J’ai reçu un long voyage grâce à la masse critique de Babelio ! Je remercie chaleureusement les éditions La forge de Vulcain pour l’envoi. Le roman me faisait de l’œil, notamment car j’aime beaucoup la fantasy qui promet une réelle atmosphère, qui se démarque des grandes œuvres grandiloquentes. Alors qu’en ai-je pensé ?
Synopsis d’un long voyage
Issu d’une famille de pêcheurs, Liesse doit quitter son village natal à la mort de son père. Fruste mais malin, il parvient à faire son chemin dans le comptoir commercial où il a été placé. Au point d’être pris comme secrétaire par Malvine Zélina de Félarasie, ambassadrice impériale dans l’Archipel, aristocrate promise aux plus grandes destinées politiques. Dans le sillage de la jeune femme, Liesse va s’embarquer pour un grand voyage loin de ses îles et devenir, au fil des ans, le témoin privilégié de la fin d’un Empire.
Un roman au rythme et à l’ambiance spécifiques
Un point de vue singulier
Le roman est raconté du point de vue de Liesse, qui écrit un long compte-rendu de sa vie. L’ensemble est donc écrit à la première personne, et de manière emphatique. On sent que le narrateur décrit les choses avec un grand attachement émotionnel. J’ai trouvé que cela avait un effet rafraîchissant sur la lecture. Car Liesse est lui-même un personnage attachant. Né sur une Île conquise par un vaste Empire à bout de souffle, il est victime d’un tabou et travaille à l’administration locale par hasard, alors qu’il ne sait ni lire ni écrire.
Si les premières pages ne sont pas forcément passionnantes, l’existence de Liesse est un peu rébarbative avant l’arrivée de Malvine, son récit gagne vraiment en force. L’idée de la personne d’un petit village qui découvre le monde est classique, mais l’idée d’en faire l’assistant d’un diplomate est brillante. Même si l’on va de Province en Province, on découvre la chute d’un Empire comme il fut sûrement vécu dans un coin reculé du vaste Empire romain : un non événement, l’aboutissement inexorable d’une lente extinction d’une importance relative face au présent. C’est un roman qui se fait également tranche de vie et intimiste, permettant de lier la grande histoire à la plus petite.
Une fantasy subtile
Car la ville où officient Malvine et Liesse finit par être pas mal secouée. Le début du roman semble s’inscrire dans un monde où la magie est peu présente. On suit surtout les pérégrinations de Liesse, qui raconte son aventure aux côtés de ladite Malvine, qui semble avoir été quasiment un personnage de légende. La fantasy apparaît alors que la diplomate disparait quelques jours dans des conditions mystérieuses. Lors de son retour, elle semble avoir vieilli mais n’est pas capable de savoir ce qui lui est arrivée.
En réalité, elle est tombée dans un monde figé qui appartient au passé. Ses habitants appartiennent à un ancien empire. Ils ne sont pas capable des procréer, et de temps en temps des personnes du présent du récit tombent dans ce qui semble être ce trou. Point donc de magie grandiloquent ou de grand sorcier, juste une civilisation qui se meurt et tente de revenir, faisant écho au grand Empire qui vit également sa lente agonie. Il y aune forme de mélancolie qui traverse l’ensemble du texte, renforcée par l’existence de cet endroit étrange.
Des références au poids du passé dans le présent
Les habitants du monde mystérieux sont appelés les statues. Parce qu’elles semblent grises et rigides et peuvent parfois rester dans un long état d’immobilité. La dénomination est intéressante : le terme nous rappelle évidemment l’antiquité, et des représentations bien éloignées de nous des personnes de l’époque. Elles semblent symboliser les idées anciennes qui continuent tant bien quel mal de perdurer, les gloires anciennes, auréolées d’un idéal trop beau pour avoir vraiment existé. Car cette population pratiquait l’esclavage. Les habitants de Solmeri, la contrée où officie Liesse, est par ailleurs peuplée majoritairement par les descendants d’esclaves.
Ainsi, le retour des statues et de la guerre mène à une forme de régression sociétale renforcée par le manque de contrôle de l’Empire. Le texte devient d’une grande brutalité, avec des passages particulièrement violents. Liesse doit affronter plusieurs pertes irrémédiables. La sienne est conjointe à l’ensemble du peuple : les sacrifices sont nombreux. Mais les choses finissent par se calmer, car il est dit assez tôt que paradoxalement elles sont incapables de procréer, comme si elles étaient destinées à disparaître malgré leur baroud d’honneur.
Marquant et intrigant, Un long voyage est une pépite dans le paysage de la SFFF française
J’ai beaucoup aimé ce roman. J’ai trouvé la plume très agréable, emphatique dans un premier temps mais qui s’adoucit petit à petit pour devenir plus terre à terre. Le récit est raconté du point de vue de Liesse, qui découvre d’autres contrées lointaines. On pense tout d’abord avoir affaire à une fantasy où les éléments magiques sont peu présents, mais en réalité on découvre que des personnes sont restées coincées dans des temps anciens. Ces dernières posent la question de la pérennité des coutumes et des idées dans un monde qui est en transformation.
Note : 16/20
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2 commentaires
zoelucaccini · 11 novembre 2021 à 12 h 13 min
Tellement contente que tu aies aimé ce roman ! Je te rejoins sur tous les points que tu évoques. C’est vrai que le début est assez longuet, mais c’est pour mieux prendre son ampleur ensuite !
Comme toi, j’ai tout aimé, la subtilité de la fantasy, la mélancolie du texte, le narrateur très attachant oui, et puis son histoire rattachée à la grande.
Ca m’a vraiment donné envie de lire Citadins de demain, alors que je n’ai pas lu celui d’avant, et que je m’étais dit que je ne commencerais pas une saga pas encore finie d’être publiée. Mais la plume de Claire Duvivier m’a tellement plu !
La Geekosophe · 26 novembre 2021 à 13 h 56 min
Oui, j’ai trouvé ça très sensible et original, avec une très jolie plume, j’ai très envie de lire Citoyens de demain également !