Est-ce qu’il commence à faire froid ? Ouiiii ! Est-ce qu’on veut plus de soleil ? Ouiiii ! Pas de doute, on est bien en octobre, on est quand même content de prendre des photos avec des citrouilles et des tasses de thé fumantes. L’heure est aussi au point lecture du mois, avec bien sûr de la magie et des histoires souvent sombres. On y va ?

Widgigo d’Estelle Faye

Widgigo d'Estelle Faye

En 1793, Jean Verdier, un jeune lieutenant de la République, est envoyé avec son régiment sur les côtes de la Basse-Bretagne pour capturer un noble, Justinien de Salers, qui se cache dans une vieille forteresse en bord de mer. Alors que la troupe tente de rejoindre le donjon en ruines ceint par les eaux, un coup de feu retentit et une voix intime à Jean d’entrer. À l’intérieur, le vieux noble passe un marché avec le jeune officier : il acceptera de le suivre quand il lui aura conté son histoire. Celle d’un naufrage sur l’île de Terre-Neuve, quarante ans plus tôt. Celle d’une lutte pour la survie dans une nature hostile et froide, où la solitude et la faim peuvent engendrer des monstres…

Widjigo est, vous l’aurez compris, une réussite. Estelle Faye prend le temps de créer une ambiance pesante, entre horrifique et survie, pour mieux mettre ses personnages face à leur propre (in)humanité. Conte de vengeance et de culpabilité, le roman utilise des mythes des populations natives et les rumeurs de sorcellerie de la découverte des Amériques pour mieux glisser dans le fantastique, de plus en plus au fil des pages. Chaque personnage a une personnalité fouillée, mais aussi un lourd poids à porter qu’ils dévoilent tandis qu’ils s’enfoncent dans le forêt et la violence. Le tout est porté par une écriture hypnotique.

Le retour du hiérophante de Robert Jackson Bennett

Le retour du hiérophante de Robert Jackson Bennett

Synopsis du premier tome des Maîtres Enlumineurs : Toute l’économie de l’opulente cité de Tevanne repose sur une puissante magie : l’enluminure. À l’aide de sceaux complexes, les maîtres enlumineurs donnent aux objets des pouvoirs insoupçonnés et contournent les lois de la physique. Sancia Grado est une jeune voleuse qui a le don de revivre le passé des objets et d’écouter chuchoter leurs enluminures. Engagée par une des grandes familles de la cité pour dérober une étrange clé dans un entrepôt sous très haute surveillance, elle ignore que cet artefact a le pouvoir de changer l’enluminure à jamais : quiconque entrera en sa possession pourra mettre Tevanne à genoux. Poursuivie par un adversaire implacable, Sancia n’aura d’autre choix que de se trouver des alliés.

Une fois de plus, nous faisons face à un récit tambour battant ! On ne s’ennuie jamais tandis que les personnages principaux enchaînent les aventures. Ils gagnent en profondeur et en complexité, hormis les antagonistes qui peuvent sembler un peu trop puissants et maléfiques pour convaincre dans un premier temps, même s’ils gagnent un peu en nuance au fil du récit. L’ensemble est très nerveux et on passe vraiment un bon moment, notamment grâce au système de magie toujours très créatif et à des mystères qui s’épaississent. Mais des mystères qui ne trouvent pas tous une résolution. On est donc face à un tome de transition qui annonce un tome suivant prometteur, mais qui est légèrement en-dessous du premier.

L’alchimie de la pierre d’Ekaterina Sedia

L'alchimie de la pierre d'Ekaterina Sedia

Soit une ville immense, sombre et secrète, fondée par un peuple minéral plus secret encore — les gargouilles. De mémoire d’homme, les guildes rivales des Alchimistes et des Mécaniciens s’y livrent une lutte d’influence acharnée. Or les Mécaniciens semblent enfin en passe de l’emporter, prêts à imposer sur la cité un ordre nouveau, brutal.

Automate douée de conscience, unique en son genre, Mattie est la création d’un Mécanicien ambigu. Bien qu’émancipée, elle peine à se libérer de l’emprise de son ancien maître, une ombre qui ne l’a pas empêchée, malgré tout, d’embrasser la carrière d’alchimiste. Les gargouilles l’ont chargée d’une mission cruciale : trouver un remède au mal qui les frappe, une inexorable pétrification. Mission que compliquent des événements tragiques : des attentats frappent la ville, tandis que dans ses entrailles couvent les ferments de la révolution…

L’alchimie de la pierre est un joli roman ! L’autrice nous entraîne dans une histoire mystérieuse où elle a pris soin d’instiller une ambiance insolite et des éléments sombres. Elle traite notamment de problématiques très contemporaines, où les conflits sociaux font rage. Il y a aussi une place particulière accordée à la difficulté d’être une femme, ce qui est représentée par Mattie, automate qui tente de gagner son indépendance mais demeure sous la coupe d’un créateur énigmatique. Malgré cela, le récit un peu lent et quelques éléments de scénario manquent un peu de définition pour que l’univers soit pleinement immersif. C’est cependant un roman sympathique et singulier dans le paysage de la SFFF actuelle.

La marque du corbeau d’Ed McDonald

La marque du corbeau d'Ed McDonald

Sous son ciel brisé et hurlant, la Désolation est une vaste étendue de terre ravagée, née quand la Machine, l’arme la plus puissante du monde, fut utilisée contre les immortels Rois profonds. De l’autre côté de ce désert, grouillant de magie corrompue et de spectres malveillants, les Rois et leurs armées observent encore – et attendent leur heure…

Pour Ryhalt Galharrow, la Désolation n’a pas de secrets. Chasseur de primes armé pour affronter les hommes comme les monstres, il la traverse en quête d’une jeune femme aux mystérieux pouvoirs. Quand il se retrouve pris dans une attaque qui n’aurait jamais dû être possible, émanant des Rois profonds eux-mêmes, seule l’intervention inattendue de celle qu’il recherche lui sauve la vie.

Jadis, cette femme et lui se connaissaient bien. Voilà qu’ils se redécouvrent au milieu d’une conspiration qui menace de détruire tout ce qui leur est cher, et qui pourrait mettre un terme à la trêve fragile de la Machine…

J’ai globalement apprécié ma lecture ! Le roman présente un univers violent et efficace dans la plus pure tradition de la dark fantasy : sang, ennemis qui semblent invincibles, anti-héros à la peau dure… Le tout dans un récit enlevé qui creuse une mythologie qui lui est propre. Les personnages sont tous marqués par les épreuves, peut-être même un peu trop, ce qui m’a laissé parfois avec une sensation de cliché et d’inachevé dans leur construction. Autrement, j’ai trouvé l’ensemble des péripéties et le final particulièrement bien orchestrés, le tout avec une plume claire et fluide, ce qui est une vraie réussite pour un premier roman !

Everless de Sara Holland

Everless de Sara Holland

Julie vit dans la misère avec son père. Pour pouvoir payer ses dettes, celui-ci se rend régulièrement chez l’extracteur de temps. Car au royaume de Sempera, tout se paie en fers-de-sang, un métal précieux obtenu à partir du temps de vie qui coule dans vos veines. Pour éviter que son père se condamne en procédant à une nouvelle saignée, Julie se fait engager comme domestique à Everless, la résidence des Gerling, la famille la plus puissante du royaume. Or, Julie a vécu à Everless dans son enfance, avant qu’un accident les oblige à fuir, son père et elle. Depuis, ce dernier lui a toujours interdit d’y retourner. Car, si on les reconnaît, Julie court un grand danger.

Ce fut intéressant de me replonger dans de la littérature Young Adult ! Everless convainc notamment au niveau de son univers, qui mêle fantasy et dystopie pour proposer quelque chose de distinct. Les habitants de Sempera marchandent leur sang, magiquement lié à leur temps de vie. Sur ce fondement dramatique, Sara Holland propose une histoire bien ficelée bien que non exempte de clichés. L’héroïne est par exemple très classique et nous propose des monologues larmoyants sur sa situation, ponctués de moments où elle montre qu’elle n’est pas comme les autres en tenant à des nobles ou prenant des décisions irréfléchies. Au-delà de cela, j’ai trouvé certains retournements de situation bien trouvés malgré certaines répétitions dans le déroulement de l’intrigue.

Quelle est votre lecture favorite du mois ?

Catégories : Points lectures

4 commentaires

Shaya · 1 novembre 2021 à 14 h 38 min

Chouette mois dis donc ! Je pense que ma lecture préférée c’est clairement Dans la maison rêvée de Carmen Machado !

    La Geekosophe · 6 novembre 2021 à 14 h 51 min

    Il a l’air très, très bien, je me le note 🙂

pepparshoes · 2 novembre 2021 à 11 h 37 min

C’est un beau bilan ! Je te souhaite de chouettes lectures en novembre 😀

    La Geekosophe · 6 novembre 2021 à 14 h 52 min

    J’espère bien héhé, je vais essayer d’intensifier le rythme de lecture 😉

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

%d blogueurs aiment cette page :