Il y avait très longtemps que je voulais lire « L’incivilité des fantômes » de Rivers Solomon. L’histoire me semblait passionnante. j’ai également lu beaucoup de choses très positives sur ce roman. Lors des dernières imaginales, j’ai entendu l’auteurice parler de son œuvre et de son approche et j’avais vraiment hâte de lire l’un de ses roman.

Ce livre entre dans le Summer Star Wars.

Summer Star Wars

Synopsis de l’incivilité des fantômes

Aster est une jeune femme que son caractère bien trempé expose à l’hostilité des autres. Son monde est dur et cruel. Pourtant, elle se bat, existe, et aide autant qu’elle le peut, avec son intelligence peu commune, ceux et celles qu’elle peut aider. Mais un jour, un type la prend en grippe. Et Aster comprend qu’elle ne peut plus raser les murs, et qu’il lui faut se tenir grande. Sa rébellion est d’autant plus spectaculaire qu’elle est noire, dans un vaisseau spatial qui emmène les derniers survivants de l’humanité vers un éventuel Eden, un vaisseau où les riches blancs ont réduit en esclavage les personnes de couleur. Un premier roman qui prend pour prétexte la science-fiction pour inventer un microcosme de l’Amérique, et de tous les maux qui la hantent, tels des fantômes.

Un récit audacieux et puissant

Quand les systèmes historiques se reproduisent

Rivers Solomon place son histoire dans le futur. L’humanité a dû quitter la Terre mourante à bord d’un énorme vaisseau spatial, le Matilda. Déboussolée, il n’y a apparemment pas fallu beaucoup de temps pour qu’une partie de la population prenne le pouvoir. Les riches blancs vivent richement dans les hauts-ponts, pendant que les autres sont exploités dans les ponts agricoles. Vivant dans des conditions difficiles, ils sont violentés par les gardes et méprisés par une bonne partie de la population. On retrouve les mécanismes de la domination qui a été connue pendant l’esclavage : les noirs sont considérés comme inférieurs aussi bien pour des raisons biologiques que religieuses, infantilisés ou déshumanisés. Il y a même quelque chose d’encore plus cruel dans le fait que l’histoire ait lieu en huis-clos, sans échappatoire apparente.

Matilda est le nom du dernier navire qui a traversé l’océan avec des esclaves. Le vaisseau spatial donne une impression paradoxale d’immobilisme. On a l’impression que les passagers du Matilda sont coincés dans un système sans espoir de s’en sortir. Les bas-pontiens sont surveillés en continu et ne peuvent pas changer de Pont sans autorisation. Ils sont dans un vaisseau qui erre dans l’espace sans réelle destination, qui a lui-même des problèmes techniques. A l’intérieur, les populations commencent à se rebeller, d’autant plus lorsqu’un changement de pouvoir aggrave la situation de manière incontrôlable. Cet aspect peut donner à l’histoire un parfum de fable, d’autant plus que beaucoup de contes populaires sont aussi racontés dans le roman. Mais toujours des contes cruels.

Des personnages divers dans une société violente et normée

Le roman propose un univers dans lequel les hommes blancs ont tout le pouvoir. L’incivilité des fantômes met en scène un ensemble de personnages qui n’appartiennent pas aux classes supérieures. Beaucoup d’entre eux ont des identité fluides ou alternatives. C’est le cas du personnage principal, Aster, identifié par la société comme une femme mais dont le comportement est beaucoup plus fluide, physiquement comme mentalement. Elle a également des troubles autistiques, qui sont souvent motifs aux moqueries. J’ai beaucoup apprécié son caractère loyal envers ses proches et rebelle envers l’autorité, mais aussi sa vision très pratique des choses. Theo, l’autre personnage principal, vit sur les hauts ponts mais ses manières peu viriles lui font également subir des injures, bien que son statut privilégié lui épargne les pires traitements.

Tous les autres personnages diffèrent de la norme d’une façon ou une autre, qu’ils soient gays, aromantiques, asexuels ou simplement atteint de troubles mentaux. C’est une vision très intersectionnelle qui est proposée. La société du Matilda est profondément divisée par une idée de ce qui est correct et tient de la loi, et de ce qui ne l’est pas. Et beaucoup de choses ne le sont pas. Outre l’esclavage, les femmes ont également peu de pouvoir. En effet, l’essentialisme est très présent. Cela aboutit à une violence très dure de la part des autorités : viols, torture… Rivers Solomon ne mâche pas ses mots pour décrire un monde profondément blessé.

L’incivilité des fantômes est une œuvre marquante qui secoue la SFFF moderne

J’ai beaucoup aimé ce roman, bien qu’il soit très dur et sombre. Le récit construit une société très clivante, mais son originalité est d’être mise en scène dans un environnement anxiogène. La population du Matilda est coincée dans un système politique violent et discriminatoire. Solomon Rivers décrit un monde en huis-clos, violent et désespéré. Les personnages principaux n’appartiennent pas à la norme dominante, car noirs, neurodivergents ou non hétérosexuels. L’histoire est ponctuée d’événements traumatiques, les scènes sont dures mais permettent de saisir la portée du danger que vivent les personnages.

Note : 17/20

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Catégories : Chroniques

3 commentaires

Shaya · 4 septembre 2022 à 16 h 23 min

Oui c’est clair que c’est un roman particulièrement dur, mais savoureux aussi.

    La Geekosophe · 10 septembre 2022 à 11 h 04 min

    Je l’ai trouvé très original et immersif globalement 😀

L’incivilité des fantômes, Rivers Solomon | L'Imaginaerum de Symphonie · 2 août 2023 à 11 h 56 min

[…] La Geekosophe […]

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