça ! Je croise les doigts pour novembre soit sur la même lancée !
La Geekosophe · 7 novembre 2020 à 11 h 54 min
Ah j’aimerais bien aussi, mais l’absence de vacances complique les choses ! On y croit pour décembre 😀