Avec le mois de septembre, c’est le début du fameux Pumpkin Autumn Challenge ! Le temps est aux lectures sombres et qui font frissonner… Mais pas pour tout de suite ! Pour le bilan, les transitions se font en douceur, avec des livres souvent étranges et dépaysants ! Vous êtes prêts pour le point lecture ?
Watership Down de Richard Adams
C’est dans les fourrés de collines verdoyantes et idylliques que se terrent parfois les plus terrifiantes menaces. C’est là aussi que va se dérouler cette vibrante odyssée de courage, de loyauté et de survie.
Menés par le valeureux Hazel et le surprenant Fyveer, une poignée de braves choisit de fuir l’inéluctable destruction de leur foyer. Prémonitions, malices et légendes vont guider ces héros face aux mille ennemis qui les guettent, et leur permettront peut-être de franchir les épreuves qui les séparent de leur terre promise, Watership Down. Mais l’aventure s’arrêtera-t-elle vraiment là ?
J’ai beaucoup apprécié la diversité des aventures proposées. L’auteur parvient à mettre en scène des lapins certes anthropomorphisés, mais à garder assez d’éléments pour garder une identité propre aux léporidés. Ils ont ainsi leurs propres mots de vocabulaire comme farfaler pour partir brouter, leur propre cosmogonie, racontées par Dandelion… Les différentes aventures sont bien rythmées et proposent de découvrir un nombre varié de ces frêles créatures. C’est vraiment dépaysant et original ! L’auteur offre une belle défense de la nature et des animaux, s’octroyant même une apparition bienveillante à un moment clé du livre.
La nuit du faune de Romain Lucazeau
Au sommet d’une montagne vit une petite fille nommée Astrée, avec pour seule compagnie de vieilles machines silencieuses. Un après-midi, elle est dérangée par l’apparition inopinée d’un faune, en quête de gloire et de savoir. Mais sous son apparence d’enfant, Astrée est en réalité une très ancienne créature, dernière représentante d’un peuple disparu, aux pouvoirs considérables.
Le faune veut appréhender le destin qui attend sa race primitive. Astrée, pour sa part, est consumée d’un mortel ennui, face à un cosmos que sa science a privé de toute profondeur et de toute poésie.
A la nuit tombée, tous deux entreprennent un voyage intersidéral, du système solaire jusqu’au trou noir central de la Voie Lactée, et plus loin encore, à la rencontre de civilisations et de formes de vies inimaginables.
La philosophie est ici mise au service d’une science-fiction qui dévoile tout son potentiel pour mettre en scène et mettre l’emphase sur les problématiques méta-physiques humaines. A travers une odyssée spatiale monumentale, Astrée et le Faune se lancent en quête de réponses (ou de frissons) : qu’est-ce que la connaissance a de si terrible pour un individu ? Quel est le destin des êtres biologiques ? Les références de l’auteur sont multiples, Nietzschéenne, mettent en scène la petitesse de l’existence, sa grande absurdité, mais aussi le gigantisme à peine imaginable de l’univers et des Êtres lointains qui la peuplent. L’auteur fait appel à des connaissances pointues en matière de sciences, astronomie et astrophysique, mais parvient à vulgariser les concepts sans pour autant rendre le voyage simpliste. Ce fut donc une belle lecture, avec un véritable “Sense of wonder”, mais parfois difficile à digérer lorsqu’on n’a pas toutes les références.
Quitter les monts d’automne d’Emilie Querbalec
Recueillie par sa grand-mère après la mort de ses parents, la jeune Kaori vit dans les monts d’Automne où elle se destine à être conteuse. Sur Tasai, comme partout dans les mondes du Flux, l’écriture est interdite. Seule la tradition du « Dit » fait vivre la mémoire de l’humanité. Mais le Dit se refuse à Kaori et la jeune fille se voit dirigée vers une carrière de danseuse.
Lorsque sa grand-mère meurt, Kaori hérite d’un rouleau de calligraphie, objet tabou par excellence, dont la seule détention pourrait lui valoir une condamnation à mort. Pour percer les secrets de cet objet, mais aussi le mystère qui entoure la disparition de ses parents, elle devra quitter les monts d’Automne et rejoindre la capitale.
Sa quête de vérité la mènera encore plus loin, très loin de chez elle.
Quitter les monts d’automne est un joli récit qui repose sur un style poétique qui pose une ambiance unique et envoutante. Le personnage de Kaori est attachant, avec caractère à la fois naïf mais déterminé, mais qui parvient à rester résilient dans les moments difficiles. Dommage que les autres personnages manquent un peu de corps. L’Alliage entre inspiration japonaise traditionnelle et science-fiction fonctionne à merveille pour créer un univers singulier. L’histoire traite beaucoup de la place de l’héritage, de la filiation et de la mémoire dans notre identité, mais aussi en tant que civilisation.
Passing Strange d’Ellen Klages
San Francisco, 1940. Six femmes, avocate, artiste ou scientifique, choisissent d’assumer librement leurs vies et leur homosexualité dans une société dominée par les hommes. Elles essayent de faire plier la ville des brumes par la force de leurs désirs… ou par celle de l’ori-kami. Mais en science comme en magie, il y a toujours un prix à payer quand la réalité reprend ses droits.
Passing Strange séduit d’abord par son univers envoûtant et original. L’autrice nous plonge le monde alternatif queer des années 40 et construit des personnages variés et attachants. Six femmes doivent lutter dans un monde misogyne et homophobe, quitte à faire usage d’une magie subtile pour échapper aux ennuis. L’écriture est très fluide et permet de s’immerger sans soucis dans ce récit court mais entraînant. J’ai cependant trouvé dommage que le format ne permettait pas à tous les personnages d’être développés autant qu’ils l’auraient dû.
La glace et le sel de José Luis Zaraté
Le Déméter entre dans le port de Whitby en pleine tempête. À bord du navire sans équipage, le capitaine gît, sans vie, attaché au gouvernail tandis que, dans la cale, dorment de mystérieuses caisses pleines de terre. C’est ainsi que Dracula, dans le roman de Bram Stoker, arrive à Londres.
À partir des quelques lignes retrouvées dans la poche du capitaine, José Luis Zárate reconstruit la tragédie de la traversée.
C’est une lecture très particulière. La plume est vraiment sublime et retranscrit très bien les aspects oniriques et la plongée dans la folie du bateau qui tombe de plus en plus sous le contrôle du vampire. Une grande partie du court récit se concentre sur les obsessions sexuelles du capitaine, ce qui pourra être redondant pour certains lecteurs. Mais la plume de l’auteur est particulièrement travaillée, onirique et poétique.
L’autre côté du rêve d’Ursula Le Guin
Lorsque George Orr dort, il rêve, comme tout le monde. Mais lorsqu’il se réveille, au contraire de tout le monde, il découvre que ses rêves ont changé l’univers.
Et parce qu’il lui arrive aussi de faire des cauchemars, le monde réel se trouve ravagé par des guerres nucléaires et envahi par des extraterrestres. George Orr doit-il se débarrasser d’un aussi terrifiant pouvoir ? Ou bien doit-il l’utiliser dans l’intention redoutable d’améliorer le monde ?
Voici un roman surprenant ! L’autre côté du rêve propose un concept absolument original et dont la réalisation montre une fois encore la virtuosité d’Ursula Le Guin. Avec toujours sa plume riche et fluide, elle nous guide dans un monde post-apocalyptique engoncé dans la violence et la crise écologique. Du moins jusqu’à ce que George Orr consulte un certain Haber, qui va, par l’hypnose tenter de contrôler les rêves de ce dernier pour façonner une réalité à sa mesure… Mais est-ce toujours une bonne idée de jouer au divin ? Cette fable onirique nous montre que le pouvoir n’est pas forcément à mettre en toutes les mains, notamment celles d’hommes qui se laissent facilement enivrés par la puissance.
Quelle a été votre lecture préférée du mois pour vous ? Vous connaissez certains des livres que j’ai lus ?
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