J’ai lu ce classique de la littérature dystopique ! Il y avait un petit bout de temps que je voulais découvrir La ferme des animaux, George Orwell étant un observateur très fin des phénomènes politiques de son temps. Ici, l’originalité est que tout se passe dans une ferme et que les personnages principaux sont tous des animaux. En avant, veaux, vaches, cochons !
Synopsis de La ferme des animaux
À la Ferme du Manoir, les animaux en ont assez d’être maltraités. Major l’ancien, leur doyen, leur a ouvert les yeux sur la tyrannie de l’Homme. Il faut faire la révolution ! Une fois le fermier banni, les animaux décident de ne plus se laisser commander.
Pour veiller à cela, sept règles sont édictées et rédigées par les cochons. La dernière est claire : Tous les animaux sont égaux.
Une satire sans concession
La manipulation des masses, un travail de cochon
Bon, la méfiance d’Orwell pour les régimes totalitaires n’est pas quelque chose se neuf. C’est après tout un écrivain connu pour sa dystopie 1984. Dans ce court roman, il s’attaque en particulier aux régimes communistes totalitaires. Dans ce cadre, il nous fait vivre une expérience de démagogie et de prise de pouvoir progressive à hauteur d’une ferme. La première étape est donc d’avoir sous la main une population en souffrance. En effet, les animaux souffrent des mauvais traitements imposés avec leur propriétaire, Mr Jones. Il n’est donc pas compliqué pour les cochons de monter une rébellion et de prendre le pouvoir. Ils mettent en avant une société très égalitaire basée sur la coopération et la jouissance du travail des animaux par eux-mêmes. Dès lors, tout ce passe plutôt bien pendant quelques temps, du moins jusqu’à ce que de maigres récoltes et les manigances des fermiers voisins rendent le paysage moins idyllique.
Mais assez rapidement, les cochons prévoient quelques entourloupes. Ils ont édicté un certain nombre de règles soi-disant inaltérables, visant notamment à éviter une gestion digne des humains. Ces dernières sont inscrites sur un mur de la grange. Par exemple, il est interdit aux animaux de consommer de l’alcool. Mais on retrouve les cochons en train de faire de la bière dans une brasserie abandonnée sur la ferme. Ah ! C’est pratique : le texte a été modifié entre temps. « Les animaux ne consommeront pas d’alcool avec excès », et tous les animaux sont persuadés que c’est bien ce qu’il y a toujours eu d’écrit. C’est un travail minutieux et progressif : d’abord on fait travailler de plus en plus certains animaux, puis on s’octroie de plus en plus de privilèges… Les mêmes privilèges dont profitaient les anciens maîtres. Jusqu’à ce qu’on ne puisse plus différencier les cochons des hommes ! Et les autres animaux ? Ils semblent avoir mis le pieds dans un engrenage tellement infernal qu’ils ne paraissent plus capables de regarder la vérité en face !
Court mais mémorable
George Orwell n’a pas grand chose à prouver. Cette courte fable est écrite de façon exquise. Sur un ton faussement naïf, l’auteur fait monter crescendo la tension autour des animaux de la forme, étrangement attachants par ailleurs grâce à un anthropomorphisme bien dosé. Il n’hésitera à nous asséner quelques moments chocs. C’est notamment le triste destin de Malabar qui marque beaucoup, car l’auteur nous l’avait présenté comme un rude gaillard, loyal, dont l’unique préoccupation était d’effectuer un travail conséquent et bien fait. Il ya quelque chose de morbide dans la façon dont le fonctionnement de la ferme est décrite, qui rappelle par ailleurs des récits plus récents qui font passer des messages autour du végétarisme et du véganisme. Et cela jusqu’à la chute, merveilleusement bien trouvée et qui laissera sans aucun doute une image indélébile dans votre esprit.
En outre, le récit est également mémorable car il confirme la capacité de l’auteur de jouer avec le langage, et de se jouer au passage des lecteurs et de ses personnages. La démagogie passe par la modification de maximes dont la simplicité crée l’effet. Les moutons sont utilisés pour répéter en chantant l’une des versions habilement modifiées. La métaphore ne manque pas de sel, n’est-ce pas ? Le récit brille donc par son intertextualité qui renoue avec la tradition des fables animalières de La Fontaine, des caractères simplifiés, des aventures dépouillées, qui permettent de toucher à l’essentiel du récit moraliste dans son essence.
La ferme des animaux est un classique au charme indéniable, engagé et intemporel
Difficile de lui renier sa qualité de classique. L’écriture est fine, l’ironie se cachant derrière le ton faussement naïf permet de se plonger rapidement dans l’histoire. L’auteur délivre un message contre le totalitarisme, ici des régimes communistes. Il dénonce l’instrumentalisation des besoins des peuples pour servir un besoin égoïste sous couvert de fournir l’égalité. Bien que court, La ferme des animaux offre une montée très progressive de la prise du pouvoir, prise de pouvoir de pouvoir qui s’exerce notamment grâce à la manipulation du langage.
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Note : 17/20
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3 commentaires
Lutin82 · 28 août 2021 à 20 h 27 min
Lu, il y a une éternité. Il m’avait marqué.
La Geekosophe · 4 septembre 2021 à 22 h 19 min
Pareil, je pense qu’il va me rester en tête celui-là 🙂
La Geekosophe · 11 septembre 2021 à 11 h 27 min
Il est court mais visionnaire !