L’année 2021 touche à sa fin et je ne sais pas pour vous, la dernière ligne droite a été compliquée ! Entre les problèmes de santé, le covid qui m’a poussé en isolement… Mais heureusement, le mois de décembre reste assez joyeux, avec un lot de lectures qui ne manque pas d’intérêt et les nouveaux challenges en approche.

Erectus de Xavier Müller

Erectus de Xavier Müller

Et soudain l’humanité se mit à régresser
À Richards Bay, en Afrique du Sud, c’est le choc.
Un homme s’est métamorphosé. Il arbore des mâchoires proéminentes, est couvert de poils, ne parle plus.
Bientôt, à New York, Paris, Genève, des Homo erectus apparaissent en meutes, déboussolés, imprévisibles, semant la panique dans la population.
De quel virus s’agit-il ?
Que se cache-t-il derrière cette terrifiante épidémie ?
Une scientifique française, Anna Meunier, se lance dans une course contre la montre pour comprendre et freiner cette régression de l’humanité.
Partout, la question se pose, vertigineuse : les erectus sont-ils encore des hommes ?
Faut-il les considérer comme des ancêtres à protéger ou des bêtes sauvages à éliminer ?

Erectus fait partie de ces romans qui présentent une idée intéressante et parviennent à en faire une histoire prenante. L’auteur maîtrise très bien son histoire et joue avec les points de vue pour donner une sensation d’urgence et d’angoisse très réussie. L’écriture est très efficace dans les moments d’actions, mais aussi pour alterner entre différents points de vue qui permettent de bien transmettre la gravité et l’escalade de la situation à travers le monde. Après, il ne faut pas être trop regardant sur les clichés : c’est assez manichéen et les personnages n’ont pas beaucoup d’épaisseur. Mais ça reste une lecture agréable et rondement menée.

Haviland Tuf de George R.R. Martin

Haviland Tuf de George R.R. Martin

Par un exceptionnel concours de circonstances, Haviland Tuf, honnête négociant interstellaire sans grande envergure, se retrouve en possession d’un vaisseau de plusieurs kilomètres de long.
Jadis conçu pour être une arme mortelle, le navire abrite le secret d’une science aujourd’hui perdue, capable de cloner des milliers d’espèces végétales et animales disparues. Le potentiel commercial et militaire est énorme ! Pas question, pour les associés véreux de Tuf, de lui laisser une telle mine d’or entre les mains. Mais derrière ses apparences placides, le vieux bonhomme a plus d’un tour dans son sac…

J’ai beaucoup apprécié ma lecture ! L’auteur construit, à travers ces différentes histoires, un personnage et des intrigues bien pensées. Le point fort du livre est assurément le personnage de Haviland Tuf, excentrique marchand-ingénieur écologue au langage désuet mais aux dialogues toujours taillés à la serpe. Mêlant bonhomie et roublardise, deux qualités que l’on voit rarement, il se joue des interlocuteurs qui le sous-estiment avec humour et subtilité. En tant qu’ingénieur écologue, le roman utilise son statut pour nous présenter les travers de différentes planètes, qui exploitent la nature à ses propres fins, quitte à scier la branche sur laquelle les peuples s’assoient. La faiblesse que j’ai pu y trouver est que l’univers est finalement assez peu creusé, se concentrant sur quelques planètes sans qu’on en sache plus sur l’histoire ou les liens entre les différents peuples.

Sky in the deep d’Adrienne Young

Sky in the deep d'Adrienne Young

Raised to be a warrior, seventeen-year-old Eelyn fights alongside her Aska clansmen in an ancient rivalry against the Riki clan. Her life is brutal but simple: fight and survive. Until the day she sees the impossible on the battlefield—her brother, fighting with the enemy—the brother she watched die five years ago.
Faced with her brother’s betrayal, she must survive the winter in the mountains with the Riki, in a village where every neighbor is an enemy, every battle scar possibly one she delivered. But when the Riki village is raided by a ruthless clan thought to be a legend, Eelyn is even more desperate to get back to her beloved family.
She is given no choice but to trust Fiske, her brother’s friend, who sees her as a threat. They must do the impossible: unite the clans to fight together, or risk being slaughtered one by one. Driven by a love for her clan and her growing love for Fiske, Eelyn must confront her own definition of loyalty and family while daring to put her faith in the people she’s spent her life hating.

L’autrice parvient cependant à insuffler une atmosphères particulière, car la culture viking est rarement mise en avant dans la littérature SFFF. Mais le roman montre très vite ses faiblesses : hormis le début et la fin, le reste est un ventre mou qui manque de rythme. Les personnages comme l’histoire sont prévisible et ne réalisent pas le potentiel du roman, la faute à la présence des clichés habituels des lectures classées dans la catégorie Young Adult. Vous l’aurez compris, ce n’est pas une lecture franchement mémorable.

Les meurtres de Molly Southbourne de Tade Thompson

Les meurtres de Molly Southbourne de Tade Thompson

Molly est frappée par la pire des malédictions. Aussi les règles sont-elles simples, et ses parents les lui assènent depuis son plus jeune âge. Si tu vois une fille qui te ressemble, cours et bas-toi. Ne saigne pas. Si tu saignes, une compresse, le feu, du détergent. Si tu trouves un trou, va chercher tes parents. Molly se les récite souvent. Quand elle s’ennuie, elle se surprend à les répéter sans l’avoir voulu… Et si elle ignore d’où lui vient cette terrible affliction, elle n’en connaît en revanche que trop le prix. Celui du sang.

Difficile à dire où réside tout le sel de ce qui fait de ce roman une très bonne lecture. C’est un ensemble d’éléments composites bien dosés. Dans un premier temps, le sujet est remarquablement traité en proposant un récit où se mêle horreur, violence et quête d’identité. L’écriture est froide, clinique, mais porte avec efficacité une histoire prenante et fourmillante de références philosophiques, littéraires et médicales. La violence et le gore sont également très présents, mais tournés très habilement pour poser une ambiance malsaine, entêtante. S’il y avait un bémol, ce serait sûrement la fin, un peu évasive et rapide. Mais l’auteur a d’autres romans dans le même univers dans sa manche.

Les illusions de Sav-Loar de Manon Fargetton

Dans le royaume d’Ombre, les femmes qui possèdent le don sont persécutées par le Clos, ordre religieux patriarcal qui voit en elles une menace. C’est dans la cité devenue légendaire de Sav-Loar, protégée par une série de sorts et d’illusions au cœur de la forêt des Songes, que se réfugient ces femmes depuis des décennies. Lorsqu’à l’adolescence, Bleue découvre ses puissants pouvoirs, elle s’allie à un groupe d’esclaves pourchassés par des hommes du Clos pour rejoindre la ville des magiciennes bannies. Au cours de ce périple dangereux, elle croisera Fèl, une beauté manipulatrice et éprise de liberté, et Til’Enarion, un redoutable membre du Clos qui traque les jeunes magiciennes pour les éliminer… Les prémices d’une guerre impitoyable se profilent entre les magiciennes et le Clos. De quel côté se rangeront Bleue, Fèl, Til’Enarion et leurs compagnons dans ce conflit ? Un mythe pourra-t-il renverser l’ordre établi ?
Leur seul espoir : rejoindre Sav-Loar, la ville des magiciennes, dissimulée au cœur du royaume d’Ombre !

Les Illusions de Sav-Loar est un coup de cœur en cette fin d’année ! C’est une réussite à de nombreux niveaux : l’histoire est très bien rythmée, c’est admirable à suivre et véritablement addictif. Les personnages sont variés et creusés, tout en nuance, avec un grand soin. Des personnages comme Bleue, Fèl ou Luernios sont inoubliables. L’univers est captivant et comporte beaucoup d’enjeux. L’ensemble n’est pas manichéen mais propose au contraire des messages et des convictions tout en nuance malgré une thématique assez risquée.

Ces hommes qui m’expliquent la vie de Rebecca Solnit

Ces hommes qui m'expliquent la vie de Rebecca Solnit

Pourquoi les hommes se sentent-ils obligés d’expliquer aux femmes ce qu’elles savent déjà ? D’où vient leur certitude de savoir mieux qu’elles ce qu’elles doivent penser, ou faire ?
Peut-être de l’Histoire, qui a constamment relégué les voix des femmes au silence.
Dans ce recueil d’essais où la colère le dispute à l’intelligence et à l’humour, Rebecca Solnit explore une nouvelle façon de penser le féminisme. Et fournit des armes pour les luttes à venir.

Je ressors de ce court essai malheureusement assez mitigée. Si le sujet ne manque pas d’intérêt, j’ai malheureusement trouvé que l’ensemble manquait un peu de profondeur. La faute au format, qui nous présente une suite d’articles assez courts se fondant principalement sur les réflexions de l’autrice. On apprend tout de même des éléments étonnants ou révoltants, comme le mariage dramatique d’Edna O’Brien, ce qui rend l’ensemble agréable à lire grâce à l’esprit et l’humour de Rebecca Solnit. J’ai cependant trouvé qu’il y avait énormément de Not all men, ce qui m’a sorti de ma lecture et m’a rappelé à quel point il faut prendre des pincettes même quand on parle de viols ou de violences systémiques de peur de passer pour d’affreuses misandres. Mais je pense que ce court récit est bien adapté aux personnes qui connaissent peu les mécanismes de la domination masculine ou souhaitent avoir une courte introduction aux problématiques du féminisme moderne.

Quelle est votre meilleure lecture du mois ?

Catégories : Points lectures

5 commentaires

Lutin82 · 2 janvier 2022 à 20 h 13 min

Je suis d’accord avec toi sur le fin des Meurtres de Molly,
Un joli mois de décembre.

    La Geekosophe · 3 janvier 2022 à 15 h 52 min

    Alalalah, heureusement que l’auteur a prévu d’autres livres 😉

      Lutin82 · 3 janvier 2022 à 18 h 29 min

      Oui, la fin sera moins abrupte après leur lecture.

Shaya · 4 janvier 2022 à 22 h 50 min

Heureusement que la lecture a été là pour ce mois de décembre en tout cas 😉 Pour Ces hommes qui m’expliquent la vie, merci pour ce retour. Comme tu dis, vu le format ce n’est pas surprenant, mais la thématique est clairement intéressante.

    La Geekosophe · 6 janvier 2022 à 22 h 54 min

    Je suis peut-être un peu sévère avec cet essai, mais ceci dit il vaut quand même le coup d’oeil 😉

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