Octavia Butler est une autrice dont j’apprécie beaucoup le travail. C’est pour moi l’un des plus grands auteurs de SF, j’étais donc ravie de voir se publier une saga inconnue en France. Merci aux éditions du diable vauvert. L’aube, premier tome de Xenogenesis, aborde toutes les thématiques que j’aime. Alors qu’en ai-je pensé ?

Synopsis de L’aube

La Terre a été dévastée par une guerre nucléaire. Les humains ont été sauvés par un peuple extraterrestre, les Oankali, qui les ont emmenés dans leur vaisseau spatial. Parmi les survivants se trouve Lilith Lyapo, endormie depuis plusieurs siècles et qui se réveille à peine. Les Oankali acceptent de faire revenir les humains sur Terre à condition qu’ils conçoivent un enfant hybride.

Un chef-d’œuvre de la science-fiction

L’humanité au bord de la destruction

Nous suivons Lilith, une femme qui se réveille d’un long sommeil. Elle découvre que l’espèce est en voie de disparition. Les rares survivants ont été récupérés par les Oankalis, des extra-terrestres prêts à donner une seconde chance aux humains. Mais sont-ils aussi désintéressés que cela ? Au contraire, ils sont fascinés par le génôme humain et souhaitent se mélanger en créant des enfants hybrides. Autant vous dire que cela fait beaucoup d’informations à intégrer pour Lilith malgré ses remarquables capacités d’empathie et d’adaptation. Car la première réaction en rencontrant ces êtres à tentacules est souvent l’horreur et le rejet face à altérité perçue comme monstrueuse. Difficile acceptation, il n’y a d’autre choix que la cohabitation. Une fois de plus complexe, car le caractère faussement affable des Oankalis n’invite pas à la confiance. Lilith se sent prisonnière et manipulée, mais d’une manière presque douce, ce qui rend le récit très ambigu par moments.

Elle finit cependant par être autorisée à libérer quelques autres survivants. Elle a beau les trier sur le volet, c’est une situation intenable pour certains d’entre eux. Octavia Butler ne met pas en scène une vision reluisante de l’humanité. La plupart des survivants sont violents, le premier réflexe de certains hommes est de violer les femmes. L’autrice met en opposition la brutalité inhérence de la nature humaine à celle plus douce, mais dominante, des oankalis. C’est d’autant plus renforcé que l’humanité s’est autodétruite dans une guerre nucléaire, bien que ce ne soit pas le cœur du roman. Très vite, le groupe humain connaît des scissions, tente de se retourner contre Lilith, contre les oankalis, alors mème que les chances de survie sont quasi nulles. Ce premier tome pose la question : les humains seront-ils à la hauteur ? L’humanité vaut-elle la peine d’être préservée ?

Un récit d’une grande sensibilité sur l’altérité

Ce livre ne plaira sans doute pas à tout le monde. Il nous plonge dans la psyché de Lilith avec une grande acuité. Ce n’est pas un roman axé sur l’action, contrairement à beaucoup de récits qui mettent en scène des extra-terrestres. Du début à la fin, il est difficile de déterminer avec certitude comment considérer les Oankalis, une incertitude partagée également par Lilith. Leur nature révèle une sorte de froideur clinique, empreinte d’une forte dose d’analyse. Paradoxalement, il est pourtant aisé de s’attacher à eux, de souscrire à leurs nobles intentions, ce qui engendre une tension interne et un certain malaise. Ce malaise est très bien décrit par l’écriture précise de l’autrice, qui prend du temps pour décrire comment son personnage se sent dans cet univers singulier.

Lilith est immergée dans le quotidien d’une famille Oankali. Ils forment des familles de trois personnes : un couple composé d’un mâle et d’une femelle, ainsi qu’un ooloi, être sans genre ni sexe mais dont le rôle est de mélanger les gènes pour faire naître de nouveaux individus. Partagée entre dégoût et fascination, Lilith est celle qui comprend le mieux les extraterrestres, ce qui l’éloigne des humains. Elle est désignée comme une sorte de commandante, mais comment être à la tête d’une troupe qui vous considère comme une traître à l’humanité ? L’autrice tisse une histoire complexe autour de la figure centrale hautement symbolique de LIlith, celle qui sauve et en même temps sonne le glas des humains.

L’aube est ma meilleure lecture de cette année (jusqu’ici)

Un roman rare, d’une grande sensibilité et d’une grande finesse. Octavia Butler aborde la thématique de l’altérité et de la survie de l’humanité à travers l’histoire de Lilith. Lilith est une figure forte, partagée entre la méfiance et son empathie pour les oankalis, une race bienveillante mais ambiguë, constamment dans une forme de manipulation, de domination, douce. Le personnage principal est désigné comme le chef, mais sa position révèle vite les affres de l’humanité, profondément violente, posant la question de la nécessité de la conserver comme elle est.

Note : 19/20

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Le roman entre dans le Summer Star Wars.

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Catégories : Chroniques

4 commentaires

Lectures du Panda · 30 août 2023 à 19 h 34 min

Ca a l’air passionnant ! Je vais voir si je me le trouve pas en VO a la librairie, je crois en avoir vu de l’autrice mais j’ai pas fait attention aux titres

    La Geekosophe · 31 août 2023 à 0 h 52 min

    Oh j’espère que tu vas le trouver ! Sinon Kindred est son chef-d’oeuvre absolu, mais je ne l’ai pas encore lu 😀

Shaya · 9 septembre 2023 à 18 h 05 min

C’est un roman absolument génial. Je suis toujours surprise de voir comme chacun réagit différemment, pour ma part ce côté « domination douce » des Oankalis m’a mise hors de moi une bonne partie du roman.

    La Geekosophe · 12 septembre 2023 à 0 h 04 min

    Octavia Butler est en passe de devenir une de mes autrices favorites de SF !

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