L’oriental fantasy, ou fantasy orientale, est un sous-genre de l’imaginaire. Comme son nom l’indique, plutôt que de situer l’action dans notre traditionnel univers médiéval occidental (Le seigneur des anneaux, Les chroniques de Krondor, L’assassin Royal…), la fantasy orientale va s’inspirer des univers arabes ou asiatiques. Je vous propose pour cette première incursion de découvrir quelques œuvres qui construisent un univers proche des mille et une nuits.
Les douze rois de Sharakhai de Bradley P. Beaulieu
Dans les arènes de Sharakhaï, la perle ambrée du désert, Çeda combat tous les jours pour survivre. Comme de nombreux autres, elle espère la chute des douze Rois immortels qui dirigent la cité depuis des siècles. Des souverains cruels et tout-puissants qui ont peu à peu écrasé tout espoir de liberté, protégés par leur unité d’élite de guerrières et les terrifiants asirim, spectres enchaînés à eux par un sinistre pacte. Tout change lorsque Çeda ose braver leur autorité en sortant la sainte nuit de Beht Zha’ir, alors que les asirim hantent la ville. L’un d’eux, coiffé d’une couronne en or, murmure à la jeune fille des mots issus d’un passé oublié. Pourtant, elle les connaît. Elle les a lus dans un livre que lui a légué sa mère. Et le lien que Çeda découvre entre les secrets des tyrans et sa propre histoire pourrait bien changer le destin même de Sharakhaï…
Le premier point fort de ce livre est l’atmosphère unique que dégage l’oeuvre. Il est en effet placé dans un univers oriental, la Cité est un macrocosme unique et vivant, aux milles splendeurs et parfums. Nous plongeons dans une culture dense, construite avec soin, avec sa religion, ses légendes et ses traditions. La force de ce roman est de nous plonger dans un univers complet et fascinant, de nous empoter parmi les sons, les couleurs et les odeurs de Sharakhai. Je regrette cependant des choix scénaristiques hasardeux et une héroïne un peu trop parfaite pour être sympathique.
La trilogie de l’Empire de Raymond Feist et Janny Wurst
C’est au moment où Mara, unique héritière du clan des Acoma, s’apprête à prononcer les mots qui la consacreront prêtresse pour le restant de ses jours, que Papéwaio, le plus fidèle des soldats du clan, interrompt la cérémonie pour lui annoncer la mort de son père et de son frère. Propulsée à la tête du clan, Mara doit regagner ses terres en urgence pour sauver sa maison de la ruine et de la honte. Car au Jeu du conseil les ennemis des Acoma sont nombreux. Il faut reformer au plus vite l’armée décimée, pérenniser les liens commerciaux qui assurent au clan ses revenus et nouer des alliances politiques susceptibles de mettre en échec les plans des maisons rivales. A condition, bien sûr, de survivre aux assassins toujours plus nombreux qui viennent la traquer jusque dans son fief…
Fille de l’Empire, le premier tome, s’éloigne des poncifs de la fantasy : point de magie trop présente, peu de créatures étranges… Seulement un monde qui possède son propre mode de fonctionnement. Dans un univers fortement inspiré du Japon Médiéval, nous suivons une héroïne déterminée. Rusée, pragmatique, Mara parvient à jouer de son intelligence pour s’imposer dans un monde d’hommes. En quête de vengeance, on suit cependant avec intérêt les conflits et les doutes intérieurs de cette jeune fille. Les personnages secondaires ne sont pas en reste et parviennent à imposer une aura de charisme. le scénario est également prenant, loin d’être infaillible, Mara doit faire face aux échecs et éviter les pièges de ses rivaux politiques. En somme, Fille de L’Empire est une lecture de bonne qualité qui sort des traditionnels clichés de la Fantasy. Plus politique que guerrière, plus fine que violente, à éviter si l’on est à la recherche de combats et de grande magie.
Ayesha d’ANGE
Dans les royaumes orientaux de Tanjor, le Peuple turquoise est en esclavage depuis des millénaires. Mais il chérit une légende qui lui donnera un jour le courage de se révolter : la légende d’Ayesha, la déesse qui commandera aux étoiles et rendra la liberté à ses enfants condamnés. La jeune reine Marikani n’est pas insensible à leur sort, mais elle a d’autres soucis. De retour d’exil, elle espère rallier la cité d’Harabec et reprendre le trône dont on la écartée. Malgré tout son orgueil, elle aura bien besoin de l’aide d’Arekh, un galérien cynique et brutal dont elle a sauvé la vie. Ils n’ont rien en commun. Leur rencontre va pourtant changer le destin de toute une civilisation, bien au-delà de tout ce qu’ils pouvaient imaginer. Ceci est l’histoire d’une femme indomptable, de ceux qui l’ont aimée et de ceux qui l’ont trahie. C’est l’histoire d’une révolution.
Ayesha avait été une révélation à la lecture pour moi ! J’avais adoré cette histoire Dotée de personnages forts, c’est une histoire de racisme, d’intolérance, de fanatisme et de violence. C’est l’histoire d’une femme qui se lève contre une oppression millénaire pour guider un peuple vers vers la liberté. Ayesha est un très beau récit qui mérite d’être plus connu et plus apprécié pour la richesse de son écriture, la justesse de ses personnages et la construction de son histoire, forte et surprenante. L’univers, inspiré des milles et une nuits, est original et sort du traditionnel moyen-âge européen.
Porcelaine d’Estelle Faye
Chine, vers l’an 200.
Xiao Chen est un comédien errant, jeté sur les routes par un dieu vengeur. Un masque à forme humaine dissimule son faciès de tigre, tandis que son cœur est de porcelaine fêlée. Son voyage va durer plus de mille ans.
Au cours de son périple, il rencontrera Li Mei, une jeune tisseuse, la Belle qui verra en lui plus qu’une Bête. Celle qui, sans doute, saura lui rendre son cœur de chair. Cependant Brume de Rivière, fille-fée jalouse et manipulatrice, intrigue dans l’ombre contre leur bonheur.
Pendant presque quinze siècles, rivalités et amour s’entrecroisent, tisant une histoire de passion, de tendresse et de sacrifice, sur fond de magie et de théâtre.
Porcelaine est une lecture doudou. Conte poétique bien écrit, on se laisse porté par la fluidité de l’histoire, l’originalité des personnages et les péripéties qui se suivent mais qui ne se ressemblent pas. La plume de l’auteur a su trouver un équilibre parfait entre poésie, simplicité et action. le récit nous emporte donc dans un contexte qui n’est pas forcément très mobilisé en fantasy : la culture asiatique féodale, ses mythes, ses traditions. Estelle Faye nous offre un livre court mais percutant mené de main de maître. Sans doute l’une des plus jolies découvertes que j’ai faite.
Vous avez des œuvres de fantasy orientale à conseiller ?
3 commentaires
Yuyine · 5 février 2021 à 10 h 53 min
Très chouette article! Porcelaine me tente beaucoup!
La Geekosophe · 7 février 2021 à 12 h 51 min
Un one-shot très sympa dans tous les cas 😉 Avec une plume délicate !
Shaya · 9 février 2021 à 22 h 46 min
Très belle sélection, j’adore ces romans !