Les meurtres de Molly Southbourne est une novella de Tade Thompson qui me faisait envie depuis très longtemps. L’histoire avait l’ai excessivement étrange et surtout, j’en avais entendu énormément de bien. Je me suis donc jetée dans cette lecture rapide.
Synopsis de « Les meurtres de Molly Southbourne »
Molly est frappée par la pire des malédictions. Aussi les règles sont-elles simples, et ses parents les lui assènent depuis son plus jeune âge. Si tu vois une fille qui te ressemble, cours et bas-toi. Ne saigne pas. Si tu saignes, une compresse, le feu, du détergent. Si tu trouves un trou, va chercher tes parents. Molly se les récite souvent. Quand elle s’ennuie, elle se surprend à les répéter sans l’avoir voulu… Et si elle ignore d’où lui vient cette terrible affliction, elle n’en connaît en revanche que trop le prix. Celui du sang.
Aussi court qu’efficace
Un récit étrange et déstabilisant
Les meurtres de Molly Southbourne s’amuse beaucoup avec la narration. L’histoire est dans un premier temps racontée du point de vue d’une inconnue, attachée et salement amochée. Cette dernière rencontre son bourreau, Molly Southbourne, une jeune d’allure sportive. La kidnappeuse se lance ensuite dans le récit de son existence, une histoire profondément inhabituelle et dérangeante. Dès lors, on passe au point de vue froid et clinique de Molly, qui décortique sa vie à la troisième personne, faisant de nous les témoins lointains de son étrange affliction. Affliction violence, puisque lorsqu’elle saigne, Molly donne naissance à une autre « Molly », un double d’elle-même qui finira toujours par tenter de la tuer.
Le récit prend dès lors différentes formes. Le ton est à la fois horrifique, avec du body horror lors de la naissances des Molly, des scènes violences quand le personnage principal se débarrasse de ses doubles, récit d’apprentissage avec une jeune femme qui tente de construire son identité malgré les difficultés… Le récit fascine car protéiforme et bien écrit. Pourtant, le thème du double maléfique est très courant en SFFF. Mais Tade Thompson le traite avec beaucoup de soin et une grande spécificité, visible dans le rythme, accrocheur, et la diversité des thèmes abordés. Si le récit est très violent par moments, l’écriture froide et clinique donne un magnétisme particulier. Ce court roman est un page-turner qui donne envie de lire d’une traite.
D’une étonnante profondeur pour le format
La novella est longue d’à peine une centaine de pages mais est vraiment accrocheuse. C’est notamment grâce à la volonté de l’auteur de créer une histoire cohérente et prenante. On peut comprendre de différentes façons le récit car Tade Thompson a choisi de nous laisser avec peu de clés pour comprendre son histoire, il y a donc de multiples lectures possibles. Par exemple, on peut comprendre les dédoublements de Molly comme une métaphore de troubles mentaux comme de la schizophrénie. Le genre de maladie où l’on peut se blesser comme l’on peut blesser les autres, ce qui arrivera plusieurs fois au personnage principal. Ou bien est-ce sur les effets psychologiques d’être son propre ennemi et d’avoir passé sa vie sur ses gardes.
Le monde décrit par l’auteur est également assez peu détaillé dans un premier temps. C’est normal car nous sommes très centrés sur le cheminement de Molly. Mais on en apprend quelques éléments au fil du temps, notamment autour des problématiques de fertilité. Le livre semble également beaucoup se centrer sur l’aspect intellectuel de l’existence. Molly est en effet une étudiante assidue, tentant d’abord de trouver des réponses dans la littérature ou la philosophie. Le livre regorge par ailleurs de référence, notamment à des romans comme le Frankenstein de Mary Shelley, posant la question de ce qui fait l’humanité. Mais ensuite, elle se lance dans de larges recherches en médecine et anatomie pour en savoir plus sur son mécanisme. Ces passages renforcent le côté body horror, toujours en se présentant de manière froide et mécanique.
Les meurtres de Molly Southbourne est immersif et addictif
Difficile à dire où réside tout le sel de ce qui fait de ce roman une très bonne lecture. C’est un ensemble d’éléments composites bien dosés. Dans un premier temps, le sujet est remarquablement traité en proposant un récit où se mêle horreur, violence et quête d’identité. L’écriture est froide, clinique, mais porte avec efficacité une histoire prenante et fourmillante de références philosophiques, littéraires et médicales. La violence et le gore sont également très présents, mais tournés très habilement pour poser une ambiance malsaine, entêtante. S’il y avait un bémol, ce serait sûrement la fin, un peu évasive et rapide. Mais l’auteur a d’autres romans dans le même univers dans sa manche.
Note : 17/20
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4 commentaires
Parlons fiction · 26 décembre 2021 à 17 h 01 min
Cette novella semble originale ! Ton avis m’a convaincu, je l’ajoute dans ma wishlist. Merci pour la découverte 🙂
Yuyine · 4 janvier 2022 à 9 h 10 min
Je te rejoins tout à fait sur cet avis. C’est addictif, magnétique et dérangeant à la fois. Et la richesse de cette novella est assez épatante!
La Geekosophe · 6 janvier 2022 à 22 h 50 min
Je suivrai définitivement l’auteur plus régulièrement 😉
Tade Thompson - La trilogie Molly Southbourne - Zoé prend la plume · 6 juin 2023 à 7 h 00 min
[…] Tigger Lilly, analyse intéressante chez Les chroniques du chroniqueur, addictif et efficace pour La geekosophe. Enfin, quelques retours sur le tome 3, beaucoup plus divergents : Bob et Ombre Bones n’ont […]