Le mois d’avril est terminé ! L’heure est au bilan. J’ai plutôt apprécié mes lectures, qui contiennent, comme souvent, une très grande majorité d’imaginaire, notamment de la science-fiction. La montagne de Services Presse diminue également petit à petit, et j’ai même un coup de cœur. Alors, on y va !

Un souvenir nommé Empire d’Arkady Martine

Un souvenir nommé Empire d'Arkady Martine

Yskandr, l’ambassadeur de Lsel en poste dans la capitale de l’Empire teixcalaanli, est mort. Sa remplaçante, la jeune Mahit Dzmare, part avec un handicap : la puce mémorielle censée lui fournir tous les souvenirs de son prédécesseur est défectueuse, la laissant démunie face à une société complexe dont elle a du mal à appréhender les codes. Elle peut cependant compter sur l’aide de Trois Posidonie, sa chargée de liaison pleine de ressources, pour la guider parmi les intrigues et les chausse-trappes de la politique teixcalaanlie. Mais plusieurs questions demeurent : qui a tué Yskandr, et pourquoi ? Risque-t-elle de subir le même sort ?

Même si la critique semble tiède, j’ai tout de même passé un assez bon moment pour lire jusqu’au bout. Dommage que la qualité globale soit assez bancale. Beaucoup d’idées intéressantes sont mises en place, avec tout un propos autour de la culture, du langage et de l’altérité construits avec une vraie connaissance des mécanismes de domination induits (même si parfois peu subtilement amené). Il y a cependant une impression de survoler des éléments de contexte et d’intrigue qui m’ont un peu déconnectés par moments, notamment un manque d’approfondissement qui réduisent l’implication lors de la lecture.

Le jour où l’humanité a niqué la fantasy de Karim Berrouka

Le jour où l'humanité a niqué la fantasy de Karim Berrouka

Au départ, il y a un lutin qui hurle « Vous avez niqué la fantasy ! » alors qu’il retient en otage plusieurs personnes dans une bibliothèque. Et puis il y a le coup d’un soir d’Olga qui se met à déconner et à foutre le feu à son appartement, avant d’aller brouter les pissenlits par la racine. Et il y a aussi les trois punks Jex, Skrook et Pils qui doivent jouer au Festival du Gouffre tandis qu’il se passe de drôles de trucs dans la forêt d’à côté.

Karim Berrouka propose un roman hilarant ! le rythme au cordeau et la créativité de la langue permettent de maintenant l’attention du lecteur jusqu’au bout. Ce livre doit être lu avec un carnet sous la main pour garder les meilleures citations. Les personnages sont délirants. Anti-système, le roman apporte une vision critique de l’autorité et du conformisme. Le seul bémol est une fin de roman un peu confuse, mais c’est à peu près tout.

L’enfant de la prochaine aurore de Louise Erdrich

L'enfant de la prochaine aurore de Louise Erdrich

Dans le sillage d’une apocalypse écologique qui menace l’équilibre de la vie sur terre, l’évolution des espèces s’est brusquement arrêtée. C’est dans ce contexte instable et inquiétant, alors qu’un gouvernement totalitaire a pris les rênes des États-Unis et impose aux femmes enceintes de se signaler auprès d’un centre dédié, que Cedar Hawk Songmaker, 26 ans, apprend qu’elle attend un bébé. Cette jeune Indienne, adoptée à la naissance par un couple de Blancs progressistes, décide alors d’aller rencontrer pour la première fois sa famille biologique, installée sur une réserve dans le nord du Minnesota, et comprend que les membres de l’« Église de la Nouvelle Constitution » désormais au pouvoir portent un intérêt tout particulier à l’enfant qu’elle porte.
Face à la désintégration de ce qui constituait le quotidien ordinaire des Américains, et déterminée à protéger coûte que coûte son bébé, elle se lance dans une fuite à travers le pays, sans savoir s’il existe encore un lieu sûr où se réfugier.

J’ai apprécié ma lecture de ce roman. J’ai trouvé le style délicat. Il pose une ambiance intimiste qui permet à l’autrice d’aborder des questions comme la grossesse, bien sûr, sa place dans la famille et dans la société, la spiritualité… L’autrice fait preuve d’une grande maîtrise de son format à travers une métaphore filée de la religion et de la maternité. Certains passages, particulièrement anxiogènes, sont réussis de par le huis-clos étouffant qu’ils créent. Cependant, le point de vue se limite à celui de Cedar, ce qui pourra sembler limité à des fans de science-fiction pure et dure.

Je suis la reine d’Anna Starobinets

Je suis la reine d'Anna Starobinets

Maxime, sept ans, vit avec sa sœur et leur père à Moscou. Bientôt des transformations déconcertantes s’opèrent chez le petit garçon. De quel hôte est-il devenu la proie? Les “histoires inquiétantes” de ce recueil font évoluer des personnages poignants dans une Russie contemporaine sombre et absurde. Ici, un employé de bureau développe des sentiments troubles pour une denrée moisissant au fond d’un réfrigérateur. Là, un dresseur de chiens se réveille dans un train à côté d’une femme qu’il n’a jamais vue mais dit être son épouse, et qu’il devra apprendre à aimer…

Anna Starobinets a une plume singulière, assez froide, mais qui convient parfaitement à ces nouvelles. Parfois absurdes, parfois gores, chaque histoire mêle avec habileté fantastique, glauque et psychologie. Sans jouer la carte du terrifiant frontal, l’autrice préfère jouer sur le malaise, le dérangeant, qui s’insinue lentement dans l’esprit du lecteur. Une bonne lecture pour ceux à la recherche de romans étranges, j’ai personnellement beaucoup apprécié.

Gnomon, Tome 2 de Nick Harkaway

Gnomon, Tome 2 de Nick Harkaway

Grande-Bretagne. Futur proche.

La monarchie constitutionnelle parlementaire qu’on croyait éternelle a laissé place au Système, un mode de démocratie directe où le citoyen est fortement incité à participer et voter. La population est surveillée en permanence par le Témoin : la somme de toutes les caméras de surveillance et de tout le suivi numérique que permettent les smartphones et autres objets connectés.

Alors qu’elle est soumise à une lecture mentale, la dissidente Diana Hunter décède. Mielikki Neith, une inspectrice de Témoin, fidèle au Système, est chargée de l’enquête. Alors qu’elle devrait être en mesure d’explorer la mémoire de Hunter, Mielikki se retrouve confrontée à trois mémoires différentes : celle d’un financier grec attaqué par un requin, celle d’une alchimiste et celle d’un vieux peintre éthiopien.

Pour Neith, un incroyable voyage au cœur de la pensée humaine commence. Aussi surprenant que dangereux.

J’ai globalement apprécié ma lecture. Cette vaste fresque aux ressors multiples est d’une grande originalité dans sa conception comme dans sa réalisation. Si vous cherchez un récit de science-fiction qui vous sorte de votre zone de confort, Gnomon est tout indiqué. Érudit et complexe, l’histoire s’articule comme un labyrinthe ou des poupées russes, car elle se fonde sur des principes de sémiologie, comme une succession de messages encryptés dans la vie de différents personnages. Cette seconde partie clôture très bien cette histoire, révélant une critique âpre des systèmes de surveillance. Mais le roman évoque à travers ses personnages d’autres questions : le pouvoir, la chute du monde, le deuil, les quêtes, la place de l’art dans l’humanité… C’est un vrai foisonnement à découvrir !

La parabole du semeur d’Octavia Butler

La parabole du semeur d'Octavia Butler

Le nouveau président des Etats-Unis provoque une crise sans précédent. Dérèglement social et climatique, épidémies, pauvreté, violences… Dans ce décor post-apocalyptique, la barbarie règne, les murs s’élèvent. La fille d’un pasteur noir atteinte d’hyper-empathie entame la rédaction d’une Bible d’espoir et d’humanité, Le Livre des Vivants.

La parabole du semeur est vraiment un très beau roman ! La plume, acérée et efficace, d’Octavia Butler nous entraîne dans un univers quasi apocalyptique. Violent et sans concession, le roman nous amène à suivre la trajectoire de l’attachante Lauren, fille de pasteur ultra-empathique qui tente de semer l’espoir à travers une sorte de Bible spirituel qu’elle rédige. Le danger est omniprésent, notamment à travers des drogués accros à un produit qui les rend pyromanes. Face à cet élément destructeur, il est montré à quel point faire preuve de pitié et de solidarité est difficile dans un contexte où les liens humains se délitent. Le livre est une ode au soutien et à la résilience.

Quelles ont été vos lectures marquantes du mois ?

Catégories : Points lectures

6 commentaires

Ma Lecturothèque · 2 mai 2021 à 12 h 26 min

J’ai très envie de découvrir les textes d’Anna Starobinets, j’espère que j’en aurai prochainement l’occasion.
« L’enfant de la prochaine aurore » est également dans ma liste d’envie ^^

    La Geekosophe · 3 mai 2021 à 9 h 11 min

    C’est parfait pour Halloween, son recueil de nouvelles ! Beaucoup de gens ont l’air d’avoir apprécié « L’enfant de la prochaine aurore », je suis curieuse de lire d’autres livres de Louise Erdrich, notamment centrés sur la culture amérindienne 🙂

Shaya · 2 mai 2021 à 19 h 19 min

Un joli mois tout ça ! J’aime beaucoup aussi la plume d’Octovia Butler, il faudrait que je lise le second tome un de ces 4 !

    La Geekosophe · 3 mai 2021 à 9 h 08 min

    Héhé, une seule chose est sûre, je vais me plonger plus en avant dans l’oeuvre de l’autrice 😉

Challenge de l’Imaginaire – Bilan 2ème trimestre – Ma Lecturothèque · 1 juillet 2021 à 15 h 56 min

[…] aurore, Louise Erdrich18. Je suis la reine, Anna Starobinets19. Gnomon, tome 2, Nick Harkaway20. Saga Paraboles, tome 1 : La parabole du semeur, Octavia Butler21. Un fil à travers les nuages, Anaïs Sorrentino22. Biotanistes, Anne-Sophie […]

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